Nous avons lu
Comment saboter un pipeline
Lors de la COP1
en 1995, les militants pour le climat dénonçaient le bla-bla des instances
internationales. Depuis, les émissions de CO2 dans le monde ont augmenté de 60
%, les Etats-Unis ont intensifié l’extraction de combustibles fossiles,
l’Allemagne a continué à sortir de terre près de 200 millions de tonnes de
lignite par an. Les classes dirigeantes de ce monde ne sont pas troublées par
l’odeur des arbres en flammes, ne s’inquiètent pas des îles qui sombrent,
n’entendent pas les ouragans. Les manifestants sont toujours là, de sommet en
sommet, bloquant les routes, s’enchaînant aux grilles, se collant au bitume, de
plus en plus nombreux et inventifs, comme Greta Thunberg et les vendredis noirs pour le futur
ou Extinction Rébellion (XR), Ende Gelände en Allemagne ou encore 350.org, organisant nombre d’actions non-violentes.
Tout cela pour un résultat en-deçà de zéro. Alors, la non-violence serait-elle
le moyen pour déstabiliser le business
as usual ? L’auteur pointe McKibben (fondateur de XR) attribuant à la
non-violence les victoires sur l’esclavage, la décolonisation de l’Inde,
l’apartheid en Afrique du Sud. Attribuer l’indépendance de l’Inde aux seules
marches de Gandhi, « c’est regarder l’histoire d’un seul œil ». Si le
mouvement des droits civiques aux USA l’a emporté c’est qu’il était flanqué
d’une protection armée (Black Panther Party, Black Power). Pour obtenir des
victoires ne faut-il pas saboter les machines produisant les gaz à effet de
serre, à l’image des sabotages de pipeline en Afrique du Sud sous l’apartheid,
ceux des Palestiniens ou encore au Nigeria et en Egypte ? Et face aux
fatalistes climatiques prêchant qu’il est trop tard, Malm rétorque : la question n’est pas de
savoir si nous pouvons limiter le réchauffement mais si nous
choisissons de le faire. Cela suppose la politisation de la crise
climatique et l’articulation du militantisme pour le climat à une lame de fond
anticapitaliste plus globale. OM
Andreas Malm, la Fabrique, 2020, 14€