Action
contre l’industrie du béton
Le
Comité local des Soulèvements de la terre et Extinction Rébellion
Belfort/Montbéliard, ont relayé l’appel national et appelé à mobilisation le 9
décembre 2023 contre Lafarge et l’industrie du béton. Un rassemblement a eu
lieu devant la mairie d’Héricourt (Haute-Saône) pour dénoncer la politique
dévastatrice d’artificialisation des sols au service d’intérêts économiques de
quelques-uns, du projet, contesté, de création d’une zone d’activités
économiques à Héricourt où des terres sont menacées. Ci-dessous, l’intervention
du Comité SdlT.
Face
au refus du pouvoir politique à véritablement
prendre le virage de la bifurcation écologique, alors que tous les jours la crise environnementale
s'intensifie, que le déclin de la biodiversité
s'accentue, plusieurs de nos camarades, conscients qu'aucune solution ne
viendra d'en haut, ont décidé d'agir.
Le
10 décembre de l'année dernière, ils ont investi durant 15 mn le site de la
cimenterie Lafarge de Bouc-Bel-Air à
côté de Marseille, l'un des 50 sites les plus polluants du pays. En signe de protestation, quelques dégradations ont été
commises, accompagnées de tags et banderoles. Ce qui leur aura
valu de s'attirer les foudres du pouvoir.
Les
05 et 20 juin derniers, 2 vagues d'arrestations complètement arbitraires ont eu
lieu. 31 personnes ont fait l'objet
de perquisitions à leur domicile, pour ensuite être arrêtées et placées en
garde à vue, pour certaines, jusqu'à 96h. Toutes seront
relâchées sans mise en examen, et pour cause, rien ne justifiait ces arrestations. Aujourd'hui le simple
fait de côtoyer, de près ou de loin, des mouvements écologistes, peut suffire à ce que les forces de l'ordre pénètrent chez
vous, retournent votre domicile, utilisent la
force contre vous pour ensuite vous priver de liberté pendant
4 jours.
Depuis,
2 personnes ont été arrêtées et mises en examen, avec, contre elles, des
charges retenues qui relèvent de
l'hérésie. L'une d'entre elles est photojournaliste,
et bénéficie du droit, en tant que journaliste, à couvrir
les évènements. Mais pour le pouvoir
ça ne compte pas. Tous les moyens quels qu'ils soient sont bons pour exercer
des pressions et réprimer les mouvements écologistes. Le 29 novembre
3 nouvelles personnes se sont fait arrêter puis placer en garde à vue.
Et
pour couronner le tout ! Ce sont les services antiterroristes de l'Etat que le
pouvoir a missionnés pour traquer, réprimer des personnes armées
de pinces et de
banderoles. C'est la puissance publique
qui s'abat sur les
mouvements écologistes.
Tout cela participe du processus
de criminalisation d'un pouvoir
qui nous assimile
à des terroristes, et qui par la démesure des méthodes
employées, démontre le soutien zélé qu'il apporte à une entreprise qui, elle,
pourtant, a financé le terrorisme.
Les mobilisations de ce week-end, date anniversaire, sont un soutien
et un signe de solidarité envers toutes les
personnes engagées ce jour-là. Elles sont aussi la démonstration que nous n'en
resterons pas là, que nous continuerons la lutte contre Lafarge,
le monde du béton et tous ceux qui y participent.
Nous ne croulerons pas sous le béton !
Lafarge, c'est le financement terroriste en Syrie.
Durant
2 ans, en 2013 et 2014, en pleine guerre syrienne, l'entreprise a financé des
groupes d'Al-Qaïda et de Daesh. Tout, sauf arrêter la production ! En 2016, 9
des principaux responsables du groupe et du site syrien, ont fait état, lors d’une audition,
de la position stratégique dont bénéficiait la multinationale
au Moyen-Orient, et des profits juteux qu'elle pouvait tirer de la
reconstruction du pays.
Après avoir
plaidé coupable en octobre 2022 aux États-Unis, elle est toujours poursuivie en France, pour « financement du terrorisme », «
crime contre l'humanité » et « mise en danger de la vie d’autrui ».
Parce qu'on
ne se refait pas, cet événement
nous rappelle le passé déjà peu glorieux
de l'entreprise. Durant
la seconde guerre mondiale, quand son dirigeant
participait au gouvernement de Vichy, l'entreprise Lafarge,
elle, collaborait avec le régime
nazi et a largement œuvré à la construction du mur de l'Atlantique.
Lafarge criminel
! Lafarge profiteur
de guerre !
Lafarge c'est le profit d'abord !
A
Bouc-Bel-Air, les fumées de l'usine rejettent, entre autres, des particules
fines de dioxyde de soufre au-dessus des normes autorisées. Elles sont extrêmement polluantes pour l'environnement, et provoquent de graves troubles
respiratoires et irritations oculaires pour la population avoisinante.
Mais
une fois de plus l'environnement et les populations ne sont que des détails qui
ne comptent pas pour l'entreprise,
qui une fois de plus bénéficie du soutien de l’Etat par ses dérogations préfectorales, et peut, en toute impunité, continuer à polluer
sans ne rien changer aux pratiques qu'elle utilise pour produire. Aujourd'hui elle peut donc continuer à brûler des pneus et tant pis pour
l’environnement et les riverains
! À Paris ce sont des boues de ciment, de plastique, tous types de résidus issus de la production, qui sont
déversés dans la Seine.
Partout elle nuit
À Borroso
au Brésil, c’est
toute la ville qui est régulièrement recouverte de ses poussières toxiques.
Au Cameroun,
alors qu'elle brûle
tous types de combustibles pour alimenter ses fours, les cheminées ne sont même pas filtrées.
En Inde,
elle dépossède les habitants de leurs terres
pour ses carrières.
Partout les gens se
soulèvent
En France, au Cameroun, en Serbie, au Brésil
En Suisse,
durant 6 mois,
des militants ont occupé des terres vouées
à l'agrandissement d'une
de ses carrières.
Partout les gens se lèvent contre Lafarge et le monde du béton.
Partout les gens se lèvent contre
un secteur qui, dans tout son processus de production, détruit,
pollue et participe à aggraver la crise environnementale.
D’abord la matière première. Le béton est le premier
consommateur de sable
au monde, la ressource la plus exploitée
juste après l'eau.
Ce sont des carrières
immenses aux 4 coins du globe, c’est une extraction marine démesurée, détruisant la biodiversité partout, sur terre
comme dans les mers.
Ensuite
sa fabrication, le béton à lui seul pèse pour 8% des émissions de CO2 mondiales. Si le béton était un pays, il serait le 3ème plus gros émetteur
de CO2 au monde après
la Chine et les
États-Unis.
Et
pour finir, son usage
Entre
un secteur industriel qui a tout intérêt à nous noyer sous le béton et des
pouvoirs publics, enferrés dans un système
qui nous mène droit dans le mur, c'est l'artificialisation
qui gagne du terrain.
En
France l'artificialisation des sols croît 4 fois plus vite que la population.
Elle est la 2ème cause du déclin de la biodiversité. C'est plus de 30 000 ha qui coulent sous le béton chaque année.
C'est autant d'espaces de prairies, de forêts, de
zones humides indispensables aux écosystèmes qui disparaissent.
C’est autant d'espaces qui ne contribueront plus à lutter contre le réchauffement climatique, qui
ne participeront plus à l'absorption du CO2 et à son stockage.
Ce sont les cycles de l’eau qui en sont bouleversés, les
nappes phréatiques qui en pâtissent, les inondations qui se multiplient, les sols qui sont rendus stériles.
En
30 ans, ce sont plus de 7% des terres agricoles englouties sous le béton.
À l'heure
où les sécheresses s'intensifient et se multiplient, que l’eau se raréfie, que les rendements agricoles sont en chute
libre partout dans le monde, continuer dans cette direction,
c’est ne rien comprendre aux enjeux vitaux que rencontre notre époque. Un
véritable suicide !
C'est
pourquoi nous affirmons qu'avant de nous illusionner avec de la poudre de perlimpinpin,
en nous vendant une pseudo-planification écologique, il faudrait d’abord
commencer par déplanifier.
Aujourd'hui ce sont
des centaines de projets écocidaires que les pouvoirs publics continuent
de financer, d’autoriser, de soutenir, en totale contradiction avec les
objectifs environnementaux de la France
Ce
sont plus de 80 projets de routes et autoroutes alors que nous savons que la
question de la mobilité ne pourra se résoudre que par le transport
en commun.
Ce
sont 16 projets d'aéroport ou d’extension d'aéroport, alors que nous savons qu'il
faut réduire drastiquement le secteur aérien.
Ce
sont des centaines de projets de zones commerciales, logistiques et
industrielles qui partout se propagent.
Penser qu’il est possible de continuer à
croître économiquement en artificialisant les sols est irresponsable. Venant de « nos » élus, cette
irresponsabilité est coupable.
La terre doit redevenir un commun, la
décision de son usage doit appartenir à
tous et non à une petite poignée d’élus.
C'est pourquoi
nous apportons tout notre soutien
et notre solidarité aux personnes mobilisées dans le pays d’Héricourt contre tous ces projets éco-suicidaires d’aménagement du territoire,
qui en plus d’être destructeurs, nous enferment dans un modèle qu’il est
indispensable de dépasser.
Parce
que ce n’est que par la mobilisation que nous pourrons changer les choses,
Parce
que d’autres manières de construire et d’habiter le monde sont possibles,
Soulevons-nous contre les
bétonneurs !