Nous avons lu…
L’enfer
numérique
Voyage au
bout d’un like
Le 2 octobre 1971, l’humanité est soudainement
projetée dans l’ère de l’immédiateté : le premier e-mail est envoyé sur
Arpanet. Aujourd’hui, tout s’échange à la vitesse de la lumière ou presque.
Après les routes pavées de l’Antiquité et les chemins ferrés de l’ère
industrielle, quels chemins prennent nos actions numériques quotidiennes ?
Que se passe-t-il lorsque nous envoyons un e-mail ou un Like ? Quelle est la géographie de ces milliards de clics ?
Quels défis écologiques et géopolitiques charrient-ils à notre insu ?
L’auteur a suivi sur 4 continents la route de nos e-mails… Il nous mène dans
les steppes de la Chine septentrionale à la recherche d’un métal qui fait
fonctionner nos smartphones, dans les vastes plaines du cercle arctique où
refroidissent nos comptes Facebook, dans l’un des Etats les plus arides des
USA, pour enquêter sur la consommation d’eau de l’un des plus grands centres de
données de la planète, celui de la National Security Agency (NSA). Une dizaine
de pays visités plus tard, il affirme : la pollution digitale est colossale,
d’abord due aux milliards d’interfaces (tablettes, ordinateurs, smartphones)
nos portes d’entrée sur Internet. Elle provient des données produites,
transportées, stockées, traitées dans de vastes infrastructures consommatrices
d’énergie. L’industrie numérique mondiale consomme tant d’eau, de matériaux et
d’énergie, que son empreinte est le triple de celle de la France. Ces
technologies mobilisent 10 % de l’électricité produite dans le monde et
rejetteraient près de 4 % des émissions de CO2, le double du secteur civil
aérien mondial. La pollution digitale sera l’un des grands défis des 30
prochaines années. L’auteur interpelle la Génération
climat : que ferez-vous des fabuleux pouvoirs dont vous serez les
dépositaires ? Saurez-vous dompter l’hubris que ces technologies excitent
en vous ou serez-vous tels des Icare, consumés par les radiations de ce soleil
synthétique ? Les technologies digitales sont porteuses de progrès pour
l’humanité mais « ne soyons pas
candides au moment de nous engager dans la mère des batailles de ce
siècle : le numérique tel qu’il se déploie sous nos yeux ne s’est pas mis
au service de la planète et du climat ». L’auteur révèle la face
sombre d’une industrie qui ne veut pas prendre la lumière et met au jour cette
évidence : envoyer un e-mail ou un Like charrie de vertigineux défis
jusqu’alors soustraits à nos sens.
C’est imagé, voire poétique, écrit pour que l’on
comprenne et on comprend. OM
Guillaume
Pitron, Les liens qui libèrent, sept. 2021, 21€