Vers l’extension du domaine de la
guerre ?
(éditorial du
PES n° 44).
Les
grands rapaces qui dirigent le monde semblent danser au bord du gouffre dans
lequel ils pourraient bien entraîner les peuples. Et l’énergumène Trump à l’ego
surdimensionné mène le bal des surenchères tous azimuts.
La
remise en cause de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien est, de fait,
une déclaration de guerre contre le
régime iranien : l’ONU ignorée, tout comme les parties prenantes du
contrôle exercé dans ce pays, les expertises de l’AIEA - l’agence chargée de
les superviser - balayées, Trump et sa clique militariste n’en n’ont cure. Ce
qu’ils veulent, c’est imposer un « changement de régime ».
L’influence, à leur détriment, des mollahs, en Syrie, en Irak, au Liban, leur
est intolérable, tout comme les fusées stratégiques dont ils disposent. Avec des
soutiens unilatéraux, il s’agit d’imposer (comme en Irak avant l’invasion
étatsunienne) un véritable boycott de ce pays. En étranglant les populations
iraniennes, les stratèges US misent sur la révolte du peuple contre son régime,
tout en menaçant les gouvernements du monde entier de représailles s’ils ne se
conforment pas à leur diktat. La suprématie du dollar dans les échanges, la justice
extraterritoriale seront utilisées pour mettre au pas les banques, les
multinationales, qui oseraient continuer à commercer avec l’Iran.
Pour
l’heure, les réactions timorées de l’UE en voie de désintégration, les
pirouettes de Macron et son projet d’écrire un nouvel accord sur la base des
exigences US, semblent bien dérisoires face au bellicisme trumpien et de ses
alliés, l’Arabie Saoudite et Israël. Au-delà de la perpétuation de la guerre au
Yémen, et des bombardements entrepris sur le sol syrien, la guerre réelle
pourrait bien aboutir à l’invasion du Liban, pour éradiquer le Hezbollah et, du
même coup, absorber la Cisjordanie palestinienne au sein du grand Israël.
Certes, nous n’en sommes pas là car les réactions de la Russie et de la Chine
pourraient être incontrôlables…
En Asie, un autre terrain de confrontation potentielle est à
l’œuvre entre les USA et la Corée du Nord, voire la Chine. Menaces, reculs
apparents, nouvelles menaces, jusqu’à quand ?
En Amérique latine, les « révolutions de velours » sont
orchestrées et sonnent le retour des droites pro-US. Elles ont pour finalité,
non seulement de renverser des gouvernements dits progressistes, mais surtout
de réduire la pénétration commerciale des Européens, Chinois, Russes.
Ce
tableau ne serait pas exhaustif si l’on omettait la guerre commerciale déjà déclarée. Le conflit a pris la forme
trumpienne du rejet des accords commerciaux multilatéraux et la volonté
d’imposer des relations commerciales à l’avantage exclusif des Etats-Unis
assorti, au besoin, de tarifs douaniers exorbitants, voire de prescrire,
notamment à la Chine, d’acheter plus de produits US pour rétablir la balance
commerciale déficitaire.
Cette
extension du domaine de la guerre s’exerce sur fond de régressions sociales,
d’enrichissement sans freins des oligarchies mondiales et plus fondamentalement
sur la perte d’influence de l’Empire US qui ne tolère plus les reculs subis
dans la dernière période, alors même qu’il dispose d’une puissance militaire
incomparable.
Certes,
au sommet de l’Etat fédéral US, deux fractions du « parti unique des affaires » s’affrontent, mais, pour l’heure,
les faucons les plus belliqueux sont aux manettes…
GD
le 27.05.2018
Retrouvez l’ensemble du PES
en vous
abonnant auprès de Gérard Deneux
76 avenue Carnot 70200 Lure
Par voie postale – 18€ pour 10 numéros
Par courriel – 5€ pour 10 numéros
En libellant votre chèque à PES
Au sommaire du n° 44
Vers le bannissement d’une partie de l’Humanité ?
De COP en COP… la température monte !
Ruée vers l’or au Groenland
Nicaragua. Le sandinisme au placard de l’histoire ?
Et nos rubriques « Ils, elles luttent » et « Nous
avons lu »