Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


samedi 27 mars 2021

 

On n’a pas le cul sorti des ronces !

 

La situation n’est pas révolutionnaire. Nous sommes toujours dans la phase de régression due au néolibéralisme qui, après le durcissement des luttes sociales, prend désormais une forme plus conservatrice et autoritaire. A propos de la répression contre les Gilets jaunes et les migrants près de Dunkerque, on peut même parler de terreur d’Etat pour dissuader les manifestants et vis-à-vis des exilés.

 

Après la crise de 2007-2008, celle de l’euro, rien de fondamental n’a changé. Après le renflouement des banques par endettement de l’Etat, la finance n’a guère été régulée, les paradis fiscaux demeurent, la fuite en avant s’et même accentuée avec la macronie ; les tentatives de destruction du droit du travail, du système de retraite, d’indemnisation du chômage se sont toutefois heurtées à de fortes mobilisations sociales. Les privatisations, le laminage des services publics, se sont poursuivis, tout comme l’austérité budgétaire. Si la combinaison de l’irruption des Gilets Jaunes sur la scène publique et la survenue de l’épidémie Covid 19 ont bloqué l’agenda néolibéral, il reste toujours une priorité pour les classes dominantes. Le pouvoir n’attend que l’opportunité de le remettre à l’ordre du jour et ce, au moyen de méthodes encore plus répressives ; l’arsenal législatif et policier s’est renforcé depuis les attentats terroristes : état d’urgence passé dans le droit commun, lois liberticides votées et avec celle sur le « séparatisme » dit « républicain », construction d’un ennemi de l’intérieur : l’islamo-gauchisme dont l’analogie avec le judéo-bolchévisme d’antan fait resurgir l’ombre des années noires. En fait, il s’agit, pour le pouvoir, d’éviter la jonction qui a commencé de s’opérer entre les classes populaires « blanches » y compris les étudiants et celles des quartiers populaires et des exilés sans-papiers.

 

Toutefois, la tentative d’imposer une police de la pensée à l’université, de stigmatiser la recherche en sciences sociales, a provoqué une telle indignation qu’il est possible qu’elle soit vouée à être remisée au placard. Elle démontre, en tout cas, la fébrilité du pouvoir face à la montée de la contestation qui pourrait surgir dès que l’épidémie sera contenue. Pour l’heure, les macroniens distillent la peur, parient sur l’apathie, la division entretenue, le fatalisme qu’ils tentent de répandre en laissant penser qu’il n’y aurait aucune issue positive au cercle de fer dans lequel il entend nous enfermer. C’est ce qu’il veut démontrer à l’occasion de la prochaine présidentielle et, le terreau électoral lui semble propice.

 

Les partis traditionnels de droite et de « gauche » sont en effet discrédités par les politiques néolibérales qu’ils ont menées. Aucun de leurs leaders n’est en capacité de recueillir un nombre conséquent de suffrages. La statocratie, déjà prégnante depuis des années dans les choix opérés, s’est imposée, avec l’ex-banquier de chez Rothschild et sa cohorte de hauts fonctionnaires issus de l’ENA. Le petit roi de la monarchie républicaine est nu, le voile de la démocratie invoquée est largement déchiré. Sa suite de marcheurs, de gauche et de droite, hétéroclites, issus des classes moyennes supérieures, sans baronnies, risquent demain d’être de tristes paladins en déshérence. Le monarque est en effet résolu à pécher d’autres recrues en eaux troubles. Darmanin est déjà à la manœuvre pour séduire le marais le plus droitier en prétendant que Le Pen n’est pas assez dure avec les « musulmans » et les migrants… Certes, pour couvrir cette dérive fascistoïde, des palabres rassurantes de concertation-bidon et de démocratie participative seront dispensées, notamment en direction des classes moyennes, pour verdir le gris du kaki du petit napoléon, prétendant de nouveau au poste suprême. Il entend rejouer la scène de 2017, lui seul face à l’épouvantail Le Pen, en lui empruntant nombre de ses frasques. Pas idiote, Le Pen se fait cohabitable après s’être dédiabolisée. Elle s’est même convertie à l’Europe libérale et ne conteste plus l’euro. Certes, Macron peut compter sur la division de la kyrielle de prétendants face à lui  au 1er tour du manège présidentialiste et sur l’abstention de nombre de « procureurs » réfractaires, insensibles à la comédie de démocrature proposée. En l’état, un seul adversaire peut troubler le jeu : Mélenchon et le nouveau parti social-démocrate antilibéral et antimonarchiste. Certes, son programme n’est même pas à la hauteur du feu programme commun de 1981. Mais ?

 

En tout état de cause, tout va être entrepris par les classes dominantes et les médias pour glapir à qui mieux mieux contre cet « irresponsable islamo-gauchiste ». Pour Macron et sa bande, 20 % de suffrages exprimés pourraient lui suffire si Mélenchon reste à la niche avec 10 à 15 %. Reste que ses propositions se diffuseront, montrant qu’une autre voie (étroite !) est possible face à l’impasse du Macron compatible avec les idées d’extrême droite… Dans quel climat social ? Telle est la question. La peur, l’atonie, le dégoût des joutes électoralistes sans effet immédiat, les sentiments xénophobes… peuvent entretenir le pourrissement de la situation.

 

En faisant abstraction d’un mouvement social d’ampleur, avant les présidentielles, on peut imaginer plusieurs scénarii.

a)    Le Pen l’emporte sur Macron avec un fort taux d’abstention. Les législatives qui suivent ne lui donnent pas une majorité de députés acquis à sa cause. La cohabitation s’installe entre lepénistes et droite-extrémistes. L’arsenal législatif et répressif permet d’instaurer une démocrature renforcée avec arrestations de nombre de contestataires et d’opposants, surtout dans l’hypothèse de résistances éparpillées…

b)   Macron l’emporte, le néo-management des forces les plus droitières s’imposeront également. A l’issue des législatives, les macroniens pourraient bien être (plus ou moins) laminés. Droite classique et droite-extrême négocieront pied à pied leur entrée au gouvernement. Cette cohabitation new-look serait la plus favorable aux classes dominantes prétendant poursuivre l’agenda néolibéral au forceps, tout en préservant le carcan européen, comme d’ailleurs dans l’hypothèse précédente, mais sans être l’objet de condamnations moralistes.     

c)    Mélenchon l’emporte, les législatives qui suivent ne lui permettent pas d’obtenir un gouvernement homogène pour mettre en œuvre son programme, la composition du Sénat reste en outre un autre obstacle de taille… Peut-il avoir le courage de dissoudre l’Assemblée, de provoquer une Constituante… Les marchés financiers, la Commission européenne seront à la manoeuvre pour balayer au plus vite cette expérience : « Il n’y a pas de démocratie possible en dehors des traités européens contraignants » (Wolfgang Schaüble).

 

Cet examen (trop) rapide de scénarii électoraux implique l’absence du jeu des acteurs sociaux. Or, la période précédant l’épidémie de Covid tend à prouver que les acteurs sociaux ne resteront pas l’arme au pied, malgré la pression qui s’exercera en faveur d’une trêve sociale. Cette supposition se heurte toutefois aux conséquences structurelles de la mondialisation et des politiques d’austérité menées depuis plusieurs années.

 

Sous l’effet des délocalisations, des externalisations, de la désindustrialisation, la classe ouvrière est largement déstructurée : CDD, intérim, chômage, l’ont réduite et atomisée. Certes, des résistances combattives se sont produites mais elles sont, pour l’essentiel, restées défensives tant sur la question des licenciements que sur les contre-réformes du droit du travail, des retraites, de l’indemnisation-chômage, sur les privatisations, voire les restrictions des libertés publiques. Quand elles n’accompagnent pas les régressions néolibérales (CFDT, CFTC…), les directions syndicales ne conduisent les mouvements sociaux qu’à protester (de République à Nation et vice-versa). Les mobilisations contenues, pas assez massives, ont toutefois conduit les gouvernements successifs à adopter la tactique du salami, la découpe tranche par tranche de la résistance ouvrière et populaire. Le retard pris dans la mise en œuvre de l’agenda néolibéral a conduit le chargé d’affaires de la grande bourgeoisie, Macron, à l’intransigeance répressive. Mal lui en prit. Le surgissement des Gilets Jaunes, leur impétuosité, l’ont amené à ravaler sa morgue vis-à-vis des « Gaulois réfractaires ».

 

Dans la même période, la logique de la globalisation avait fait sentir ses effets délétères : crise de 2007-2008, crise de l’euro, échec de l’expérience sociale-démocrate grecque et retour de la droite extrême, prise de conscience de la nature du capitalisme y compris sur l’écosystème désormais en péril, accroissement des inégalités, stagnation de l’économie réelle et gonflement des profits financiers, appauvrissement dramatique des étudiants, une partie de la jeunesse déglinguée sans repères, menaces toujours présentes d’attentats djihadistes… Peur tétanisante et révoltes semblent se conjuguer comme pour mieux se neutraliser. Le pouvoir peut compter sur la xénophobie et le racisme qu’il distille, n’hésitant plus à reprendre à son compte les propos lepénistes. Classes moyennes et retraités angoissés, syndicats crypto-fascistes dans la police, sont autant de ressources pour maintenir la démocrature qui s’est installée.

 

Toutefois, la gestion catastrophique et chaotique de la crise sanitaire, la droitisation du gouvernement Macron, voient s’effilocher les rangs des Macron-compatibles parmi les socialo-centristes et la droite centriste.

 

Qui plus est, ce qui peut perturber les spéculations électorales ci-dessus, c’est bien le surgissement sur la scène présidentielle des mouvements sociaux. Ce que l’on peut espérer c’est qu’ils défilent par vagues successives tout en se conjuguant. L’esquisse d’une telle radicalisation est en germe. Dans la dernière séquence, avant le confinement Covid (et même pendant) les rangs des protestations dans les défilés se sont garnis d’étudiants, d’avocats, de journalistes, d’écolos (Extinction Rébellion), et surtout de populations issues des quartiers populaires et des migrants sans-papiers, entraînés en grande partie par le Comité Adama. Les convergences des luttes contre toutes les oppressions et dominations pourraient se réaliser. Le fond de l’air pourrait devenir rouge et vert de rage contre le système capitaliste débridé, à condition toutefois que les corporatismes et les logiques d’appareil cèdent face à la compréhension que la large alliance à opérer nécessite de prendre en compte toutes les oppressions : exploitation, précarisation, paupérisation, sexisme, racisme. Faire caler (même en partie) le pouvoir de l’oligarchie nécessitera néanmoins le dépassement des manifestations de rues ou de ronds-points : grèves avec occupation des lieux de travail, débat sur la reconversion-restructuration de l’économie au service des besoins du pays. Dans l’hypothèse d’une « victoire » de Mélenchon au 2ème tour des présidentielles, il faudra que cet hypothétique mouvement persiste à pousser les Insoumis à rompre avec les traités européens, avec l’euro, avec l’UE, à socialiser pour le moins les banques et les grandes entreprises. On peut rêver mais l’avancée réelle, quelle qu’elle soit, dépendra de l’entrée en masse de la jeunesse étudiante et populaire dans la lutte.

 

Toutefois, force est de constater qu’il n’existe pas véritablement de parti et d’organisations révolutionnaires (pour le moment), à la hauteur des enjeux de la période, celle d’une rupture franche avec le système capitaliste. Il y a encore trop de chapelles, de tendances engoncées dans leurs particularités. Peuvent-elles dépasser leurs divisions parfois purement passéistes ? Un premier débat s’est apparemment instauré, à l’initiative du NPA avec Lutte Ouvrière, le comité Adama, Extinction Rébellion, la France Insoumise et des syndicalistes… Il peut être prometteur pour autant que les luttes sociales et écologiques poussent en ce sens. Ce qui serait décisif, en effet, c’est le surgissement d’une contestation massive se traduisant par des débats dans tout le pays, créant par elle-même de nouvelles « institutions » durables, en situation de se fédérer, posant ainsi la question du pouvoir populaire à instaurer. Cette démocratie en actes, susceptible de former une nouvelle hégémonie,  devra s’imposer dans l’adversité de points de vue contradictoires,  en se focalisant sur la question cruciale Que faire ? dans le moment présent, pour affaiblir, diviser l’oligarchie régnante. Les débats intenses dans une séquence de tension doivent trouver leur terrain de résolution tout en préservant le ou les minorités (qui peuvent avoir raison) et en s’acharnant à trouver le juste équilibre entre fortes individualités et le collectif. L’émancipation est à ce prix, celui de la démocratie vivante qui dépasse les antagonismes. A défaut, une défaite de ce mouvement serait lourde de conséquences régressives…

 

Evoquer les contradictions internes à la formation sociale française ne peut faire l’impasse sur l’évolution de la situation internationale. Elle pourrait avoir une incidence non négligeable sur la situation en France. Il suffit, pour conclure, d’évoquer d’une part, les vagues de mobilisations dans nombre de pays, la fracturation en cours de l’Union européenne, la survenue de la prochaine crise financière et économique marquée cette fois par la récession, la détérioration encore plus prononcée de la planète et d’autre part, les répressions, la montée du nationalisme xénophobe et raciste, l’extension de guerres impériales.

 

Bref, à la croisée des chemins, nous sommes entre rêves et cauchemars, entre éco-socialisme libérateur de toutes les oppressions et barbarie capitaliste.

 

Gérard Deneux, le 2 mars 2021 

 

Une place pour Goasguen

Bientôt, les Parisiens auront le plaisir de flâner place Claude-Goasguen, du nom de ce député et ancien ministre. Grâce au vote d’Anne Hidalgo et de certains élus PCF, la mairie rendra hommage à cette figure de la droite, partisan de l’Algérie française, ancien dirigeant de la Corpo d’Assas, syndicat d’extrême droite, opposant au Pacs et au mariage pour tous…

Une place inaugurée dans le quartier de la Muette : ça ne s’invente pas !

Politis 18/24 mars 2021

 

 

Croizat éternels regrets

Il faut renflouer la sécurité sociale.

Qui siphonner ? Obsédante question virale !

Amputer les pensions des plus gâtés : bronca

Négliger les aides au foyer : corrida

 

Amish ?

Le pognon de dingue se trouve dans les pognes

Du patronat. ISF et redressement,

Sanctions pour pilleurs de ressources et charognes

Qui empoisonnent avec leurs déversements.

 

Colette Vallet, Besançon septembre 2020

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