Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 26 avril 2020


Bangladesh
Apocalypse pour les ouvrières du textile

Du fait du confinement, les grandes marques européennes de prêt-à-porter ont annulé plus de 3 milliards de dollars de commandes auprès de leurs fournisseurs bangladais qui ne peuvent plus payer leurs salariés. Les 2000 couturières de l’usine de jeans de Mostafiz Uddi n’ont plus de travail. Les clients, comme l’espagnol Zara et l’allemand Takko ont stoppé leurs commandes et ne prennent même plus les marchandises commandées : Mostafiz Uddin se retrouve avec 20 000 jeans sur les bras. Il a payé d’avance le tissu et le port, mais les grands groupes ont des mois pour régler les factures, sachant que chaque  salariée fait vivre en moyenne 5 personnes…

Le néerlandais C&A et l’irlandais Primark ayant annulé pour plusieurs centaines de millions€ de commandes, les fabricants des pays d’Asie luttent pour leur survie, en Birmanie, au Cambodge et au Bangladesh où le prêt- à-porter représente 84% des exportations. Aucune solidarité à attendre de leurs donneurs d’ordre. L’allemand KiK annonce « qu’il a à cœur les intérêts des couturières » mais ses préoccupations concernent déjà le sauvetage des emplois en Allemagne. « Chez nous, perdre son travail c’est en général ne plus avoir à manger » déclare la directrice du centre bangladais pour la solidarité des travailleurs. De plus, les travailleuses sont exposées à un risque d’infection élevé à l’usine et dans les baraquements qu’elles louent 100 dollars/mois près de l’usine. La situation est « apocalyptique » affirme Rubana Huq (association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh). Sans soutien des entreprises dans les trois mois à venir c’est plus de 4 millions de personnes travaillant dans quelque 4 000 usines qui seront à la rue.

Primark a annulé pour 273 millions de dollars de commandes, C&A, 166 millions. Au total, 46 % des productions ont été annulées. 72 % des donneurs d’ordre n’ont pas réglé les tissus achetés par leurs fournisseurs. Primark se dit prêt à un compromis et accepte de financer le salaire des ouvrières travaillant sur les commandes, annulées, C&A assure vouloir « minimiser les effets sur les fournisseurs »… D’autres, comme le suédois H&M ou l’allemand Tchibo ou encore Takko semblent davantage ouvertes au dialogue ?

« Cette crise fera peut-être prendre conscience que beaucoup trop de gens paient bien trop cher pour une production excessive à bon marché. Peut-être arrivera-ton à la fin de l’ère de la mode jetable », veut croire Gisela Burckhardt (Femnet, organisation de défense des droits des femmes). Rubana Huq a peu d’espoir « Les grands groupes reviendront vers nous et nous diront : le monde est différent maintenant, il nous faut des produits encore moins cher ».
Extraits d’un article de Nils Klawitter, Courrier International du 21.04.2020, transmis par William, abonné