Nous avons lu
1953. Un 14 juillet sanglant
Oubliée, enterrée, puis
exhumée par l’auteur dans cet ouvrage, cette manifestation à caractère
pacifique a été réprimée par le feu et dans le sang. Le cortège animé par le
Parti communiste de l’époque entendait commémorer, à sa façon, le 14 juillet et
la Révolution française, tout en s’opposant aux cérémonies officielles. En
effet, les flonflons institutionnels magnifiaient l’armée coloniale française
en pleine guerre d’Indochine. L’aspiration nationale des Algériens en France,
encadrés et mobilisés par le MTLD qui avait succédé à l’Etoile nord-africaine
de Messali Hadj, avait mobilisé ses nombreux militants, installés en fin de
manifestation : la souricière était en place. La police française, dirigée
par un ministre de l’Intérieur, dont le nom est aujourd’hui dans les poubelles
de l’histoire (Martinaud-Déplat) et le préfet de police (Baylot), son acolyte,
étaient à la manœuvre. Cette tuerie « républicaine », il était
nécessaire de la sortir de l’oubli ainsi que les articles de presse de
l’époque, les échanges nauséabonds entre Socialos et le très chrétien MRP.
Comme l’a suggéré Pierre Vidal-Naquet, il faut pointer du doigt les
« assassins de la mémoire », ses médias et ses historiens
complaisants, les mêmes qui ont occulté les massacres de Sétif et Guelma en
Algérie, le 8 mai 1945, puis la répression sauvage en 1961, dirigée par Maurice
Papon sous les ordres de De Gaulle. Cet ouvrage est préfacé par l’historienne
Ludivine Bantigny et Jean-Luc Einaudi, l’homme qui a révélé le massacre de
1961. GD.
Maurice Rajsfus,
ed. du Détour, dernière parution
2021, 18.90€