Ils, elles luttent
Au Pérou, lutte des villageois du Machu Picchu
Les
touristes se précipitent au Pérou pour la majestueuse cité inca du 15ème
siècle, le Machu Picchu, mais ne s’intéressent guère aux populations qui y
vivent. Un millier de petits agriculteurs répartis dans 18 villages du site
historique de 37 000 hectares ne voient aucune retombée de la manne touristique. Ils se sont
soulevés à la mi-décembre 2022, soutenant la révolte paysanne exigeant la
démission de Dina Boluarte après l’incarcération du Président Pedro Castillo.
Ils ont bloqué les routes d’accès au Machu Picchu, contraint de fermer du 21
janvier au 15 février. Cette grève de 45
jours est l’un des conflits les plus longs et les plus durs qu’ait connus
le district. Mais ils n’ont rien obtenu, ni au niveau national (le Congrès a
refusé de convoquer de nouvelles élections), ni au niveau local. « L’argent du Machu Picchu n’arrive pas
jusqu’à nous, les paysans, qui en avons vraiment besoin pour l’éducation, la
santé, les infrastructures. C’est une région riche avec beaucoup de
pauvres. Si quelqu’un tombe malade, il doit aller jusqu’à Cuzco, entre 2
et 5 heures de marche et de route ». Ils pratiquent une agriculture
qui leur permet juste de survivre. Pourtant, les retombées économiques du site
le plus visité du Pérou sont énormes (50 millions€/an) dont 10 % reviennent à
la municipalité. L’autre problème est le quasi-monopole d’une poignée
d’entreprises sur la gestion de la voie de chemin de fer ; les trains
réservés aux locaux sont très rares et les tarifs des trains de touristes sont
inabordables pour les paysans qui veulent se rendre au marché pour vendre leurs
produits. Les habitants, réunis au sein du Front
de défense des communautés du district, sont déterminés à poursuivre la
lutte pour une meilleure redistribution des richesses.