L’ordre des
infirmiers
Comment ?
Pourquoi ?
L’UMP
propose, en juin 2006, la création d’un ordre infirmier. A l’assemblée
nationale, la loi n° 2006-1668 portant création d’un ONI (Ordre National
Infirmier) est adoptée le 21 décembre. Fruit d’un lobbying soutenu, la commande
faite au législateur n’est issue que d’une minorité. Seuls 20% des libéraux et
10% des salariés prennent part au vote (soit 1 sur 3).
En
conséquence, la profession d’infirmier est placée sous tutelle d’un ordre
professionnel qui va être le garant de de leurs pratiques médicales !!!
510 000 volontaires désignés d’office devront cotiser 75€ par an pour un
libéral, 30€ pour un salarié, afin d’être autorisés à travailler. « Nous refusons de payer » objectent
les contraints, relayés par Sud Santé sociaux.
L’Etat
cède le contrôle à une officine privée : toutes les dérives peuvent
s’imaginer ! Le code de déontologie est inscrit dans le code de la santé,
l’ordre se l’approprie, le modifie (décret n° 2016-1605 du 15 novembre 2016).
Attention à la milice ordinale !! Cet ordre rappelle celui de l’ordre des
médecins, créé sous Pétain.
L’ordre
se charge de demander au service du casier judiciaire national un extrait du
volet n° 2 pour tout dossier d’inscription (obligatoire !). L’ONI devient
compétent en matière de sanctions disciplinaires, les tribunaux mis en place
alimentent la politique de peur qui s’immisce jusqu’au cœur des soins. La
douleur envahit la vie des soignants ; sous couvert de qualité, de
rentabilité, la pression technocrate torture, et les soignés subissent.
Depuis
sa création, l’ONI est désavoué. Marisol Touraine, en 2013, fit miroiter une
adhésion facultative. La promesse ne sera pas tenue. Cet ordre, cher à l’UMP,
sera maintenu dans la loi de modernisation de notre système de Santé. Il est
obligatoire de s’inscrire, sous peine d’être déconventionné auprès de la CPAM
pour un libéral et non embauché dans une structure pour un salarié. Sollicité
le 24 mars 2017 par l’ONI, le Conseil d’Etat enjoint la ministre de la santé de
produire un projet de décret d’application, fixant les conditions d’une
inscription automatique au tableau tenu par l’ordre. Le soutien gouvernemental
à l’ONI, l’autorise à apposer son logo sur la carte de professionnel de santé,
éditée par l’imprimerie nationale.
En
2012, les infirmier-e-s refusent de payer, l’ordre est endetté (plus de 10
millions d’euros). Les infirmier-e-s cherchent à se désinscrire, en vain.
En
2017, certains subissent du harcèlement de la part de l’ONI qui les menace de
lettres de recouvrement. Tout infirmier non inscrit risque de graves
conséquences : exercice illégal, annulation du diplôme…
Pour
refuser l’ONI, les infirmier-e-s se doivent de rejoindre Ie mouvement social
global, dénonçant la mainmise de l’ONI sur leurs qualifications
professionnelles et imposant une cotisation qui ne se justifie pas. Les
syndicats SUD Santé Sociaux et CGT Santé soutiennent les infirmier-e-s.
Evelyne
Stein