Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 4 juillet 2022

 

Nous avons lu…

 

L’enfer numérique

Voyage au bout d’un like

 

Le 2 octobre 1971, l’humanité est soudainement projetée dans l’ère de l’immédiateté : le premier e-mail est envoyé sur Arpanet. Aujourd’hui, tout s’échange à la vitesse de la lumière ou presque. Après les routes pavées de l’Antiquité et les chemins ferrés de l’ère industrielle, quels chemins prennent nos actions numériques quotidiennes ? Que se passe-t-il lorsque nous envoyons un e-mail ou un Like ? Quelle est la géographie de ces milliards de clics ? Quels défis écologiques et géopolitiques charrient-ils à notre insu ? L’auteur a suivi sur 4 continents la route de nos e-mails… Il nous mène dans les steppes de la Chine septentrionale à la recherche d’un métal qui fait fonctionner nos smartphones, dans les vastes plaines du cercle arctique où refroidissent nos comptes Facebook, dans l’un des Etats les plus arides des USA, pour enquêter sur la consommation d’eau de l’un des plus grands centres de données de la planète, celui de la National Security Agency (NSA). Une dizaine de pays visités plus tard, il affirme : la pollution digitale est colossale, d’abord due aux milliards d’interfaces (tablettes, ordinateurs, smartphones) nos portes d’entrée sur Internet. Elle provient des données produites,  transportées, stockées, traitées dans de vastes infrastructures consommatrices d’énergie. L’industrie numérique mondiale consomme tant d’eau, de matériaux et d’énergie, que son empreinte est le triple de celle de la France. Ces technologies mobilisent 10 % de l’électricité produite dans le monde et rejetteraient près de 4 % des émissions de CO2, le double du secteur civil aérien mondial. La pollution digitale sera l’un des grands défis des 30 prochaines années. L’auteur interpelle la Génération climat : que ferez-vous des fabuleux pouvoirs dont vous serez les dépositaires ? Saurez-vous dompter l’hubris que ces technologies excitent en vous ou serez-vous tels des Icare, consumés par les radiations de ce soleil synthétique ? Les technologies digitales sont porteuses de progrès pour l’humanité mais « ne soyons pas candides au moment de nous engager dans la mère des batailles de ce siècle : le numérique tel qu’il se déploie sous nos yeux ne s’est pas mis au service de la planète et du climat ». L’auteur révèle la face sombre d’une industrie qui ne veut pas prendre la lumière et met au jour cette évidence : envoyer un e-mail ou un Like charrie de vertigineux défis jusqu’alors soustraits à nos sens.

C’est imagé, voire poétique, écrit pour que l’on comprenne et on comprend. OM

Guillaume Pitron, Les liens qui libèrent, sept. 2021, 21€