Attal, le petit démagogue
Et
de trois ! Ça tourne au ministère de l’Education ! On n’a pas eu le
temps de connaître Ndiaye que voici déjà le suivant, Attal, ce « petit très
ambitieux », inventif pour capter l’attention des médias sur… l’abaya, juste au moment où sa promesse
qu’« il y aura un professeur devant
chaque classe » n’est pas tenue. Place à l’uniforme ? Pardieu, Attal se prendrait pour Charles Martel
terrassant une invasion arabo-musulmane à l’école (1). Restera-t-il dans
l’histoire ? Non ! Il tente seulement de détourner le regard des
mécontents en cette rentrée 2023.
Quelques
jours après la rentrée, c’est le
harcèlement qui s’invite à l’école. Un jeune lycéen se suicide et 3 jours
plus tard, un jeune harceleur de 14 ans arrêté, font la une des journaux. Attal se répand dans les médias. J’ai la
solution : un questionnaire à tous les élèves, la création de « brigades » anti-harcèlement (il
est décidément très guerrier !) et… des cours d’empathie. Renforcer les effectifs des infirmières et des
médecins scolaires, donner du temps aux profs pour discuter avec leurs
élèves ? Vous n’y pensez pas ! Et pourtant, les chiffres parlent :
une infirmière scolaire dans l’Hérault témoigne : elle est chargée de plus
de 3 800 élèves entre le collège et la douzaine d’écoles primaires du
secteur. Les infirmières sont 7 700 pour 10 000 collèges et lycées et
15 000 écoles. En 10 ans, les médecins scolaires ont perdu 20 % de leur
effectif (ils sont 900 pour 12 millions d’élèves) alors que 10 % des élèves
sont victimes de harcèlement.
Le
droit à l’éducation n’a pas fait un pas en avant. Au contraire. Mi-septembre, 13 500 lycéens (dont 2/3 sont en
lycée professionnel) n’avaient pas
trouvé un établissement d’accueil. Et pour les enfants handicapés ? Cocorico ! Ils sont de plus en plus
nombreux à être scolarisés mais on ne nous dit pas que certains ne vont à
l’école que 2 à 3 heures par jour… Les mineurs étrangers et les élèves
allophones subissent la même discrimination. Guyane et Mayotte comptent de plus
en plus d’enfants non scolarisés. Le système scolaire français ne compense pas les inégalités de
naissance, la France est l’un des pays les moins performants dans ce domaine. Attal
devrait lire le code de l’éducation précisant que le service de l’éducation est
conçu et organisé en fonction des élèves.
A
peine installé au poste ministériel, il claironne : « Chaque élève aura chaque jour de l’année un
professeur face à lui car nous
aurons des professeurs heureux d’enseigner » grâce au pacte enseignant. Un vrai conte de fée !
Les enseignants ont vite discerné le subterfuge et ils ne signent pas de pacte
avec le diable du « travailler plus
pour être payé plus » ou « comment faire travailler plus les
profs sans en recruter de nouveaux » ? En payant ceux qui accepteront
des missions supplémentaires, (des « briques » de 18 à 24 heures/an)
pour des missions souvent déjà assumées (dispositif « devoirs faits »,
soutien en français et en maths en 6ème…). Le pacte ne revalorise ni
le métier, ni la rémunération. C’est un virage vers une fonction publique
d’emploi où la rémunération évolue en fonction des missions. Il dissout les
collectifs et les solidarités pédagogiques et rend corvéable à merci. Il permet
surtout de remplacer n’importe quel
collègue dans n’importe quelle
classe à n’importe quel moment.
Ça
ne passe pas… alors Attal va écouter.
Il lance une grande concertation (c’est original !!) sur l’attractivité du
métier d’enseignant pour proposer un plan global fin 2023. Encore un ! Les
enseignants sont échaudés : la promesse de 10 % d’augmentation n’a pas été
tenue, 3 000 postes ne sont pas pourvus, nombre d’élèves n’ont pas de
profs, même dans les classes de 1er et terminale ; il manque au
moins un prof dans 48 % des collèges et lycées et l’emploi du temps est un
bricolage permanent.
Lors
de la rentrée universitaire, les
étudiants ont constaté les mêmes carences en matière de conditions d’accueil :
la décrépitude des établissements, le manque d’enseignants... Tout pour
décourager les étudiants qui vont préférer
le privé (pour ceux qui peuvent). Macron a déjà désigné les
coupables : les directeurs d’université « devraient faire beaucoup mieux » avec leurs budgets. La
ministre Retailleau somme les universités de puiser dans leurs économies pour
financer les mesures de pouvoir d’achat des fonctionnaires. Pas question
répondent les universités, ce serait au détriment de la rénovation thermique des
bâtiments et de la vraie priorité, à savoir, la lutte contre la pauvreté des
étudiants.
Quant
à l’enseignement professionnel, il
vient d’être « réformé » pour faire
d’enfants de 15 ans, majoritairement issus des classes populaires, de la main d’œuvre pas chère pour les
métiers les plus pénibles. Les formations, jugées « non insérantes »
dans les entreprises, sont supprimées pour ne conserver que celles répondant
aux besoins économiques locaux. Le doublement des périodes de stage, prévu dans
la « réforme » a été remisé, suite à la fronde des profs et des entreprises.
Malgré tout, le gouvernement continue à promouvoir les stages rémunérés 50 à
100€ par semaine, soit entre 1.40 et 2.80 €/heure, le tout payé par… les
finances publiques. Bingo !
Les
enseignants, étudiants, parents d’élèves savent ce qui se cache derrière tous
ces artifices : la suppression du service public et l’ouverture encore
plus large à la privatisation. Même si
l’on nous annonce que le budget de l’Education nationale est boosté dans le
budget de l’Etat pour 2024, plus personne n’y croit. Espérons que cela suffise
pour agréger les colères, alimenter les mobilisations à venir. Attal n’aurait
été, dès lors, qu’une comète de plus, déjà disparue.
Odile
Mangeot, le 27.09.2023
(1)
Poitiers en 732. Les
historiens contestent cette « invasion » pour la reclasser en un
simple raid de pillage