Les vagues
de l’Humanité démontée
(éditorial de PES n° 85)
Tout
l’été, les médias ont saturé les ondes de la vague des incendies qui ont ravagé nombre de régions françaises. C’était
là, à la fois, diffuser l’anxiété et rassurer les populations sidérées jusqu’à
en oublier les affres de la guerre en Ukraine, la vague de l’inflation des prix et les pénuries qui menacent l’économie
mondiale. Certes, les vagues de
sécheresse précédant celles des trombes d’eau provoquant des inondations
sont autant de phénomènes interdisant d’ignorer ou de nier l’ampleur du
dérèglement climatique. L’assèchement des nappes phréatiques inaugure les
saisons à venir : celles de guerres de l’eau, de conflits d’usage entre
les industries, l’agriculture intensive, les particuliers… Cette vague de chaleur et d’incendies qui a
touché nombre de pays, y compris l’Empire du milieu, a été réduite, pour
l’essentiel, dans les médias, à la couverture hexagonale.
Encore
plus ignorée la vague du dégagisme
qui reprend dans nombre pays du monde. Tout l’été a résonné de manifestations
monstres et de répressions sans que leur son assourdissant ne parvienne aux
oreilles du plus grand nombre. Les printemps arabes, où la vague du dégagisme
s’est brisée sur la férocité des armes et des emprisonnements, se sont clos
provisoirement sur la farce d’un référendum instaurant la dictature
conservatrice de Saïed en Tunisie. Mais déjà avant même les conséquences de la
guerre en Ukraine, de nouvelles vagues de dégagisme se forment. Trop fastidieux
de citer tous les pays touchés, les mois de juillet et d’aout 2022 en sont
remplis. Le cas le plus emblématique est celui du Sri Lanka. Les manifestations
massives contre la pauvreté et les satrapes au pouvoir ont débouché sur
l’investissement du Palais présidentiel. Le dictateur, Rajapaksa, s’est enfui
et puis… faute de prise de pouvoir et d’instances se substituant à la clique
corrompue, les satrapes sont revenus en matant les derniers contestataires. Bref,
la vague s’est brisée sur le mur de l’Etat qui, lui, n’a pas été brisé.
Avec
la vague de famine qui risque de
frapper nombre de pays pauvres, les migrations mortifères vont reprendre :
la Méditerranée n’a pas fini d’être leur cimetière, tout comme la Manche par
laquelle il devient de plus en plus difficile d’accéder au Royaume Uni. Elle se
conjugue déjà avec la vague de
protestations, de grèves qui touchent ce pays. La dégradation du prix de la
force de travail fait flamber une vague
de colère, sans que ne soit mis en cause le système, face au raidissement
de la caste politicienne de droite et de gauche vociférant contre ces
archaïques qui font revivre la lutte des classes pour quelques deniers de plus.
Chez
« nous », ce n’est guère mieux. Malgré la guérilla parlementaire
menée par la NUPES, des miettes ont été octroyées ; elles sont bien loin
de couvrir l’inflation. Macron qui ne revendique plus d’être le maître des
horloges en a été réduit récemment à baiser les mains ensanglantées de
tortionnaires et va-t-en guerre : Al Sissi d’Egypte, MBS d’Arabie
Saoudite, MBZ des Emirats Arabes Unis furent reçus en grande pompe pour
quelques gouttes de pétrole de plus.
Reste
que l’Humanité est bien cette mer démontée, les vagues menant à l’écocide ou celles du nationalisme, du militarisme
conduisent à force de provocations à l’extension guerrière. Biden, le nord-américain,
n’a pas compris que tenter d’arracher les poils de la moustache du tigre
chinois est dangereux pour l’Humanité et ce, au moment même où les USA et
l’Europe sont embarqués dans le conflit avec le pouvoir poutinien.
Pour
paraphraser Marx, « les peuples font
leur propre histoire mais ne savent pas l’Histoire qu’ils font ». Au
vu des affres de la 2ème guerre mondiale et de la transformation de
la République de Weimar en régime nazi, l’on sait que les peuples peuvent faire
leur propre malheur.
GD,
le 25.08.2022