Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 29 mars 2020


Le virus de la crise économique qui vient

Face à la confusion qui risque d’être entretenue dans l’opinion, il est nécessaire de rappeler, de souligner, les raisons de la logique néolibérale à l’œuvre depuis la fin des années 1980 du système capitaliste. Autrement dit, ne pas confondre l’étincelle avec la poudre accumulée, le facteur déclenchant avec la composition du mélange détonant provoquant l’explosion.

Quelques rappels

Nombre d’économistes critiques avaient averti : il y aura une prochaine crise mais l’on ne sait pas quand ni comment. A juste titre, le facteur déclenchant est toujours inattendu et les explications fournies par les classes dominantes pour justifier leur impéritie visent toujours à trouver des boucs émissaires. Ainsi, pour ne prendre que les exemples les plus récents, en 1973, ce fut la crise dite pétrolière masquant le dérèglement causé par la crise de rentabilité du capital, ce que laissait d’ailleurs apparaître l’éclatement du système monétaire international deux ans auparavant, et le choix qui fut fait de « libéraliser » les capitaux et d’entreprendre la délocalisation d’entreprises dans les pays à bas salaires.

De même, en 2008, dans un premier temps, l’accusation fut portée sur les responsables de la faillite de la banque Lehmann Brother aux USA, occultant ce qui l’avait provoquée, à savoir la spéculation boursière et immobilière puis la titrisation « mélangeant » les titres à risques avec ceux qui l’étaient moins. Mais, pourquoi donc avoir prêté massivement à des taux d’intérêt variables et spéculatifs à tant de personnes insolvables aux Etats-Unis, en Espagne… et avoir inondé le marché international de ces obligations pourries ? Il faut plutôt se poser la question du comment un tel processus s’est enclenché (voir plus loin). La question du pourquoi risque de nous entraîner, en effet, vers des réponses métaphysiques dénuées de fondement. Au pourquoi Dieu existe ou n’existe pas, il vaut mieux se s’interroger sur comment les religions sont apparues et se sont développées, pour en faire apparaître les processus réels à l’œuvre dans les sociétés et les consciences.

Il en est de même pour la crise sanitaire de 2020 et le manque de moyens pour y faire face, facteur déclenchant de la crise économique déjà là.

Remonter la chaîne des causes

La baisse tendancielle du taux de profit a conduit à tout entreprendre pour la contrecarrer. D’un côté, dans la course à la concurrence, le recours à des machines, des robots, de nouvelles technologies de plus en plus coûteuses, tout comme l’accès aux ressources en matières premières. De l’autre, les décisions de délocaliser dans les pays à bas salaires, de précariser le travail dans les pays centraux, de recourir aux fusions-acquisitions, aux concentrations capitalistiques fondées sur le recours à l’emprunt. Autrement dit, pour faire simple, il s’agit de contrecarrer la hausse de ce que Marx appelait le capital constant dans le système de production (les machines et autres technologies) par la baisse des salaires donc, le prix de la force de travail acquittée par les capitalistes.

Ce fut fait de différentes manières : délocalisations dans des pays à bas salaires possédant une main d’œuvre formée de préférence (Chine, pays de l’Est de l’Europe), dans les usines à sueur (Mexique, près de la frontière des Etats-Unis)… Les pays centraux (Europe – USA…) suivirent la même logique : externalisations, casse des droits conquis par les travailleurs, précarisation du travail, baisse des cotisations patronales, de l’impôt sur les sociétés, suppression de l’ISF, baisse du salaire réel socialisé et différé en recourant aux coupes sombres dans les services publics, dans les indemnités chômage, les retraites…


Le positionnement des trois composantes du capital en fut affecté : le capital financier dominait désormais, le capital commercial (lui-même recourant à la concentration dans les hypermarchés) et le capital foncier et immobilier suivait la même logique. Dans le même temps, l’Etat abandonnait tous ses leviers interventionnistes dans le domaine économique et monétaire (euro). Dans le langage dominant, on parle de manière euphémisée et trompeuse, de crise de la profitabilité, de coût du travail exorbitant, du « pognon de dingue » des prestations sociales, pour justifier cette marche forcée à la rentabilité du seul capital. La source des valeurs produites, de l’exploitation capitaliste sur lesquelles elle repose (la plus-value, c’est-à-dire en langage marxiste, le surtravail ou le salaire non payé) en fut inversée. Le travail devint une charge, les actions leurs dividendes, la rente foncière et immobilière une richesse sans le recours au travail. Et l’on invoqua son « ruissellement » qui ne vint jamais sauf sur le 1% qui accumulait des sommes faramineuses, pour l’essentiel improductives. Enfin, pas tout à fait : les produits importés devenaient bien moins chers que s’ils avaient été produits dans les pays centraux et justifiaient par conséquent le blocage de salaires.

De quelques effets néfastes de la financiarisation mondialisée

On peut citer la montée exponentielle des inégalités, la destruction bien entamée de l’écosystème, autant de constatations qui sont indéniables. On l’aura également remarqué, la crise sanitaire entraîne la paralysie des échanges, des transports et la réduction de l’approvisionnement des produits vitaux. Nous avons affaire, là, à la réalité de la division du travail mondial, à la rupture de la chaîne des valeurs, transportés en masse par conteneurs géants, et au choix d’abandon des productions qui s’avèrent essentielles comme de simples masques de protection, de médicaments… La crise sanitaire ne fait donc que révéler la nature du système capitaliste. Travail à la chaîne, robotisation avaient déjà dégradé, au sein des entreprises, le travail humain mais, à plus grande échelle, on risque d’assister à la destruction de la force de travail. Il suffit de penser à toutes ces intelligences au rebut, SDF, chômeurs, migrants fuyant la guerre… pour pointer du doigt la perte de savoir et de savoir-faire que va susciter la crise économique et sociale.

Etonnement et stupeur ! Macron découvre que des biens et des services devraient être placés en dehors du marché. Ces propos de circonstance ne doivent pas créer d’illusion. Les mêmes recettes renforcées pour sauver le capital seront mises en œuvre, la planche à billets des banques centrales, celle des Etats, est déjà actionnée. Résorber cette montagne de dettes signifie l’exploitation massive des travailleurs. Contrairement à ceux qui pensent que moralement la création monétaire ex nihilo est une aberration, il faut souligner qu’elle n’est qu’une anticipation sur la richesse à créer. Certes, lorsqu’elle ne passe pas par la production comme c’est le cas dans la spéculation, elle est néfaste. Les bulles spéculatives en font foi. L’argent ne crée pas de lui-même de l’argent comme « le poirier des poires ».

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Ces quelques éléments, forcément sommaires, dans le cadre de cet article, doivent renforcer la conviction qu’il est impératif de soustraire le système de production et d’échange des mains des capitalistes ainsi que des Etats et élites, dont elles ne sont qu’une émanation.
C’est d’autant plus vrai aujourd’hui qu’hier, face à la dégradation de l’écosystème : « le capitalisme épuise l’Homme et la nature ». La seule question qui doit nous tarauder est celle de la mise en œuvre de la socialisation des banques, de la souveraineté monétaire, de la socialisation des moyens de production et d’échange, de la relocalisation des activités économiques indispensables et, par conséquent, de la souveraineté alimentaire et des biens essentiels. C’est tout un tissu économique et de services publics qui doit être reconstruit. Ceci implique une rupture avec l’Europe de l’euro, qui déjà se délite dans le chacun pour soi. Les ressorts de ces changements sont à chercher dans chaque formation sociale spécifique au rythme de la lutte des classes à promouvoir. Au demeurant, pour éviter la reconduction du même, et l’accaparement des mobilisations à venir par des réformistes soucieux de préserver le système et d’y trouver leur place, un seul moyen, la démocratie partout et par en bas. Avec les représentants du système, il n’y a rien à négocier et tout à exiger.

GD le 26 mars 2020