Le climat est pourri en Macronie
Violences, menaces, répressions, mutilations.
Lettre de Robin, mutilé à Bure le 15 aout 2017,
pour Maxime mutilé sur la ZAD le 22 mai 2018
Mettre des mots sur l’horreur. Ne pas céder à la
résignation. Au terrorisme d’Etat.
Malgré le stylo qui tremble, écrire. Témoigner.
Ne pas se laisser écraser par le concert
d’opérations sémantiques, de propagande préventive et de censure qui cherche à
nous couper de notre empathie et de la révolte qu’elle devrait spontanément
engendrer.
M vient de perdre sa main. Sa main droite. Pour
toujours.
Il rejoint, bien plus gravement encore, l’enfer
que j’ai vécu durant 9 mois. Le 15 août 2017, à Bure, l’explosion d’une grenade
GLI-F4 tirée par les gendarmes mobiles creusait mon pied gauche sur un diamètre
de 13cm et jusqu’à 3cm de profondeur arrachant peau, veines, nerfs, muscles et
pulvérisant les os. C’était pendant une manifestation contre le projet Cigéo
d’enfouissement de déchets radioactifs. Il y a eu 30 blessés dont 4 graves.
Contrairement à ce que leur nom indique, les
grenades GLI-F4 contiennent de la TNT et explosent ! Leurs déflagrations
font 1m de diamètre et peuvent tuer si elles touchent une partie vitale. Les
appellations « lacrymogènes » ou « assourdissantes » que
la préfecture et les ministres leur donnent dans les médias servent à masquer
la vérité à leur sujet : ce sont
des armes de guerre ! L’Etat
utilise des armes de guerre pour terrasser le peuple. Dans le cas présent, les
conséquences sont bien pires qu’un tir à balle réelle.
Déjà à l’époque, j’avais alerté sur les dangers
des grenades explosives en organisant une manifestation pour exiger leur
interdiction mais les grandes chaînes ont cantonné l’information à la région
Lorraine. La majorité des Français ignore encore la vérité sur ce sujet. Il est
tombé près de 4 000 grenades
explosives sur la ZAD depuis le début de son invasion par les gendarmes
mobiles, provoquant des centaines et des centaines de blessés notamment à cause
des éclats de métal qu’elles projettent. Où
est la violence ?
M est actuellement à l’hôpital. Outre les intenses
douleurs et le fort traumatisme qui le suivront nuit et jour, il devra
désormais supporter ce handicap inimaginable : vivre avec une seule main.
Cette main, que l’explosion lui a arrachée sur le coup, l’Etat lui a volée pour
prix de son combat, pour prix de notre combat. Dans les dernières décennies, la
militarisation du maintien de l’ordre a fait couler trop de sang. Combien
d’éborgnés ? Combien de mutilés ? Combien de vies déchirées par l’utilisation criminelle des flashballs
et des grenades explosives ?
La violence de
l’Etat pour mater
toute résistance est extrême. Elle cherche à nous terroriser, à nous acculer à
la résignation. Face à cela, la solidarité
est notre arme et jamais la peur ne doit nous arrêter. Proches, moins
proches et tous ceux qui croiseront la route de M, prenez soin de lui !
Tenez bon ! Il y a mille et une manières de lui apporter ce qui lui permettra
de vivre Ecoutez-le, cherchez, trouvez.
La vie continue, le combat pour elle aussi. Maxime,
tiens bon !
L’escalade de la répression
Les jours se
suivent et se ressemblent dans la France de Macron : contre les
manifestants, contre le mouvement social (des banlieues aux manifs en passant
par la ZAD), l’Etat utilise sa force de répression à tout va. Il semble que le
simple fait de contester ce système soit insupportable à ce pouvoir. Ainsi, l’utilisation des armes
explosives est (cf ci-dessus). Ainsi des
dizaines de lycéens se retrouvent en garde à vue à Paris, et pour une partie
déférée devant un juge, juste pour avoir voulu occuper un lycée. Le
gouvernement semble trouver plus facilement une place en cellule qu’en
université pour les lycéens. Ainsi
des arrestations dans les manifs se multiplient pour le simple motif d’y être
présent et d’avoir dans son sac ou de porter des protections contre les gaz
lacrymogènes, pourtant fortement utilisés par les mêmes personnes qui procèdent
à des arrestations massives comme cela s’est encore passé à Paris le 22 mai. Ainsi l’Etat est responsable d’un
véritable acharnement contre la famille Traoré pour l’empêcher de continuer à
demander justice pour la mort d’Adama. A Nice, un président d’université peut
menacer de mort en toute tranquillité un étudiant… Il doit démissionner.
La stratégie
autoritaire et répressive du gouvernement vise à décourager et à faire peur à
un maximum de monde, en particulier dans la jeunesse des lycées (lycée Arago à
Paris), des universités ou des banlieues, et cela pour protéger une politique
injuste et inégalitaire au service des plus puissants. C’est pourtant bien
cette politique qu’on nous impose qui génère une violence bien réelle au
quotidien pour des millions de personnes. Le pouvoir protège et organise une société où les discriminations sont
nombreuses et se cumulent.
L’Union syndicale Solidaires
revendique la libération immédiate des personnes arrêtées dans le cadre
des manifs du 22 mai et l’arrêt de toute poursuite à leur encontre, la fin
immédiate de l’intervention militaire dans la ZAD et l’interdiction de
l’utilisation d’armes contre des manifestants.
Nous ne nous
laisserons pas impressionner. Nous ne
sommes pas résignés. Nous continuerons à agir et à nous mobiliser pour
défendre les salariés et construire une autre société. Le 24 mai 2018 https://solidaires.org/