Terrorismes
(édito de PES n° 97)
L’incursion de la branche armée du Hamas dans
une partie du territoire occupé par Israël, s’il remet à l’agenda international
la colonisation de la Palestine, il le fait dans les pires conditions, le
massacre de nombreux civils. Il semblerait que l’histoire s’écrive avec le sang
des innocents et la vocifération des ignares ou prétendus tels. Ils entendent
perpétuer l’impunité d’Israël, de son gouvernement d’extrême droite qui
poursuit la colonisation, l’apartheid et la mise en prison à ciel ouvert des
Gazaouis.
Les Occidentaux, quant à eux, et leurs
supplétifs de tous ordres entendaient ensevelir la distinction entre occupant
et occupé, colonisateur et colonisé, humilié et tortionnaire. La vague de
colère engendrant les massacres et la soif de vengeance produisent l’innommable :
d’une part sacraliser les massacres, les martyrs palestiniens, et de l’autre,
animaliser les morts ennemis, ensevelis sous les décombres. La polémique sur la
question du terrorisme tendrait à démontrer que les terroristes n’utilisent que
des kalachnikovs contre les populations civiles et qu’en revanche, il serait moral de bombarder les populations gazaouies
(femmes, enfants, vieillards…)
Les dominants voudraient également transformer
ce « conflit » en une guerre de religions entre islamisme et
judaïsme, qui conduirait à une sorte d’apocalypse. De sinistre mémoire, on se
souvient de la sentence des guerres de religions : « tuer les tous, Dieu reconnaîtra les siens ».
Ce n’est même plus la loi du talion, « œil
pour œil, dent pour dent », mais « pour un œil les deux yeux », pour une dent « toute la gueule ».
L’injonction répétitive de désigner le Hamas
comme groupe terroriste n’est qu’une instrumentalisation pour marginaliser tous
ceux qui défendent la libération nationale du peuple palestinien. Il s’agit
également d’obliger à s’aligner sur les Etats-Unis et le gouvernement
Netanyahou, et ce, tout en tentant d’imposer une police de la pensée. Faut-il
rappeler la révolte des Cipayes en 1857 en Inde, cette mutinerie s’en prenant
au colon britannique de manière sanglante, tout comme les représailles
indiscriminées de l’armée britannique ? On peut évoquer également la
guerre d’Algérie, les grands attentats de 1954 et leurs 10 morts, la bataille
d’Alger en 1957 où les bombes furent suivies de tortures et de « corvées
de bois » et, auparavant, les enfumades massacrant, de manière
« terroriste »(?) les Bédouins et autres tribus.
Groupe terroriste, Etat terroriste ? Propos
favorisant le terrorisme ? Faut-il, pour satisfaire Darmanin et policer la
pensée dominante, supprimer la fin du chant
des Partisans : « ohé les
tueurs à la balle et au couteau, tuez vite » et la Marseillaise qui
proclame « qu’un sang impur (celui
de l’ennemi) abreuve nos sillons » ? Ces propos
« terroristes » doivent-ils être supprimés ?
Bref, le mot terroriste n’explique rien :
ridicules et dangereux sont ceux qui le manipulent.
GD, le 31.10.2023