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mercredi 3 novembre 2021

 

Hongrie. Privatisations géantes

 

A l’initiative du gouvernement hongrois, des fondations privées ont pris le contrôle des universités et d’un patrimoine public de plusieurs milliards d’euros. Avec cette privatisation géante d’un genre nouveau, le premier ministre Viktor Orbàn dépouille l’Etat au profit de ses proches, tout en enracinant son influence dans les institutions culturelles et universitaires du pays. En mars 2019, le gouvernement a instauré un nouveau statut juridique, jusque là inexistant en Hongrie : celui de « fondation fiduciaire », décrétée « d’intérêt général chargée de service public ». En avril dernier, trente-deux de ces fondations ont vu le jour, avec une dotation publique initiale de 1,7 million d’euros chacune, pour gérer des actifs jusque là détenus par l’Etat. Elles se retrouvent propriétaires, sans la moindre contrepartie financière, de biens publics importants : un château baroque, un palais en plein cœur de Budapest, un théâtre, la moitié d’une île sur le Danube et quantité d’autres biens immobiliers dans le pays.

 

Ces fondations sont dirigées par un conseil de surveillance nommé par un ministre et leurs membres choisissent leurs successeurs. L’ensemble de ces fondations seront « régulées » par une agence nouvellement créée, dont le président sera nommé par le premier ministre pour un mandat de neuf ans.

 

Les six partis parlementaires, qui se sont rassemblés en bloc d’opposition pour tenter de faire des élections législatives du printemps 2022 un référendum anti-Orbàn, ont vivement réagi : « Le Fidesz (parti parlementaire majoritaire) et les soi-disant démocrates-chrétiens ont pris des mesures pour voler des fonds publics, cacher et consolider des entreprises et des fondations abreuvées de fonds publics », affirme leur communiqué commun. Après la création des fondations, ils ont appelé la Cour constitutionnelle à intervenir : « Par peur d’une défaite électorale en 2022, Orbàn pille les biens publics au profit de ses sbires ».

 

Le bouleversement le plus spectaculaire s’est produit dans l’enseignement supérieur. En moins de deux ans, vingt et un établissements d’enseignement supérieur ont ainsi été cédés par l’Etat à de nouvelles fondations. A Budapest, seules quatre universités ont conservé leur statut, tandis qu’en province toutes sont dorénavant sous le contrôle d’une fondation, à l’exception de l’université d’Eger, cédée à…l’Eglise catholique.

 

L’essentiel des manœuvres juridiques et des privatisations déguisées des grandes universités ont eu lieu en plein état d’urgence, alors que la Hongrie subissait une mortalité record causée par le Covid-19 et que toute manifestation était interdite. Confronté pour la première fois à une opposition unie, le Fidesz anticipe-t-il une défaite aux élections l’an prochain, après douze années de pouvoir sans partage ? Ses adversaires voient dans ces fondations autant de bouées de sauvetage pour les hauts fonctionnaires qui lui sont fidèles, un moyen de miner l’action d’une prochaine administration et de préparer une reconquête de pouvoir. En somme, le contrôle des fondations pourrait permettre à Orbàn de rester au pouvoir sans forcément demeurer au gouvernement.

 

Stéphanie Roussillon, le 26.10.2021

 

sources :

le Monde Diplomatique – septembre 2021 « La Hongrie en coupe réglée »

« Caviar connexion », 2 documentaires sur Arte (octobre 2021)

 

 

encart

 

Les 12 salopards

 

Parce qu’ils estiment que « la surveillance des frontières n’empêche pas les tentatives de passage illégales », douze Etats de l’Union européenne demandent, dans un courrier adressé au vice-président de la Commission, Margaritis Schinas, et à la commissaire aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, de financer sur le budget européen la construction de barrières à leurs frontières pour empêcher les arrivées de migrants.

Ces douze partisans d’une Europe cerclée de barbelés sont l’Autriche, la Bulgarie, Chypre, la République tchèque, le Danemark, l’Estonie, la Grèce, la Hongrie, la Lituanie, la Lettonie, la Pologne et la Slovaquie.

 

Politis 14.10.2021