Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


samedi 18 décembre 2021

 

Nous avons lu

 

La Commune au présent.

Une correspondance par-delà le temps

 

L’auteure ne commémore pas la Commune de Paris, elle fait vivre les Communeux. Après les avoir longuement rencontrés, aux archives, elle leur écrit. Ainsi, elle les rend vivants en rappelant les  évènements, leur enthousiasme mais aussi la répression, la mort. Elle leur dit que « la Commune n’est pas morte » car des mouvements s’y réfèrent, au Rojava, au Chiapas, avec les Gilets Jaunes… Dans ce florilège, on rencontre les incontournables, Louise Michel, Jules Valès, Eugène Pottier, Léo Frankel… mais, surtout, des couturières, passementières, blanchisseuses, relieurs, lanterniers, ferblantiers, typographes, institutrices… elle nomme ces « sans nom » qui ont fait une révolution, ces gens modestes. « Vos élus étaient des « inconnus ». Des gens de rien ont pris l’hôtel de ville et offert une tout autre pratique politique. Oui votre Commune a été un extraordinaire et fascinant laboratoire du politique. Votre révolution communaliste, continue d’inspirer car vos questions sont actuelles. Elle écrit à Pélagie Daubain, arrêtée pour avoir proclamé « Je suis communeuse moi ! (communard est le mot de vos adversaires) ; à  Almicare Cipriani, engagé très jeune dans l’armée piémontaise, tu suis Garibaldi. Tu es un inlassable combattant à qui les frontières indiffèrent. A Georges Berin, elle demande : as-tu connu un certain F. Benoit qui conçoit une société émancipée avec : l’éducation pour tous les enfants, un vaste réseau de coopératives dont tous les membres pourront définir les conditions de leur travail et de leur production, un système de secours en cas de maladie et de pensions de retraite. A Angelina Sabatier, elle écrit : « Je crois que tu rirais aux éclats. Tu lis peut-être Proudhon ? Il propose le mutuellisme comme alternative au pouvoir du capital : un idéal d’égalité. Mais cette égalité ne semble pas nous concerner, nous, les femmes. Nous échappons complètement à son horizon.

C’est un livre d’Histoire par ceux qui l’ont faite et une leçon politique de ce que pourrait être, aujourd’hui, une société émancipée. A Victor Hugo, elle dit « Police partout, justice nulle part », ces mots, on ne sait pas qu’ils sont de toi. Tu les as prononcés à l’Assemblée au temps où la démocratie était rongée par un certain prince-président. Figure-toi que des Gilets Jaunes ont reproduit cette phrase sur leur gilet. Cela t’aurait fait drôle, tout de même. Tu n’as pas été Communeux, Hugo, tant s’en faut. Mais tu as été l’un des rares, très rares écrivains de ton temps à avoir compris l’évènement, à l’avoir salué à n’avoir jamais, comme tant d’autres, voulu son écrasement.

Formidable ouvrage, tant l’auteure réussit nous faire vivre avec les Communeux. OM

Ludivine Bantigny, la Découverte, 2021, 22€