Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


samedi 3 septembre 2022

 

Les vagues de l’Humanité démontée

(éditorial de PES n° 85)

 

Tout l’été, les médias ont saturé les ondes de la vague des incendies qui ont ravagé nombre de régions françaises. C’était là, à la fois, diffuser l’anxiété et rassurer les populations sidérées jusqu’à en oublier les affres de la guerre en Ukraine, la vague de l’inflation des prix et les pénuries qui menacent l’économie mondiale. Certes, les vagues de sécheresse précédant celles des trombes d’eau provoquant des inondations sont autant de phénomènes interdisant d’ignorer ou de nier l’ampleur du dérèglement climatique. L’assèchement des nappes phréatiques inaugure les saisons à venir : celles de guerres de l’eau, de conflits d’usage entre les industries, l’agriculture intensive, les particuliers… Cette vague de chaleur et d’incendies qui a touché nombre de pays, y compris l’Empire du milieu, a été réduite, pour l’essentiel, dans les médias, à la couverture hexagonale.

 

Encore plus ignorée la vague du dégagisme qui reprend dans nombre pays du monde. Tout l’été a résonné de manifestations monstres et de répressions sans que leur son assourdissant ne parvienne aux oreilles du plus grand nombre. Les printemps arabes, où la vague du dégagisme s’est brisée sur la férocité des armes et des emprisonnements, se sont clos provisoirement sur la farce d’un référendum instaurant la dictature conservatrice de Saïed en Tunisie. Mais déjà avant même les conséquences de la guerre en Ukraine, de nouvelles vagues de dégagisme se forment. Trop fastidieux de citer tous les pays touchés, les mois de juillet et d’aout 2022 en sont remplis. Le cas le plus emblématique est celui du Sri Lanka. Les manifestations massives contre la pauvreté et les satrapes au pouvoir ont débouché sur l’investissement du Palais présidentiel. Le dictateur, Rajapaksa, s’est enfui et puis… faute de prise de pouvoir et d’instances se substituant à la clique corrompue, les satrapes sont revenus en matant les derniers contestataires. Bref, la vague s’est brisée sur le mur de l’Etat qui, lui, n’a pas été brisé.

 

Avec la vague de famine qui risque de frapper nombre de pays pauvres, les migrations mortifères vont reprendre : la Méditerranée n’a pas fini d’être leur cimetière, tout comme la Manche par laquelle il devient de plus en plus difficile d’accéder au Royaume Uni. Elle se conjugue déjà avec la vague de protestations, de grèves qui touchent ce pays. La dégradation du prix de la force de travail fait flamber une vague de colère, sans que ne soit mis en cause le système, face au raidissement de la caste politicienne de droite et de gauche vociférant contre ces archaïques qui font revivre la lutte des classes pour quelques deniers de plus.

 

Chez « nous », ce n’est guère mieux. Malgré la guérilla parlementaire menée par la NUPES, des miettes ont été octroyées ; elles sont bien loin de couvrir l’inflation. Macron qui ne revendique plus d’être le maître des horloges en a été réduit récemment à baiser les mains ensanglantées de tortionnaires et va-t-en guerre : Al Sissi d’Egypte, MBS d’Arabie Saoudite, MBZ des Emirats Arabes Unis furent reçus en grande pompe pour quelques gouttes de pétrole de plus.

 

Reste que l’Humanité est bien cette mer démontée, les vagues menant à l’écocide ou celles du nationalisme, du militarisme conduisent à force de provocations à l’extension guerrière. Biden, le nord-américain, n’a pas compris que tenter d’arracher les poils de la moustache du tigre chinois est dangereux pour l’Humanité et ce, au moment même où les USA et l’Europe sont embarqués dans le conflit avec le pouvoir poutinien.

 

Pour paraphraser Marx, « les peuples font leur propre histoire mais ne savent pas l’Histoire qu’ils font ». Au vu des affres de la 2ème guerre mondiale et de la transformation de la République de Weimar en régime nazi, l’on sait que les peuples peuvent faire leur propre malheur.

 

GD, le 25.08.2022