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China Corp 2025
Pour ceux qui
persistent à accoler l’étiquette de communiste au PCC, cet ouvrage détruit ce
qu’il reste de ce mythe. Que les entreprises soient privées ou publiques, le
Parti du Capitalisme Chinois dirige l’économie de marché dans un esprit de
conquête concurrentielle à l’échelle mondiale. Il s’agit d’un impérialisme
mercantiliste qui vise à supplanter les USA. Pour ce faire, la stratégie suivie
consiste à développer des géants nationaux, à recourir à des investissements
massifs à l’étranger, à acquérir des sociétés étrangères dans les secteurs clés
(pétrole, ports, voies ferrées, tankers), à maîtriser la concurrence interne
suscitée entre groupes capitalistes chinois et gouvernements régionaux, à
accroître les dépenses militaires. Sur le plan intérieur, aucune discussion
démocratique n’est tolérée, en particulier celles qui mettraient en cause
« les maîtres du ciel ». Ce qui prévaut c’est, de fait, la
philosophie de Confucius : « La vertu du Prince est comme le vent,
celle du peuple comme l’herbe. Au souffle du vent, l’herbe se couche toujours ».
Face aux inégalités abyssales, le développement d’une classe moyenne
importante, ouverte sur le monde, la lutte entre des acteurs concurrents
hybrides, l’on comprend l’obsession de la caste des mandarins à assurer la
stabilité et l’harmonie sociales par la surveillance généralisée (le vent) et
la répression (l’herbe). On est à dix mille lieues du « rêve »
maoïste d’égalité, et des incitations à oser lutter, oser se révolter contre la
bourgeoisie et à l’intérieur du parti, à l’effervescence de la révolution
culturelle et de ses dazibaos. Reste pour les nouveaux « maîtres du
ciel » à régler, en période de crise mondiale, les surcapacités
industrielles, à se dégager des fournisseurs étrangers dans la confrontation de
plus en plus dure avec les Etats-Unis. GD
Jean-François Dufour, ed. Maxima, 2019, 24.80€