Edito du PES n° 43
Peut-on
fendre l’armure de Jupiter ?
Celui
qui a su profiter et de l’effondrement de Fillon/Pénélope engoncé dans sa
cupidité et du rejet du parti dit socialiste, pour se hisser au sommet de l’Etat
n’y est arrivé que par inadvertance. L’épouvantail Le Pen a fait le reste. Dans
la droite ligne des politiques néolibérales, l’auto-proclamé Jupiter prétend
réussir ce que Sarko et Hollande ont tenté partiellement.
Ce
parvenu est un tard-venu dans l’agenda européen austéritaire. Avec toute
l’arrogance de la caste qu’il représente, ce fondé de pouvoir du CAC 40, tel un
bulldozer en marche, fonce tous azimuts. Ça passe ou ça casse. Non content de
disposer d’une armada de godillots dont il connaît les états d’âme, il recourt
aux ordonnances et multiplie les contre-réformes. Il saute sur la scène
médiatique et plonge dans la France rurale pour faire peuple. Il se veut le
Bonaparte du fédéralisme européen atlantiste et libre-échangiste. Il rêve de
supplanter Merkel et d’être l’interlocuteur obligé de Trump et de Poutine. Peut-il
ignorer que son armure est des plus fragiles ? Son socle électoral du 1er
tour de la présidentielle, déjà, après un an de pouvoir, s’effrite. Il n’en a
cure. Ce néo-cons, ce chef proclamé des interventions armées, s’appuie sur les
classes moyennes supérieures, flirte avec les mascarades vendéennes de Philippe
de Villiers et flatte les cathos réacs.
Le
président des super-riches ne peut toutefois faire oublier son budget, les 17
milliards de baisse d’impôt concédés aux entreprises et les 7 milliards
bénéficiant aux ménages les plus riches, tout comme le « pacte de
responsabilité » dont il fut l’artisan, sous Hollande : 30 milliards
pour les actionnaires. La mémoire est d’autant plus subversive lorsqu’elle est
réactivée par la casse du droit du travail et les ponctions subies pour les
classes populaires, y compris les couches moyennes inférieures, comme les
retraités.
La
locomotive des cheminots peut-elle entraîner la convergence de tout le
mal-être, écrivais-je dans le dernier édito ? Rien n’est sûr. Les luttes
éparpillées, corporatives, prévalent. Porteuses d’intérêts divergents, elles ne
semblent pas, pour l’heure, en capacité d’ébranler le pouvoir. La peur de
perdre, quitte à perdre davantage, semble prévaloir. La matraque brandie par
Macron, les 2 500 gendarmes face à quelques centaines de Zadistes, les
évacuations musclées des facs occupées, font hésiter. Les manifestations
peinent à gagner en ampleur, y compris chez les étudiants, d’autant qu’elles
sont contenues par les mauvais Berger collabos, même s‘ils sont aigris de ne
plus être reconnus comme interlocuteurs de la paix sociale. Mais rien n’est
écrit d’avance.
A
preuve, les tournées de Macron dans la France d’en bas, particulièrement à St-Dié
des Vosges. Dans cette ville où le chômage est à 12 %, où le quart des commerces
et les logements sont vacants en centre-ville, la prétention de Jupiter d’aller
au contact s’est heurtée aux quolibets de la colère ambiante. Agacé, sa
prestance offusquée, conspué, il a fini par lâcher, piteux : « Je ne suis pas une machine à recevoir toutes
les récriminations ». Puis, « Virez-moi
tous les siffleurs ! » Enfin, cet aveu « Si je cède sur les 80 km/h, face aux cheminots
râleurs, sur Notre-Dame-des-Landes, alors c’est fini, on ne tient plus rien ».
Fendre
l’armure de Macron, c’est encore possible, le 1er mai, le 5 mai et
ensuite. « Les murs les plus puissants
tombent par leurs fissures ». Encore faut-il que la poussée par en bas
soit suffisamment forte afin d’obtenir, pour le moins, le retrait du pacte
ferroviaire, la loi ORE et celle dite Asile/Immigration.
GD
le 23.04.2018