Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 30 août 2020

 

Faire diversion face à la fragmentation du monde

 

(Edito du PES n° 65 paru fin août)

 

Deux mois, ou presque et pas tout à fait, au cours desquels, sur fond d’angoisse Covid-19, le retour à la normale allait prévaloir « quoi qu’il en coûte » ! Les ondes, en ritournelles, invoquaient à qui mieux mieux, les mesures de protection puis le foot et certainement, demain, le tour de France. Rien d’autre ne devait nous intéresser que ces visions à la fois inquiétantes et jubilatoires, franchouillardes, beaufs et apathiques. L’apparente sagacité des autorités, à coups de milliards déversés, s’occupait du retour à la normale. A terme, malgré le dégoût abstentionniste, tout devait se régler par des élections. Ailleurs, il ne se passait rien susceptible de retenir notre attention… Certes, le réchauffement climatique nous affectait mais Macron et les Verts étaient là pour nous rassurer : on s’occupe de vous ! Croissance verte ou technophilie dépensière ! Peu convaincus, nombreux préfèrent l’épargne de précaution et considèrent la pandémie comme une grève générale sans grévistes, ayant des effets délétères : accroissement des inégalités, effondrement potentiel des classes moyennes, précarisation-paupérisation à venir. Les remèdes du système capitaliste sont connus : restructuration-concentration, répression-domestication des populations à l’aide des médias dominants et des technologies numériques, voire extension du domaine de la guerre pour un nouveau partage du monde.

 

A travers la lucarne déformante de la TV, on a pu entrevoir les vagues de révoltes reprenant leurs assauts contre les murs étatiques. Leurs cibles, les autocrates, les tyrans, les kleptocrates, oligarques, potentats, tricheurs, affairistes, spéculateurs et autres vautours dont il faudrait se débarrasser pour être mieux gouvernés… à défaut de se gouverner. La longue patience des peuples bout de sa propre impuissance. Mouvements spontanés de colère, indignations sans structuration et sans projets alternatifs, toujours dévoyés par l’obscurantisme, par des illusions démocratistes et surtout, surdéterminés par le jeu des puissances impérialistes, à coups d’ingérences, de nationalisme chauvin et raciste, accentuant la fragmentation du monde.

 

Un cycle se clôt : celui du néolibéralisme sans hégémonie US. L’affrontement des puissances sur fond de crises sanitaire, climatique, économique et sociale, trace l’horizon d’un capitalisme plus effrayant : famines, déplacements des populations, guerres. Toutefois, la messe n’est pas dite. La rage qui couve, la soif de liberté et de dignité sont le cocktail d’une longue maturation pouvant faire éclore des projets réellement émancipateurs. A contrario, trop sont encore scotchés devant leur TV et les fausses nouvelles complotistes ; trop sont obnubilés par leur nombril, leurs intérêts immédiats quand d’autres sont engoncés dans des idéologies rétrogrades et archaïques et donc, manipulables à souhait. Les classes ouvrières divisées, sur la défensive, ne sont pour l’heure, ni une classe en soi, ni pour soi et encore moins porteuses d’universalité. En revanche, classes moyennes en voie de déclassement, toutes les victimes de la répression sociale, raciale et policière, occupent le devant de la scène… puis la quittent…

 

Faire croire qu’il ne s’est rien passé au cours de ces mois de juillet-août, que tout va rentrer dans l’ordre : les divertissements reprennent, Macron prépare sa réélection ; dialogues participatifs et fictifs assurent la paix sociale, à coups de distanciation. Les autorités veillent sur nous. Rien, il ne se passera rien ! Les articles qui suivent, suggèrent que cette inversion apaisante de la réalité ne peut tenir très longtemps, face à la fragmentation du monde.

 

GD le 23.08.2020