Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


vendredi 6 octobre 2023

 

 Attal, le petit démagogue

 

Et de trois ! Ça tourne au ministère de l’Education ! On n’a pas eu le temps de connaître Ndiaye que voici déjà le suivant, Attal, ce « petit très ambitieux », inventif pour capter l’attention des médias sur… l’abaya, juste au moment où sa promesse qu’« il y aura un professeur devant chaque classe » n’est pas tenue. Place à l’uniforme ? Pardieu, Attal se prendrait pour Charles Martel terrassant une invasion arabo-musulmane à l’école (1). Restera-t-il dans l’histoire ? Non ! Il tente seulement de détourner le regard des mécontents en cette rentrée 2023.

 

Quelques jours après la rentrée, c’est le harcèlement qui s’invite à l’école. Un jeune lycéen se suicide et 3 jours plus tard, un jeune harceleur de 14 ans arrêté, font la une des journaux.  Attal se répand dans les médias. J’ai la solution : un questionnaire à tous les élèves, la création de « brigades » anti-harcèlement (il est décidément très guerrier !) et… des cours d’empathie. Renforcer les effectifs des infirmières et des médecins scolaires, donner du temps aux profs pour discuter avec leurs élèves ? Vous n’y pensez pas ! Et pourtant, les chiffres parlent : une infirmière scolaire dans l’Hérault témoigne : elle est chargée de plus de 3 800 élèves entre le collège et la douzaine d’écoles primaires du secteur. Les infirmières sont 7 700 pour 10 000 collèges et lycées et 15 000 écoles. En 10 ans, les médecins scolaires ont perdu 20 % de leur effectif (ils sont 900 pour 12 millions d’élèves) alors que 10 % des élèves sont victimes de harcèlement.

 

Le droit à l’éducation n’a pas fait un pas en avant. Au contraire. Mi-septembre, 13 500 lycéens (dont 2/3 sont en lycée professionnel) n’avaient pas trouvé un établissement d’accueil. Et pour les enfants handicapés ?  Cocorico ! Ils sont de plus en plus nombreux à être scolarisés  mais on ne nous dit pas que certains ne vont à l’école que 2 à 3 heures par jour… Les mineurs étrangers et les élèves allophones subissent la même discrimination. Guyane et Mayotte comptent de plus en plus d’enfants non scolarisés. Le système scolaire français ne compense pas les inégalités de naissance, la France est l’un des pays les moins performants dans ce domaine. Attal devrait lire le code de l’éducation précisant que le service de l’éducation est conçu et organisé en fonction des élèves.

 

A peine installé au poste ministériel, il claironne : « Chaque élève aura chaque jour de l’année un professeur face à lui car nous aurons des professeurs heureux d’enseigner » grâce au pacte enseignant. Un vrai conte de fée ! Les enseignants ont vite discerné le subterfuge et ils ne signent pas de pacte avec le diable du « travailler plus pour être payé plus » ou « comment faire travailler plus les profs sans en recruter de nouveaux » ? En payant ceux qui accepteront des missions supplémentaires, (des « briques » de 18 à 24 heures/an) pour des missions souvent déjà assumées (dispositif « devoirs faits », soutien en français et en maths en 6ème…). Le pacte ne revalorise ni le métier, ni la rémunération. C’est un virage vers une fonction publique d’emploi où la rémunération évolue en fonction des missions. Il dissout les collectifs et les solidarités pédagogiques et rend corvéable à merci. Il permet surtout de remplacer n’importe quel collègue dans n’importe quelle classe à n’importe quel moment.

 

Ça ne passe pas… alors Attal va écouter. Il lance une grande concertation (c’est original !!) sur l’attractivité du métier d’enseignant pour proposer un plan global fin 2023. Encore un ! Les enseignants sont échaudés : la promesse de 10 % d’augmentation n’a pas été tenue, 3 000 postes ne sont pas pourvus, nombre d’élèves n’ont pas de profs, même dans les classes de 1er et terminale ; il manque au moins un prof dans 48 % des collèges et lycées et l’emploi du temps est un bricolage permanent.

 

Lors de la rentrée universitaire, les étudiants ont constaté les mêmes carences en matière de conditions d’accueil : la décrépitude des établissements, le manque d’enseignants... Tout pour décourager les étudiants qui vont préférer le privé (pour ceux qui peuvent). Macron a déjà désigné les coupables : les directeurs d’université « devraient faire beaucoup mieux » avec leurs budgets. La ministre Retailleau somme les universités de puiser dans leurs économies pour financer les mesures de pouvoir d’achat des fonctionnaires. Pas question répondent les universités, ce serait au détriment de la rénovation thermique des bâtiments et de la vraie priorité, à savoir, la lutte contre la pauvreté des étudiants.

 

Quant à l’enseignement professionnel, il vient d’être « réformé » pour faire d’enfants de 15 ans, majoritairement issus des classes populaires, de la main d’œuvre pas chère pour les métiers les plus pénibles. Les formations, jugées « non insérantes » dans les entreprises, sont supprimées pour ne conserver que celles répondant aux besoins économiques locaux. Le doublement des périodes de stage, prévu dans la « réforme » a été remisé, suite à la fronde des profs et des entreprises. Malgré tout, le gouvernement continue à promouvoir les stages rémunérés 50 à 100€ par semaine, soit entre 1.40 et 2.80 €/heure, le tout payé par… les finances publiques. Bingo !

 

Les enseignants, étudiants, parents d’élèves savent ce qui se cache derrière tous ces artifices : la suppression du service public et l’ouverture encore plus large à la privatisation.  Même si l’on nous annonce que le budget de l’Education nationale est boosté dans le budget de l’Etat pour 2024, plus personne n’y croit. Espérons que cela suffise pour agréger les colères, alimenter les mobilisations à venir. Attal n’aurait été, dès lors, qu’une comète de plus, déjà disparue.

 

Odile Mangeot, le 27.09.2023   

  

(1)   Poitiers en 732. Les historiens contestent cette « invasion » pour la reclasser en un simple raid de pillage