De
pitoyables pitres
(Editorial de PES n° 61)
Avant
l’ouverture de la séquence de confinement, nous eûmes droit à des dénégations
ahurissantes, suivies d’un revirement révélant la bêtise crasse de la caste
politicienne. La chronologie des faits parle d’elle-même. Ce fut Macron et sa
Brigitte, le 5 mars, au théâtre : tout va bien, sauf qu’il y a un nombre de
Gilets Jaunes les obligeant, pour éviter les huées, à se dérober sous bonne
escorte par la petite porte. Comme pour payer le prix de cet affront
présidentiel, le 7 mars au soir, les manifestants eurent droit à la castagne.
Dans le même temps, le virus jaune faisait des dégâts en Chine, en Corée, les
Bourses dévissaient. L’Italie était touchée. Pourtant, fin janvier, Buzyn
n’avait-elle pas déclaré « le virus
restera à Wuhan » ! C’était nous refaire le coup du nuage de Tchernobyl !
Le 11 mars, Macron en remettait une couche : « nous ne renoncerons à rien… surtout pas aux terrasses, aux salles de
concert, aux fêtes… ». Le 12, Blanquer : « il n’y aura aucune fermeture d’écoles ».
Patatras ! Le soir-même, il était démenti. Martial, se présentant en petit
père de la nation en péril, Macron déclarait la guerre au virus qui avait
franchi nos frontières ; les écoles seraient fermées. Le 14, son premier
sinistre confirma ce que l’on pressentait : confinement général, aux abris,
mais l’économie devait continuer de tourner. Le 16, il tançait ceux qui ne
respectaient pas ses consignes. Puis vint sur nos écrans, Martin Hirsch, le
massacreur des hôpitaux de Paris, nous suppliant de nous protéger… sans masques
et sans moyens, y compris pour les hospitaliers en première ligne.
Le
même aveuglement, suivi d’une lucidité ahurie, se répandait chez Trump, Johnson
et aux dirigeants, « bas du front », des Pays bas. A Londres,
l’homme aux mèches blondes ébouriffées, affirmait, sans rire, qu’il fallait
laisser faire. Tous seront frappés mais tous ne mourront pas. La loi du marché
de la mort ferait le tri, le plus grand nombre serait immunisé ! Casse-cou !
lui répondirent des scientifiques, « sans
confinement, c’est 510 000 victimes » ! Revenu à la raison,
le 1er ministre restait perplexe : les hôpitaux publics
pressurisés pendant tant d’années pouvaient-ils tenir le choc ?
Chez
nous, le cocasse et le pitoyable faisaient bon ménage. Restez chez vous, mais
allez aux urnes, il faut sauver la démocratie ! Pas bien nombreux, des
électeurs s’y rendirent, la peur au ventre. Le clou de la soirée, ce fut
l’effondrement de Buzyn ; celle qui avait abandonné le front hospitalier
pour la conquête de Paris, suite aux frasques rocambolesques de Griveaux, se
trouvait bien marrie, reléguée en 3ème position. Elle craqua : « je n’ai plus de travail », « ces élections c’était une mascarade ».
« A chaque meeting, j’y allais la
peur au ventre ». Au moment du vote, elle perd toute contenance, elle
a oublié sa carte d’identité et envoie derechef un de ses larbins la récupérer
chez elle… Puis vient le moment de déposer son bulletin dans l’urne, et pas
moyen de déboucher, avec diligence, le flacon de gel hydroalcoolique pour
Madame ! C’était d’un guignol ! lui faisant perdre toute retenue, le
remord affluant, elle cracha le morceau : « Je savais, j’ai averti le président le 11 janvier puis Edouard Philippe
le 30 janvier », « il va y
avoir des milliers de morts ». Affligeant pour celle qui était restée
de marbre face aux hospitaliers scandant « l’Etat compte ses sous, on va compter les morts ».
Depuis,
les décideurs très responsables… se cachent derrière le petit doigt d’un comité
d’experts médicaux et encense, sans vergogne, ces dévoués médecins et
infirmiers qui font face à la pénurie de moyens.
Bref,
toute fiction est en deçà de cette réalité d’une morbidité croquignolesque.
Mais, le pire nous attend peut-être : comme à la guerre, des sacrifices
vont être exigés afin de rembourser la dette explosive et restaurer les profits
de la minorité dérisoire des rentiers du Capital… Déjà, au Sénat, le gras
double Larcher s’active pour supprimer les 35 heures, réduire les congés, et
geler les salaires. On aura bientôt droit au « retroussez vos manches pour la reconstruction ». Reste, à la
fin du confinement, à démasquer, dans la rue, Macron et Cie, ses pitoyables
pitreries déversées avec la grandiloquence qui sied à sa rhétorique ampoulée.
Ce devrait être la dernière séance de ces acteurs du film noir qu’ils nous ont imposé. Le
pourra-t-on ?
GD
le 25.03.2020