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mercredi 30 octobre 2019


Edito du PES n° 57

Syrie. Massacres et trahisons en séries

La décision de Trump, l’histrion du tweet, de retirer les troupes US de la frontière turco-syrienne, est le dernier épisode d’une longue suite de trahisons dont est victime le peuple kurde.

Tout a commencé après la promesse non tenue d’indépendance suite au démembrement de l’Empire ottoman, avant la fin de la 1ère guerre mondiale. Pour vaincre l’Etat Islamique, ce monstre surgi des entrailles de l’invasion et de l’occupation étatsunienne en Irak, Obama puis Trump, pour éviter de s’embourber dans cette « guerre sans fin », ont utilisé les combattants kurdes comme chair à canon pour débusquer les « fous de dieu » embusqués dans les ruines des villes bombardées par leurs soins. Cette trahison a été longuement murie pour des motifs des plus cyniques : électoralistes d’abord, afin de conserver un socle de confiance auprès des populations étatsuniennes les plus isolationnistes. Pour tenter, ensuite, de contenir Erdogan dans l’OTAN et contrarier ses volontés d’alliance avec la Russie poutinienne. Enfin, parce que le projet politique des Kurdes syriens, parvenant à s’unifier avec les Arabes et différentes confessions (comme les Yézidis) était insupportable : démocratie par en bas, égalité hommes-femmes, volonté d’autonomie sans ingérence et, qui plus est, solidarité active avec le PKK.

Cette dernière trahison a été longuement murie, contrairement à ce que les commentateurs veulent nous faire croire. Certes, le bouffon à la mèche blonde est imprévisible dans ses réactions, mais nombre de réalités laissaient présager cette issue : la fragilisation du sultan Erdogan face aux résistances des fractions du peuple, les milliers d’arrestations, la répression des Kurdes de Turquie, son alliance avec la Russie de plus en plus visible, les premières incursions de son armée en Syrie, les plus de 3 millions de réfugiés syriens qu’il ne supporte plus, tout en armant, entraînant en Turquie des milices, supplétifs assoiffés de vengeance contre les « mécréants » kurdes. Et enfin, avant la décision de le maquignon Trump, les troupes turques massées à la frontière, le chantage exercé vis-à-vis de l’Europe qui boudait le satrape et mégotait à verser l’ensemble des milliards d’euros promis pour contenir l’immigration vers l’Europe.

Après avoir payé de leur sang (11 000 morts) la victoire contre l’EI et gagné en autonomie démocratique, les Kurdes syriens n’ont vu d’autre issue, face à la puissance de feu de l’armée turque, que de s’allier avec Poutine pour le contenir. Les populations civiles fuyant les bombardements des villes, se réfugiant au Kurdistan iranien, sont autant de facteurs qui les ont décidés. Sans eau, le poisson crève.

Pour l’heure, l’accord entre Poutine et Erdogan, pour geler sur une distance de plus de 30 kms la frontière avec des patrouilles conjointes, constitue une nouvelle trahison. Il faut s’attendre à l’exode des populations kurdes, abandonnant les villes à la soldatesque des bouchers réconciliés, Assad et Erdogan. La guérilla kurde peut-elle y survivre ? Assad, le féroce massacreur de son peuple, n’a qu’une idée qu’il partage avec la Russie : restaurer son pouvoir sur l’ensemble de la Syrie. Alors, la messe funèbre serait-elle dite ? Faut-il rappeler les trahisons successives vécues par les populations syriennes : les manifestations pacifiques instrumentalisées, puis perverties par les ingérences concurrentes de l’Arabie Saoudite, du Qatar, de la Turquie soutenant, armant des soldatesques à leurs services et ce, sans oublier les Occidentaux, France en tête, manipulant ladite Armée Syrienne Libre. Quant à Erdogan (tout comme Assad, libérant les « fous de dieu » incarcérés), il a laissé les apprentis  terroristes internationaux franchir la frontière pour rejoindre l’Etat islamique ou des milices de même acabit, pour alimenter les brasiers des massacres. Un slogan kurde dit que leurs seules alliées sont les montagnes, mais, en Syrie à l’Est de l’Euphrate, c’est le désert !

Faut-il croire, qu’au-delà de leurs meurtrissures actuelles, les peuples arabes vont, à l’image du Rojava, se débarrasser des grilles de lecture religieuses manipulées, qui les dressent les uns contre les autres, chiites contre sunnites de différentes obédiences ? N’est-ce pas déjà ce qui émerge des soulèvements populaires en Irak, au Liban, en Algérie… ?

GD le 27.10.2019 

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