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Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mercredi 3 novembre 2021

 

Stokamine (suite)

Suite à l'incendie, plus aucun déchet ne sera descendu

 

Il reste actuellement 42 000 tonnes. En 2012, le préfet décide de ressortir les déchets contenant du mercure. Beaucoup pensent que les autres déchets suivront, mais cela s'arrête là. Lors de ces opérations de destockage, il est apparu qu'après 2025, il serait impossible de ressortir quoi que ce soit, les produits seront totalement comprimés dans les alvéoles. Dès lors, les ministres ont commandé des expertises, puis d'autres expertises, puis des études, puis d'autres études... En 2019, Nicolas Hulot demande encore une étude ; le rapport parlementaire demande que « les déchets soient extraits si cela est possible techniquement, afin de ne pas faire peser un risque sur la population et l’environnement, sous réserve qu’un site de stockage présentant de meilleures conditions puisse les accueillir ». Autant dire, personne… Wittelsheim étant le seul site retenu… belle langue de bois !

 

Barbara Pompili se prononcera officiellement pour un enfouissement définitif des déchets.

 

Ceux-ci étant "sécurisés" par des tampons de béton, afin officiellement de ne pas mettre en danger la vie des destockeurs. Dans les associations anti-Stocamine, on pense que c'est surtout pour éviter que soit connu de tous ce qui a été descendu, ce qui ferait mauvaise presse à l'Etat, notamment par rapport au projet de Bure. L'enfouissement définitif est confirmé par un arrêté préfectoral en février 2021. A partir de là, tout va très vite : en quelques semaines, le sable, le ciment sont amenés sur le site : tout est prêt pour reboucher. Les associations attaquent cet arrêté, le tribunal de Nancy leur donne raison et annule l'arrêté pour les raisons suivantes : l’absence de garantie financière de MDPA et le bruit causé par les travaux (durée prévue : 3 ans et demi). L'Etat se pourvoit immédiatement en cassation. Alors que toute personne responsable sait que tôt ou tard, l'eau va s'infiltrer dans les alvéoles, les remplir, se mélanger aux déchets, qui par l'effet de l'écrasement se retrouveront tôt ou tard dans la nappe phréatique.

 

Yann Flory du collectif Destocamine résume bien la situation : " tout ce qu'on nous a dit était faux, s'il y a une leçon à retenir, c'est qu'il faut rester très critique vis à vis de tous les projets industriels, y compris quand ils sont portés par l'Etat. Comment leur faire confiance maintenant quand ils disent que la pollution de la nappe phréatique sera faible et maîtrisée, alors qu'on ne sait pas ce qu'il y a au fond. C'est absurde."

Jean-Pierre Hecht, mineur qui a descendu les déchets, répondant à un journaliste de France 24 : "On parlait bien de stockage, c'était Stocamine, et pas enfouimine ou poubellemine
- Avez-vous le sentiment d'avoir été trompés ?
- Trompé, le mot est un peu faible... Je parlerais de trahison. On s'est bien fait avoir, mais ma grande peur c'est que mes petits-enfants me disent un jour "Vieux c**, t'as foutu le bordel, et t'es pas capable de réparer"... Et c'est dur, très dur à vivre
".

 

Dans cette affaire, l'Etat n'a pas tenu sa parole. La clause de réversibilité n'a pas été respectée. Quand les premiers colis sont descendus, les responsables savaient pertinemment que les alvéoles allaient s'affaisser. Dans le meilleur des cas, seulement une partie des déchets pourra être retirée. Mais il semble qu'on s'achemine vers un enfouissement définitif.

Tirons-en les leçons, et allons tous soutenir les camarades de Bure, où se met en place une gigantesque poubelle nucléaire où tous les risques sont bien sûr parfaitement maîtrisés...

 

Jean-Louis Lamboley, le 25.10.2021

 

encart

Dans cette affaire, tout le monde n’est pas perdant.

Une entreprise s’en est particulièrement bien sortie, Séché Environnement, spécialiste du traitement des déchets dangereux. Séché était client de Stocamine et actionnaire à 30 %. Etonnamment, en 2005, MDPA rachète les parts et les futurs ennuis de Séché, ce qui fera dire à Yves Goefert, maire de Wittelsheim : « Séché est sorti propre, lavé, rasé, du merdier Stocamine, et comme d’habitude, le public va payer pour les conneries des groupes privés ».

A noter que Séché est un groupe en parfaite santé financière, avec un chiffre d’affaires de 673 millions en 2020, 5 000 employés en France, possédant des filiales au Chili et en Afrique du Sud, en pleine croissance puisqu’elle est maintenant spécialisée dans les déchets médicaux, (seringues, etc.), le Covid a été un jackpot pour elle. En fait, tout était organisé pour que les industriels puissent se débarrasser à bon compte des déchets divers et variés.