Tous
irradiés ? (1)
Que
peuvent avoir de commun, la campagne champenoise et le sud de l’Alsace au bord
du Rhin ? Le même mépris
irresponsable pour les populations.
A
20 kms de Reims, à Moronvillars, un
immense terrain de 500 hectares. Le Maire, M. Girard, a beau s’évertuer à
interroger l’Etat sur le devenir de ce site, « Secret Défense » est
la seule réponse laconique qu’on lui adresse… Et pour cause ! Le site,
occupé par le Commissariat à l’Energie Atomique de 1957 à 2013, a servi de
terrain d’expérimentation pour tester l’amorçage de la bombe atomique, et ce,
dans la plus grande opacité. Contrôlé, à l’origine, par 48 gardiens, employant
250 salariés, il a été déserté, ne laissant sur place que quelques vigiles et
des tonnes de déchets. Au mépris de la loi, la dépollution n’a jamais été
entreprise. Il a fallu qu’un quidam y pénètre, qu’un labo indépendant (la
CRIIRAD) (2) s’en mêle pour découvrir que ce coin de la campagne n’était qu’une
poubelle : des fûts métalliques
à la radioactivité importante, des sacs stockés sous tentes tout aussi
répulsifs, 2,7 tonnes d’uranium appauvri et même 50 ogives non éclatées, coincées
au fond d’un puits ! Que la campagne est belle… avec sa rivière voisine et
sa nappe phréatique en voie de contamination par le tritium et le béryllium… Face
à ces révélations diffusées en sourdine, l’Etat s’est voulu transparent à sa
manière : une commission « d’information » composée d’experts
triés sur le volet s’est mise en place. Elle se réunit une fois par an, les
téléphones portables des participants sont confisqués, les enregistrements
interdits, le public et la presse écartés comme le Maire de la commune !
Sûr
que le démantèlement laborieux de la centrale de Fessenheim va nous permettre d’autres joyeusetés toxiques… dans l’intérêt
général ! L’évacuation du combustible irradié ne commencerait qu’en 2029
et le cœur de chaque réacteur bourré d’uranium enrichi, serait stocké pendant 8
ans dans des piscines pour en diminuer la radioactivité. Pendant cette période
à hauts risques, la centrale, toujours exposée aux risques sismiques, disposera-t-elle
de groupes électrogènes ou de diesels de secours qui lui font défaut malgré
l’obligation édictée en 2018 ? Pas de réponse à la question de savoir que
faire lors d’un « incident » interrompant l’alimentation électrique
et le pompage de l’eau ! Et pourtant, en haut lieu, averti, on sait que
« si la piscine se vide en eau, le
combustible irradié s’auto-enflamme provoquant un incident majeur » !
Ne vous inquiétez pas, braves gens, il faut 5 ans d’opérations préparatoires
avant le début du démantèlement. Il est prévu en 2035. On est si peu concerné !
Les déchets ultimes enfouis à Bure, ce coin de campagne en Meuse qui serait
resté presque secret, si des activistes n’y avaient été évacués manu militari à
plusieurs reprises ! Quant à la masse des déchets résultant du
démantèlement de la centrale, il est prévu qu’une usine implantée à Fessenheim
fasse l’affaire. Elle est destinée à fondre l’acier, les cuves du réacteur et
autres générateurs de vapeur pour fabriquer, in fine, des objets de
consommation courante comme des casseroles… Bon ! De l’autre côté du Rhin,
les réticences obligeront peut-être à éloigner cet objet de retraitement que
les Allemands ne sauraient voir s’installer à la porte de leur frontière !
L’avenir irradié nous est promis !
Serve
Victor,
(1) D’après de cours articles du Canard enchaîné et du Monde
(2)
CRIIRAD – Commission
de Recherche et d’Information Indépendantes sur la RADioactivité
Orano
E. Philippe décrète qu’Orano doit démanteler
enfin, au Tricastin, une installation avec ses 30 000 tonnes d’uranium
accumulés, à finir dans 31 ans, promesse de nucléocrate !
Rappel : démonter Brenillis n’est pas fini
après 35 ans ! Il faut plus de temps pour détruire que pour
produire ! Mais, au fait, qui va payer tout cela ? Silence, on
tourne !
www.trazibule.fr/
n° 143
Corruption
agricole
Le New York
Times publie qu’une large partie des 60 milliards (40 % du budget européen)
de subventions pour la Politique Agricole Commune est détournée au profit
d’oligarques des pays de l’Est. Une véritable mafia agricole profite d’un
système de corruption à grande échelle au plus haut niveau des Etats : les
oligarchies locales fraudent et détournent les subsides européens.
République tchèque : le 1er
ministre a piqué 40 millions en 2018. Hongrie : Viktor Orban a cédé des
milliers d’hectares à ses proches pour les enrichir de subventions.
Bulgarie : 100 structures juridiques touchent 75 % des aides. Indexées sur
la taille des exploitations, ces subventions favorisent l’émergence d’immenses
ensembles fonctionnant avec très peu d’emplois et en mode agro-industriel. La
PAC freine donc le développement rural, son but initial, car cela conduit au
maintien d’une paysannerie sans terre, exploitée par ces grandes structures
agricoles. Trazibule n° 144