Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 6 décembre 2020

 

Nous avons lu…

 

Généraux, gangsters et djihadistes

Pour saisir la raison de la contre-révolution arabe, l’auteur analyse d’abord les constructions historiques qui ont prévalu lors des indépendances arabes : des cliques putschistes se sont emparé du pouvoir, accaparant les ressources, développant la corruption, utilisant les rentes, notamment pétrolières, pour édifier une domination mamelouk suscitant une dynamique maffieuse.

Pour l’auteur, la « guerre globale contre la terreur » menée par les Etats-Unis et ladite communauté internationale, fut une aubaine : les menaces djihadistes justifient les répressions multiformes (arrestations, tortures, disparitions…) et les guerres en Syrie, en Libye, au Yémen… Le chapitre consacré à l’Egypte et au coup d’Etat d’Al Sissi est particulièrement instructif sur la manipulation des manifestations contre le gouvernement Moubarak, puis celui issu d’élections (Mohamed Morsi). Il révèle par quel processus les aspirations de la place Tahrir furent trahies. On peut, peut-être, contester certaines thèses de l’auteur, en particulier sur la prétendue alternative tunisienne, il n’en reste pas moins que la richesse des analyses mérite d’être connue. GD

Jean-Piere Filiu, La Découverte, 2018, 22€

 

Une histoire de la Révolution française

L’auteur fait apparaître qu’au sein même de la Révolution française, deux voies s’opposèrent, au-delà des personnages célèbres ; c’est celle du peuple - les femmes, les paysans, les artisans - qui permit d’éviter l’instauration d’une monarchie constitutionnelle. Le roi n’avait convoqué les Etats Généraux que pour éviter la banqueroute et prétendait instaurer de nouveaux impôts. Les trois Ordres convoqués par les Etats Généraux furent très vite confrontés aux émeutes populaires, à la révolte des paysans qui s’en prirent aux châteaux et le Tiers Etat s’institua comme représentant du peuple. L’incandescence révolutionnaire fut à son comble lorsque le roi s’enfuit et fut arrêté à Varennes. Les Girondins, monarchistes, furent vaincus d’autant que le peuple se dressa pour combattre l’invasion étrangère et la réaction vendéenne. L’assemblée élue avec son système d’assemblées primaires avait déjà mis en œuvre, lors de la nuit du 4 août, l’abolition des privilèges et la Convention se radicalisa sous la pression populaire. Redécouvrir les années 1792 et 1793 est d’autant plus important que la bourgeoisie thermidorienne, qui finira par l’emporter, tenta de masquer les réformes démocratiques et populaires mises en œuvre, réduisant ce moment historique à la Terreur. Thermidor est en effet le moment où la bourgeoisie parvint à assurer son hégémonie après l’écrasement des complots, manigancés de l’étranger. GD

Eric Hazan, la fabrique, 2012, 22€

 

Paris, bivouac des révolutions. La Commune de 1871

L’histoire complète de cette insurrection souveraine qui nous est contée va bien au-delà des faits et interprétations, jusqu’ici admis. Après la défaite de Napoléon III à Sedan, le siège prussien de Paris, le peuple se souleva dans un élan patriotique et s’opposa progressivement aux Versaillais qui entendaient négocier avec Bismarck.  Les bourgeois, minoritaires, s’étant enfuis, ne restait à Paris que le peuple qui institua la Commune de mars à mai 1871. Les Communards de toutes tendances démocratiques (jacobins, internationalistes, anarchistes), après s’être appuyés sur la Garde nationale, instaurèrent un véritable pouvoir populaire. Les réformes qu’ils instituèrent, la place des femmes, l’éducation, sont autant de signes qui imprègnent toujours les aspirations populaires d’aujourd’hui. La Commune n’est pas morte. Si elle a subi nombre de déformations historiques, n’en reste pas moins, au regard du travail d’historien réalisé par l’auteur s’appuyant sur nombre d’écrits et de témoignages du moment, qu’elle nous parle encore. Son écrasement dans le sang prouve, si besoin en était, que la bourgeoisie réactionnaire est prête à user de tous les moyens pour conserver et asseoir son pouvoir. GD

Robert Tombs, ed. Libertalia, 2016, 20€