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samedi 10 décembre 2022

 

Israël. Apartheid

 

Ce qui se passe en Palestine-Israël n’est que l’image déformée, jusqu’à la caricature, de l’évolution de notre monde : l’articulation chaotique semble mêler soulèvements face à l’oppression et répressions, comme un retour du refoulé autocratique. La rage et la résistance des « Lions » en cage se heurtent à l’immonde qui côtoie l’ignoble.

 

Un nazi juif pour conforter Netanyahou, le voyou

 

La colonisation israélienne semble ne pouvoir se maintenir qu’au prix de l’appui d’une force génocidaire contre les Palestiniens. Ben Gvir et son parti ont obtenu 10 % des voix lors des dernières élections, permettant ainsi à Netanyahou de maintenir au pouvoir un gouvernement de droite extrême. Ce corrompu peut ainsi être blanchi avec la peste brune. Exagéré ?

 

Qui est donc Ben Gvir, cet homme adulé par les colons ? Ce suprémaciste juif, violent, homophobe, antidémocrate, est à la tête de la 3ème force politique israélienne. Pour lui, n’existe que la loi divine, celle de la Torah, du peuple élu de Dieu de retour en Judée-Samarie, une terre sans peuple (arabe) qui doit être réoccupée entièrement par ceux de confession judaïque. Il croit à la loi du talion, à la vengeance contre les Arabes et les non-Juifs qui violent la terre sacrée (on se croirait en Arabie Saoudite à l’entendre !). Ce juif, originaire du Kurdistan irakien, qui a côtoyé la Ligue de la Défense Juive, classée terroriste par les Etats-Unis, a déjà nombre de faits d’armes à son actif. Lors de l’assassinat d’Yitzhak Rabin signataire des accords d’Oslo (qui de fait n’ont été qu’un leurre), il s’écrie « Nous l’avons eu ! ». Lui, ce fier à bras, qui s’est fait dispenser du service militaire, épaulé de ses sbires, multiplie à Hébron les provocations brutales contre les Palestiniens, l’armée israélienne toujours à proximité pour le protéger. Considéré comme le « héros des colons », avec le groupe Lehava, il mène la chasse aux couples mixtes, en Cisjordanie, à Jérusalem. Il est, en effet, un adepte affirmé de la « guerre raciale », promoteur de l’expansion de la « Terre sainte » et de l’expulsion des Palestiniens. Pas d’état d’âme, aucunement, pour défendre en tant qu’avocat « les jeunes colons des collines », ces deux adolescents fanatiques, accusés d’avoir brûlé vif un couple palestinien et leur bébé (!).

 

Son projet immédiat, s’il obtient comme il l’exige les postes de ministres de la sécurité publique et de la Défense, est d’écraser les Palestiniens, les soumettre pour les expulser… Pour ce réactionnaire, les  LGBT doivent se cacher, plus strictement encore que les femmes qui, elles, doivent éviter la sphère publique. Ces postures n’empêchent pas ce nazi d’apparaître débonnaire dans des émissions de télévision pour faire la promotion de la cuisine juive. Le vrai visage de l’apartheid est masqué par une façade de bonhommie comme ceux des nazis allemands qui se présentaient en tant que bons pères de  famille…

 Mais la poursuite de la colonisation se heurte à l’aspiration à la liberté. 


 Oppressions, soulèvements, répressions

 

Depuis janvier, 170 Palestiniens ont été tués par les forces d’occupation. Malgré les harcèlements, les agressions, les assassinats ciblés, les soulèvements succèdent aux périodes d’abattement des humiliés. Que les colons et l’armée s’en prennent aux paysans palestiniens et aux volontaires israéliens et étrangers qui viennent les aider lors de la récolte des olives, que les incursions militaires traquent les résistants dans les camps de réfugiés, que l’aviation bombarde Gaza en août (48 morts dont 17 enfants), la révolte, prétendument étouffée, resurgit. On assiste d’ailleurs, en Cisjordanie, à une intifada larvée.

 

Les « Lions » se sont levés. Même si ce jeune mouvement de résistance armé a été momentanément partiellement brisé, il a suscité une effervescence populaire qui n’est pas prête de retomber. Cette volonté d’œuvrer à l’union de toutes les factions palestiniennes indépendamment de leurs directions politiques sclérosées, leur réseau clandestin s’appuyant sur 180 000 abonnés sur telegram, tout cela nourrit la colère du désespoir.

 

Tout a commencé en novembre 2021, lorsqu’un commando de la police israélienne, infiltré incognito, a procédé, à Naplouse, à 3 assassinats ciblés de jeunes militants se réclamant des Lions ; ce commando a agi au sein même de la zone administrée par l’Autorité Palestinienne (selon les accords d’Oslo) en toute impunité et sans protestation de la part de Mahmoud Abbas ! De mars à mai, les Lions ont riposté : 18 morts en Israël.

 

Depuis, la répression sioniste est féroce : raids militaires contre la population civile en Cisjordanie, ratissage dans le camp de Jénine pendant 4 jours, là où vivent 60 000 Palestiniens ; du 4 au 12 octobre, blocus de Naplouse (200 000 habitants), surveillance par drones armés… Les Lions ont appelé à la solidarité, à la grève, puis l’autorité palestinienne de collaboration a arrêté un combattant à Naplouse. Les « Lions ont rugi » affrontant à balles réelles les forces de sécurité agissant au profit d’Israël. Dénonçant cette chasse au mouvement de résistance, ils ont appelé à monter, la nuit, sur les toits pour chanter leur soutien aux Lions. Ces mots d’ordre ont été largement suivis de Jérusalem à Ramallah, de Jéricho à Bethléem.

 

Lorsque le leader Wadih AliHouh et ses 4 camarades ont été tués par les forces d’occupation, des milliers de Palestiniens leur ont rendu hommage. Malgré le vol noir des corbeaux sur la plaine du Jourdain, d’autres Lions sortiront de l’ombre.

 

Et si ce n’est déjà le cas, l’Autorité Palestinienne apparaîtra pour ce qu’elle est réellement, une « putain respectueuse » (1) qui fait tout pour sauver l’assassin sioniste et finit par condamner le peuple palestinien. Le ver était dans le fruit depuis les accords d’Oslo qui devaient prétendument garantir la coexistence de deux Etats. En fait, depuis l’origine, le sionisme, même dit de gauche, était à l’image de l’Union Générale des Israélites de France qui a facilité les basses œuvres des nazis et de la police de Vichy (2). Exagération que cette comparaison ? Mieux vaudrait-il s’en tenir aux propos d’Elie Barnavi. Mais que dit ce Juif, né à Bucarest en Roumanie en 1966, émigré en Israël en 1976, ancien ambassadeur à Paris : « Nous allons vers l’abîme de l’apartheid et la guerre civile ethnique et religieuse, vers des lois de plus en plus liberticides ». « Nous nous sommes laissé contaminer par le messianisme irrationnel ». (3)

 

Y a-t-il une issue pour sortir de ce cauchemar ?

 

Ce qui se passe en Israël est de fait, vécu, pour ce qui reste de la gauche israélienne, comme un péril existentiel. Il y a les nostalgiques des kibboutz. Ils sont âgés et leurs enfants dépolitisés, individualistes, ne rêvent que de réussite financière dans la High-tech. Le parti travailliste, marginalisé, néolibéral, centriste, ne compte que 4 députés sur les 120 de la Knesset. Le Meretz, fondé en 1992, est ce qui reste, à l’état marginal de la gauche laïque. Quant aux partis arabes israéliens, malgré l’importance de leur électorat (20 % de la population), ils sont divisés. Il semble néanmoins que, face à la droite extrême, aiguillonnée par les suprémacistes d’extrême droite, ces partis marginaux aient décidé de se rencontrer pour contrer la menace d’un apartheid encore plus prononcé.

 

Reste le fossé des divisions à franchir : reconnaître qu’il n’y a pas de différences entre les colonies bâties durant les premières années du sionisme, lors de la guerre d’expulsion de 1948 (la Nakba), et celles nées après la guerre de 1967, semble pour l’heure insurmontable, non seulement pour les forces palestiniennes de résistance mais également pour les partis arabes. En outre, les Palestiniens eux-mêmes, dans leur lutte contre l’occupation-colonisation, sont encore loin d’avoir rejeté l’Autorité Palestinienne et les idéologies religieuses qui les entravent. Pourtant, à l’origine de l’Organisation de la Libération de la Palestine (OLP), l’objectif n’était-il pas la création d’une Palestine laïque et démocratique, regroupant les Palestiniens et les populations se réclamant du judaïsme ?

 

La sortie du cauchemar dépend, de fait, non seulement de la conjoncture interne (inflation, vie chère, inégalités…) mais surtout de l’évolution des rapports de forces mondiaux. Si l’Iran des mollahs est affaibli, voire renversé, le bellicisme de « l’Etat juif » ne peut plus s’exercer de la même manière. De même, le rapprochement de l’Etat sioniste avec les pays du Golfe, Emirats Arabes Unis aujourd’hui, demain avec l’Arabie Saoudite, réduit à la portion congrue le recours au sunnisme afin de « justifier » la lutte contre l’occupation…

 

Ces bouleversements positifs sont en apparence encore loin de pouvoir se matérialiser mais… les soubresauts historiques peuvent toujours nous surprendre.

 

 

Gérard Deneux, le 30.11.2022   

 

(1)   La putain respectueuse est une pièce de théâtre de Jean-Paul Sartre. On pourrait qualifier l’Union européenne de la même manière, elle qui jette un voile pudique sur les exactions sionistes… tout en (re)finançant les destructions-reconstructions perpétrées lors de bombardements par l’armée israélienne, en particulier dans la bande de Gaza

(2)   voir dans la rubrique Nous avons lu : Des Juifs dans la collaboration de Maurice Rajsfus

(3)   lire à ce sujet les livres de Shlomo Sand, en particulier Comment le peuple juif fut inventé (Fayard), Comment la terre d’Israël fut inventée. De la Terre Sainte à la mère patrie (Flammarion)

 

Pour en savoir plus,

-        sur la « société » palestinienne, les inégalités et la caste bourgeoise entretenue Ramallah Dream de Benjamin Barthe (la Découverte),

-        sur l’histoire du peuple palestinien,  A la recherche de la Palestine. Au-delà du mirage d’Oslo, de Julien Salingue (Cygne)