Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 4 juillet 2022

 

Nous avons lu…

 

Une brève histoire mondiale de la gauche

Pour l’auteur qui fait oeuvre de pédagogie en revisitant toute l’histoire des gauches, l’effacement de « l’imaginaire de l’égalité » l’amène à nous faire partager sa vision pessimiste. Avec la mondialisation et ses délocalisations industrielles, « le véritable prolétariat a déménagé en Asie » et avec lui, l’utopie dont il était porteur. C’est celle-ci que l’on revisite, des Jacobins de l’égalité à la conjuration des Egaux, aux mouvements qui ont marqué le printemps des peuples (1848) et aux théories des penseurs socialistes de Bakounine à Lénine en passant par Marx et Engels. Le brouillage de l’esprit d’émancipation s’est produit lors de la confrontation coloniale, de la montée du fascisme suite à la 1ère guerre mondiale et de la crise des années 30. Paradoxalement, le poids de l’Histoire longue fait resurgir des modalités de domination que l’on pensait enfouies dans les poubelles de l’Humanité. Ainsi, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes s’est heurté à l’emprise grand russe de l’Empire tsariste faisant retour sous Staline puis Poutine. Le communisme chinois s’est englué dans le despotisme oriental. L’Etat providence ne fut qu’une parenthèse dans l’histoire du capitalisme. Aujourd’hui, depuis les mouvements des Afro-américains jusqu’à mai 68, puis les révoltes des printemps arabes, l’occupation des places ou encore le mouvement des Gilets jaunes, le « prolétariat rouillé » d’Occident, les classes salariées, les peuples, cherchent dans l’obscurité la lumière d’un projet d’émancipation individuelle et collective. « Un nouveau bloc historique entre classes sociales est la condition du changement. Pour l’instant, je ne le vois pas. C’est ce combat qui m’a poussé à écrire ce livre mélancolique ». A s’en imprégner l’on y trouvera des raisons d’espérer. GD

Shlomo Sand, Seuil, 2022, 25€