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lundi 1 avril 2019


Euratom. Usine à gaz

La Communauté Européenne de l’Energie Atomique, dite EURATOM, a été instituée par un traité signé en 1957 par les six pays membres de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier 5CECA). Sa mission est très claire : promouvoir le développement de l’industrie nucléaire en Europe.

Histoire de l’EURATOM

Institué pour renforcer la recherche, faciliter les investissements, diffuser les connaissances techniques, veiller à l’approvisionnement en minerais et combustibles nucléaires, assurer de larges débouchés à l’industrie nucléaire, EURATOM a, toutefois, dû limiter ses ambitions en raison du caractère sensible du secteur. Ses réalisations se limitent à la construction de 4 centres de recherche en Allemagne à Karlsruhe, en Belgique à Mol, au Pays-Bas à Petten et en Italie à Ispra et 5 centrales nucléaires en Franche à Chooz, en Allemagne à Juliers près de Dusseldorf et, surtout, en Italie à Garigliano, Latina, Trino et au financement de programmes tels l’organisation du développement énergique coréen.

A la suite de la nationalisation du canal de Suez par Nasser, en 1956, l’Assemblée européenne proposa d’étendre les fonctions de la CECA afin de couvrir les ressources énergétiques. Jean Monet, président de la CECA souhaita la création d’une communauté séparée de l’énergie nucléaire. Louis Armand, à la tête d’une étude pour l’énergie nucléaire civile en Europe, conclut à la solution du développement nucléaire qui semblait nécessaire au vu de l’épuisement des ressources en charbon et de la dépendance au pétrole. Les Etats du Benelux et de l’Allemagne de l’ouest voulaient la création d’un marché commun global. La France refusa pour des raisons protectionnistes et Jean Monnet établit un compromis en proposant la création de deux communautés Euratom et la CEE. Pour réduire les coûts, les exécutifs de la CECA et d’EURATOM fusionnèrent en 1965 avec la CEE et prirent le nom de Communautés Européennes (CE), tout en restant distinctes les unes des autres.  Les CE forment l’un des trois piliers définis par le traité de Maastricht qui créa l’Union Européenne en 1992. Depuis, l’EURATOM reste une personnalité juridique distincte.

Marc Chapuis (source : wikipedia)

Pour en finir avec un régime d’exception

60 ans après sa création, le traité EURATOM continue d’exister en dehors de l’Union Européenne. Maintenir un tel passe-droit au profit de l’énergie nucléaire est aussi anachronique qu’anormal.

Alors qu’EURATOM est chargé de développer en Europe des industries nucléaires puissantes, c’est ce traité qui définit les normes de protection contre les dangers de la radioactivité. Le conflit d’intérêt est criant, au détriment de la protection des populations. EURATOM constitue également un obstacle majeur au développement des énergies renouvelables en drainant un volume considérable d’aides financières. Il faut préparer la résiliation du traité instituant EURATOM.

Un traité pro-nucléaire et obsolète
Le Traité EURATOM a été bâti sur l’idée que l’énergie nucléaire allait apporter la prospérité : le nucléaire devait être sûr, propre et bon marché. C’était déjà contestable à l’époque : 1957 est en effet l’année de l’accident de Windscale, en Angleterre, et de la catastrophe de Mayak, en URSS. Ce n’est plus acceptable en 2018, après Tchernobyl et Fukushima, après les centaines de millions de tonnes de déchets radioactifs légués aux générations futures.

Un piège tragique pour notre santé
Les normes de protection de la population et des travailleurs contre les dangers de la radioactivité sont établies dans le cadre d’Euratom alors que sa mission fondamentale est de développer l’industrie nucléaire ! A cause de ce conflit d’intérêt majeur, les arbitrages entre intérêts économiques et sanitaires se sont faits, et continuent de se faire, au détriment de notre santé.

Un risque majeur pour notre environnement
En fonctionnement normal, on a déjà les déchets radioactifs, les rejets radioactifs, chimiques et thermiques dans l’atmosphère, les cours d’eaux et les océans, le recyclage des métaux et gravats contaminés à l’insu des consommateurs. En cas d’accident nucléaire majeur, la vie de chaque citoyen européen serait affectée, des millions de citoyens pourraient tout perdre, des centaines de milliers de kilomètres carrés deviendraient inhabitables et impropres à toute culture.

Un traité antidémocratique
Euratom déroge au fonctionnement normal de l’UE. Le Parlement européen n’a qu’un rôle consultatif, pour ne pas dire figuratif, alors que les décisions prises sont essentielles pour le devenir de l’environnement et la santé de tous. L’initiative citoyenne européenne qui permet à 1 million de citoyens d’appeler la Commission européenne à légiférer, ne s’applique pas à EURATOM et donc au nucléaire. De plus, des décisions vitales pour notre avenir sont basées sur le travail d’experts anonymes qui ne rendent compte à personne, y compris quand leur travail est truffé d’erreurs.    

La CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité) et l’association RECH (Réaction en chaîne  humaine), décembre 2018