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vendredi 6 octobre 2023

Le Drian.

Le VRP des marchands de canons, récompensé

 

C’est l’histoire d’un mec agile pour naviguer en eaux troubles, la vie bien étoffée d’un socialo pur jus, issu du mitterrandisme, devenu macronien après bien des aléas. Pourtant, son dernier fait d’armes par lequel nous allons commencer cette chronique est passé pratiquement inaperçu.

 

Tout commence en 2018. MBS, le pétro-monarque à la réputation ensanglantée, fait cadeau à la France d’un projet culturel mirifique : la cogestion d’un site archéologique, oasis en plein désert, où se trouvent des tombes nabatéennes (civilisation arabe antérieure à l’islam et au christianisme). Pour ce faire, une agence française disposant de 100% de fonds saoudiens est créée. A sa tête est nommé Gérard Mestrallet, le PdG d’Engie, célèbre pour s’être octroyé une retraite chapeau de 21 millions d’euros. Cet ancien conseiller de Jacques Delors a été récompensé, y compris pour ses bonnes œuvres, puisqu’il s’est « dévoué » à la tête de la Fondation Agir contre l’exclusion (FACE) de 2007 à 2020. Mais, tout a une fin. C’est donc Jean-Yves le Drian, 75 ans, qui succède à cet homme de 74 ans. Le Drian aurait préféré succéder à Jack Lang (84 ans) à la tête de l’Institut du Monde Arabe. Mais bon… il est tellement apprécié par MBS et son régime dont il faut obscurcir la face sombre et faire oublier ses turpitudes sanglantes : le journaliste Khashoggi, torturé, tué, découpé, membres dispersés. Sans compter les moins visibles condamnations à mort en place publique (plus de 150 en 2022), les emprisonnements et les bombardements au Yémen, y compris d’hôpitaux et d’écoles. Et ce, malgré le guidage au laser et le canon Caesar que Le Diran a vendus à l’Arabie Saoudite.

 

C’est, entre autres, la raison pour laquelle MBS et sa dictature archaïque ont besoin des Lumières de la culture française. Une énorme vitrine touristique comprenant un immense hôtel haut de gamme creusé dans la roche, un aérodrome pour les liaisons Paris/Al Ula (nom de l’oasis), des musées dorés et la promesse de réalisations de 400 évènements culturels par an. De quoi ébaubir artistes et musiciens qui se précipitent déjà dans ce pays de cocagne, appâtés par des cachets des plus confortables. N’allez pas leur demander de parler des Droits de l’homme ou de la femme, ni des paysans expulsés de leur oasis. Ce ne sont que des fellahs d’un autre temps…

 

Peut-être était-il fait pour endosser ce rôle final. Etudiant, il aurait frayé avec Mai 68, révulsé par les gauchistes, le PSU trop à gauche. Lui, le Breton bretonnant très modéré a pris place à la mairie de Lorient après s’être opposé à son mentor qui lui avait mis le pied à l’étrier. Devenu mitterrandiste et secrétaire d’Etat à la mer, il s’employa à détruire le statut « trop protecteur » des dockers. Sous la 1ère ministre Edith Cresson, avant l’heure, il était déjà néolibéral, mais compromis dans l’affaire URBA, il fut provisoirement mis au rencart. C’était devenu un poisson trop faisandé qu’il fallait laisser reposer…  Sa traversée du désert pour attribution frauduleuse de marchés publics et financement occulte du PS, lui permit de devenir un éléphant du PS. Son rebond fut réussi. Cumulard de poids (maire-député-président de région), il devint recommandable. C’est ainsi qu’il triompha de 2012 à 2017 en qualité de ministre de la Défense. Il y développa tout son talent. Lui, le « saumon rose » qui remontait tous les courants du PS jusqu’au transcourant de son copain Hollande (dit le culbuto pour sa capacité à se redresser quoiqu’il arrive), était désormais à son affaire avec les  industriels de la mort et la clique de généraux bien introduits. En 2012, la France ne vendait que 4.6 milliards d’euros d’armements, en 2016, 20 milliards ! Tous les records battus. Le VRP des marchands de canons s’était évertué à séduire, entre autres, l’Egypte, le Qatar, l’Inde et… l’Arabie Saoudite. Son exploit : réussir à fourguer le Rafale de Dassault jusqu’alors invendable. Le socialo avait bien mérité de la France, lui qui avait su naviguer en soutenant successivement Ségolène Royal en 2007, Hollande en 2012 et puis Macron, après s’être fourvoyé avec le lascar répressif Manuel Valls.

 

Rallié au président des riches, il se voulait la jambe (atrophiée) gauche des macroniens. Lui qui avait œuvré pour délivrer des armes sophistiquées (guidage au laser, canons Caesar) à l’Arabie Saoudite, continua ses basses turpitudes, sans honte apparente, même lorsqu’il fut mis en cause en qualité de ministre des affaires étrangères pour avoir permis la délivrance de deux passeports diplomatiques à Benalla. L’homme n’avait pas démérité, y compris pour la France néocoloniale et ses interventions militaires au Mali puis dans nombre de pays d’Afrique de l’ouest (1).

 

La mission « culturelle » dont est investi le caméléon Le Drian au profit du tyran MBS est à l’image cynique du personnage. Pour naviguer dans le marigot, c’est sûr, pas besoin des Lumières, et comme aurait pu le dire le Gavroche de Victor Hugo, c’est pas la faute à Rousseau.

 

GD, le 2.10.2023

 

(1)   il paraît même que, selon les sondages, sa bonhomie aidant, il fut un temps le personnage préféré des Français… ( !)