Ils, elles
luttent
Contre
l’exploitation des Sans-Papiers
Une
dizaine de travailleurs ont occupé un centre de tri de déchets parisien pour
dénoncer les conditions de travail indignes. Sans papiers, pour certains sans
contrat de travail, salariés depuis plusieurs années de NTI, entreprise
sous-traitante des groupes Veolia, Paprec ou Suez, ils et elles ont occupé un
centre de tri du 28 au 31 août, épaulés par la CGT. Sous-traitante, NTI
fonctionne comme une agence d’intérim, pour compléter les équipes de Veolia ou
de Paprec. Journées de travail interminables, corvéables à merci, accidents du
travail ni déclarés ni indemnisés, payés au forfait (60€/jour) : « Je travaillais pour NTI mais j’étais payé
par une autre société », des sociétés dites « taxi » qui ne
servent qu’au transport d’argent. Que savaient les donneurs d’ordre du statut
de ces salariés ? Comment ont-ils pu collaborer jusqu’à fin 2022, avec une
entreprise dont les dirigeants ont été mis en examen pour « blanchiment
aggravé » un an plus tôt dans une affaire similaire ? C’est un
manquement du donneur d’ordre à l’obligation de vigilance, il peut être tenu
solidaire financièrement des manquements de son cocontractant. A la suite du
mouvement, dix salariés devaient recevoir des promesses d’embauche. Veolia a
assuré qu’il ignorait l’éventuel emploi de salariés sans papiers par NTI. Suez
prétexte la même chose… Un petit coup de pied dans la fourmilière de la
sous-traitance. (infomigrants.net)
Pour la
première fois, une entreprise jugée
dans le cadre de la loi sur le devoir de
vigilance
Et
pas n’importe laquelle : la Poste, entreprise privée à capitaux publics,
détenue par l’Etat via la Caisse des dépôts. SUD PTT l’a assignée en justice
pour l’enjoindre à prendre des mesures dans son plan de vigilance contre les
risques d’exploitation de sans-papiers, par ses sous-traitants. Un collectif de
sans-papiers d’Alfortville a dénoncé l’exploitation au travail et la
responsabilité de la Poste. « Les
cadences, ils savaient, ils savaient aussi que l’on était des sans-papiers. Ils
avaient un devoir de vigilance qu’ils n’ont pas respecté ». Les
preuves sont là : en janvier 2022 l’inspection du travail listait 63 noms
de personnes sans-papiers employées sur le site du Coudray-Montceaux par
Derichebourg intérim, sous-traitant de DPD, filiale de la Poste. L’exploitation
des sans-papiers est un véritable business sur lequel la Poste ferme les yeux.
Suite à l’action, elle a rompu ses contrats avec Derichebourg pour en souscrire
d’autres avec Atalian et ONET. Le nom du sous-traitant change, pas les conditions
de travail. C’est la grève qui l’a fait réagir mais elle refuse de fournir la
liste des fournisseurs de services. SUD exige le renforcement des procédures de
contrôle des sous-traitants. Seul 1% des 400 sous-traitants de la Poste dans le
secteur livraison/logistique a fait l’objet d’un audit sur site. L’avocate de
la Poste a fini par avouer : « il
y a 245 000 salariés dans ce groupe et je ne sais combien d’entités
légales, les plans de vigilance c’est un travail de titan ».Délibéré
le 5 décembre. (sudptt.org)