De cette
société là…
On
n’en veut plus… Les vieux dans la misère, les jeunes dans la galère… N’est-ce qu’un slogan ? Certes, le ventre mou
de ceux qui ne sont pas encore atteints par le virus de la régression sociale
évite encore l’embrasement général. Ceux-là sont encore sensibles à la
propagande gouvernementale : la « réforme » des retraites est
juste, responsable, nécessaire… Et lorsque le navire de la bonne
« gouvernance » chaloupe, le grand Mamamouchi convoque en son palais,
en secret, la bande d’éditocrates afin que ces perroquets apprennent bien leur
leçon. Ils sont effarouchés lorsque la révélation de leur convocation en
catimini apparaît au grand jour. Nous sommes libres, disent-ils, de répéter le
jargon présidentiel. Les bouffons du roi ont de ces pudeurs… d’indépendance
maltraitée.
Et
puis… tout doit rester paisible. Deux millions manifestent, protestent… On les
comprend, c’est la démocratie, la manifestation bon enfant, traîne-savates,
bien encadrée, dans l’unité de ne rien bouleverser. Bloquer le pays, faire
grève, vous n’y pensez pas, ce serait prendre la richesse produite en otage,
mettre à genoux le capital. Enfin, cela se dit autrement : prendre en
otages les usagers qui veulent continuer à se faire exploiter même si… ils sont
de tout cœur avec les manifestants et les grévistes.
De
cette société là… Peut-on encore
supporter ces 10 millions de pauvres qui la composent, ces 8 millions qui
dépendent de l’aide alimentaire, ces 1.2 million qui ne parviennent plus à se
chauffer, ces 1.4 million n’ayant pas accès à l’eau potable, ces 300 000
qui dorment dans la rue, ces plus de 1 000 morts au travail par an…
On
n’en veut plus… Mais alors, que
faire du forcené de l’Elysée, cet entêté qui n’entend rien de la colère sociale
prétendant, avec courage, faire subir à ces Français récalcitrants la
régression sociale, nécessaire à l’expansion compétitive du capital. Quoi de
plus normal qu’au sortir de la période covid, les milliardaires se soient
enrichis et que Bernard Arnault, le premier d’entre eux, possède, au bas mot,
autant que 20 millions de Français.
Malgré
cela, les demeurés de la légitimité et de la légalité de pérorer : restons
calmes, laissons les parlementaires voter pour nous entuber… Pas d’obstruction
intempestive. La courbe démographique impose d’allonger les carrières pour
accéder au plus vite au cimetière. C’est désormais pour le plus grand nombre
métro, boulot, tombeau. La légalité du 47.1 ou du 49.3 permet d’aller au plus
vite sans trop de parlottes parlementaires. Quant aux jacasseries trop
virulentes, il suffit de rappeler que force est à la loi… des matraques au
besoin.
On
n’en veut plus… d’autant que tous
les entêtés qui prétendent nous gouverner en obtenant des peuples la
« soumission volontaire » pour continuer à faire leurs affaires, y
compris celles des marchands de canons, prévoient, pour nous, le pire à venir.
Pour eux, 60 % des richesses mondiales captées par les 1 %, ce n’est pas encore
assez ! Pour eux, la « guerre est la continuation de la politique par
d’autres moyens », concurrence, compétition, confrontation… jusqu’à
saccager les sociétés et la planète.
Alors,
si l’on n’en veut plus de cette société-là, va falloir devenir ingouvernable, s’auto-organiser,
défaire les hiérarchies instituées, tout bouleverser… Va falloir mettre de
l’huile dans nos neurones, graisser les rotules de la détermination, faire
naître des comités de quartiers, des comités de grèves… Y est-on prêt ? Pas
sûr…
GD,
le 24.02.2023