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Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 26 avril 2021

 

USA. Bifurcation de Biden ?

(Editorial du PES n° 72) 

Avec les différents plans de relance annoncés, serait-ce la fin du néolibéralisme débridé ? L’effet d’optique peut être trompeur. Reste que la volonté proclamée est sans équivalent.

 

Premier plan de relance de 1 900 milliards de dollars, voté mi-mars, pour contrer les effets du Covid. Il comprend notamment une aide d’urgence de 1 400 dollars maxi, pour les Etats-uniens dont le salaire annuel est inférieur à 75 000 dollars. Puis, un deuxième et un troisième plans, respectivement de 2 250 milliards et de 1 000 milliards qui, eux, ne sont pas encore votés. Cette injection massive dans l’économie est censée réparer les tissus sociaux et industriels et créer des millions d’emplois. Les plus riches et les sociétés seraient mis à contribution. Le marché libre et l’austérité budgétaire ne seraient plus la panacée ? Imposer les bénéfices des entreprises américaines à l’étranger serait à l’ordre du jour, comme l’harmonisation fiscale mondiale ? Les multinationales, les 91 plus grosses qui ne paient pas d’impôt fédéral, les paradis fiscaux, vont-ils s’y plier ? Le néolibéralisme aurait-il vécu ? Rien n’est moins sûr. Ce qui est certain, en revanche, c’est que le poids des inégalités, de la précarité, de l’accumulation des richesses au profit du 1 % est devenu insupportable. Si l’aile gauche du parti démocrate taraude les néolibéraux et les lobbys qui les financent, leur percée n’est pas acquise. On apprendra demain comment les Etats européens réagiront à la volte-face du géant US dont les pieds d’argile s’effritent.

 

Biden et son équipe semblent bien vouloir tout faire face aux difficultés, pour que les Etats-Unis demeurent la première puissance mondiale, d’une part, en réparant les dégâts intérieurs et, d’autre part, en se désengageant du bourbier du Moyen-Orient : retrait d’Afghanistan, reprise des négociations avec l’Iran et de l’aide américaine à l’Autorité palestinienne. Faire baisser les tensions internationales ne serait-ce pas la marque de la volonté de se concentrer sur l’Europe afin qu’elle demeure dans le giron états-unien ? Moscou et la Chine sont en lignes de mire. Le soutien à l’Ukrainien Zelensky, affaibli, les pressions pour que ce pays entre dans l’OTAN, la présence de navires US en mer Noire, en attestent, tout comme l’obstination à l’obstruction du terminal de gazoduc NordStream2. Poutine ne s’y est pas trompé en montrant ses muscles ; il a concentré des troupes à la frontière ukrainienne. L'intrusion du trublion Erdogan dans le jeu, en affirmant son soutien à la clique mafieuse de l’Ukraine, pays à la dérive, tend à prouver que c’est bien la logique des blocs qui prévaut. Par ailleurs, les pressions de Biden sur le Portugal pour évincer la Chine de l’extension du site portuaire de Sines vont dans le même sens. Pour Biden, l’UE, quitte à la diviser, doit rester sous emprise états-unienne.

 

Bref, la logique d’affrontement des blocs de puissance se déplacerait sur le terrain européen avant qu’il ne soit possible d’envisager la reconfiguration de cette stratégie contre la Chine, comme l’axe indo-pacifique le laisse supposer.

 

A suivre

 

GD, le 22.04.2021