Nucléaire.
Dépendance de l’UE à la Russie
Outre les mensonges propagandistes
proclamant que l’énergie nucléaire serait la moins chère, le fleuron de
l’industrie française et permettrait d’assurer l’indépendance de la France alors
que l’on dépend de 30 % du russe Rosatom,
les médias, le gouvernement, l’Union européenne, évitent de répondre à la question du pourquoi les sanctions contre
le nucléaire russe ?
Dépendances européennes
En Bulgarie, les deux réacteurs d’origine
russe produisent 1/3 de l’électricité du pays ; en République tchèque, ils
sont 3 pour une production électrique de 39 % ; en Hongrie 4 pour 50 %
d’électricité produite et ce, sans compter l’Ukraine. La maintenance de ces
centrales nucléaires est assurée par les experts de Rosatom qui, en outre, prend en charge les coûts financiers des
opérations à risques.
La Russie est le 3ème
fournisseur d’uranium pour l’Union Européenne et pratiquement la seule et la
plus compétitive pour transformer l’uranium
naturel en uranium enrichi,
permettant son utilisation comme combustible dans les centrales nucléaires. Qui
plus est, les Etats-Unis, eux-mêmes, sont dépendants de la Russie qui leur
fournit 1/4 des combustibles nécessaires pour leurs réacteurs.
Enfin, on ne parle guère du retraitement des combustibles
permettant leur réutilisation. Seule l’usine de Seversk en Sibérie possède des
capacités suffisantes (très polluantes) pour procéder à ces opérations. Et,
partout, en Europe tout particulièrement, on manque de personnels
qualifiés…
Et en France
L’uranium naturel importé provient du
Niger, de l’Australie et surtout du Kazakhstan et doit, pour l’essentiel,
passer par la case Russie pour être enrichi. Certes, le français Orano (ex
Areva) souhaiterait développer ses faibles capacités d’enrichissement en
renforçant son usine du Tricastin (Drôme).
Autrement dit, les problèmes de maintenance
des réacteurs français à l’arrêt qui obligent EDF à importer de l’électricité
en provenance… d’Allemagne, produite avec des centrales à gaz toujours
dépendantes des Russes et du GNL, ne seraient rien comparés à la décision
russe, si elle intervenait, de stopper les importations et exportations
d’uranium enrichi et retraité. C’est en effet de l’ordre de 4 à 5 livraisons
par an qui de Dunkerque ou du Havre partent pour Saint-Pétersbourg en
transportant plus de 150 tonnes à chaque fois. Indépendance ?
Pour construire une usine de retraitement
du combustible, il faut compter une dizaine d’années avant qu’elle soit
opérationnelle. Et avant même l’envoi au fin fond de la Sibérie, ce sont
34 000 tonnes qui s’accumulent dans les entrepôts de Pierrelatte, et
augmentent chaque année de 1 000 tonnes. Bref, c’est la saturation et ce,
sans compter les déchets ultimes, radioactifs que l’Etat veut enfouir à Bure
pour des milliers d’années.
Somme toute, pour nous rendre aveugles face
à ces aberrations, ceux qui nous dirigent n’ont pas fini de nous enfumer.
GD
D’après l’enquête des journalistes Marjorie
Cessac et Perrine Mouterde, le Monde,
30.11.2022