Face à l’ordre
des médecins, des patriciens en dissidence
Une dizaine de
médecins d’Ariège et Loire-Atlantique sont en conflit avec l’Ordre des médecins.
Cet organisme privé (ce n’est pas un syndicat), créé par Pétain (Conseil supérieur des médecins), est chargé
d’organiser la profession. L’adhésion et la cotisation de tous les médecins sont
obligatoires. Ceux qui ont refusé de la payer se retrouvent au tribunal. Les
« dissidents » accusent l’Ordre de prendre des positions politiques
réactionnaires à l’encontre de l’intérêt des patients (par ex. non prise en
compte des plaintes contre les médecins pour agressions sexuelles). Ils se
réfèrent à un contrôle de la Cour des comptes sur l’Ordre, ses conseils
départementaux et régionaux, dont les conclusions sont accablantes : gestion
peu rigoureuse, opaque, des indemnités aux 16 membres du bureau bien éloignées
du « bénévolat ». Un ordre qui dépasse ses prérogatives en prenant
des positions politiques et défendant une ligne socialement conservatrice :
il s’est opposé en 2015 à l’élargissement du tiers-payant mais défend les
dépassements d’honoraires alors qu’il traîne des pieds pour veiller à l’accès
aux soins pour les patients CMU ou AME. Il
n’a jamais défendu les droits des femmes et a pris position contre la
suppression de la clause de conscience des médecins refusant de pratiquer des
IVG. Récemment, il s’est opposé à une obligation de signalement par les
médecins des enfants victimes de violences sexuelles. Des syndicats de
médecins, des associations féministes et de patients et des collectifs ont
appelé à la dissolution de l’Ordre des médecins (promise de Mitterrand en 1981 !).
Le Syndicat de la médecine générale appelle la société entière à s’emparer du
sujet car « le pouvoir médical ne
peut pas s’exercer au détriment de la santé publique » et
conseille aux personnes qui ont à se
plaindre de médecins de se tourner vers la justice de droit commun plutôt que
vers l’Ordre décrié. https://basta.media