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Une brève
histoire mondiale de la gauche
Pour l’auteur qui fait oeuvre de pédagogie en
revisitant toute l’histoire des gauches, l’effacement de « l’imaginaire de
l’égalité » l’amène à nous faire partager sa vision pessimiste. Avec la
mondialisation et ses délocalisations industrielles, « le véritable
prolétariat a déménagé en Asie » et avec lui, l’utopie dont il était
porteur. C’est celle-ci que l’on revisite, des Jacobins de l’égalité à la
conjuration des Egaux, aux mouvements qui ont marqué le printemps des peuples
(1848) et aux théories des penseurs socialistes de Bakounine à Lénine en
passant par Marx et Engels. Le brouillage de l’esprit d’émancipation s’est
produit lors de la confrontation coloniale, de la montée du fascisme suite à la
1ère guerre mondiale et de la crise des années 30. Paradoxalement,
le poids de l’Histoire longue fait resurgir des modalités de domination que
l’on pensait enfouies dans les poubelles de l’Humanité. Ainsi, le droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes s’est heurté à l’emprise grand russe de l’Empire
tsariste faisant retour sous Staline puis Poutine. Le communisme chinois s’est
englué dans le despotisme oriental. L’Etat providence ne fut qu’une parenthèse
dans l’histoire du capitalisme. Aujourd’hui, depuis les mouvements des
Afro-américains jusqu’à mai 68, puis les révoltes des printemps arabes,
l’occupation des places ou encore le mouvement des Gilets jaunes, le
« prolétariat rouillé » d’Occident, les classes salariées, les
peuples, cherchent dans l’obscurité la lumière d’un projet d’émancipation
individuelle et collective. « Un nouveau bloc historique entre classes
sociales est la condition du changement. Pour l’instant, je ne le vois pas.
C’est ce combat qui m’a poussé à écrire ce livre mélancolique ». A s’en
imprégner l’on y trouvera des raisons d’espérer. GD
Shlomo
Sand,
Seuil, 2022, 25€