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Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 12 décembre 2023

 

Inflation  et hausse des prix

 

Un abonné nous a demandé d’éclaircir les relations qu’il pourrait y avoir entre l’inflation et la hausse des prix. C’est une question relativement difficile dans la mesure où il n’y a pas véritablement de relations entre des causes déterminées et leurs conséquences.

 

Toutefois, dans la dernière période de la fin des Trente Glorieuses, le capitalisme occidental a eu recours à la mondialisation de la production et des échanges et ce, afin de tenter de restaurer ses taux de profit. Il s’agissait d’utiliser la main d’oeuvre à bas coût, tout particulièrement dans les pays de l’est et certains pays du sud. En effet, pour délocaliser, il fallait pouvoir disposer de main d’oeuvre qualifiée afin que la délocalisation des entreprises et des capitaux puisse être mise en oeuvre à brève échéance.

 

La deuxième condition pour la réalisation consista à obtenir la réduction, voire l’élimination des barrières douanières ce qui fut fait. Ainsi, l’inflation, pendant la période des Trente Glorieuses jusque dans les années 1970-1980, résultait de la baisse tendancielle du taux de profit, alimentée par la concurrence et le recours simultané à des machines et des technologies de plus en plus onéreuses. Cette situation était renforcée par des revendications salariales alimentant elles-mêmes la course entre salaires et capitaux à accumuler. En effet, pour exploiter le travail, il n’y a pas 36 manières : soit on augmente la durée du travail, soit on intensifie, jusqu’au burnout, l’accélération des cadences. Pour sortir de l’impasse, il n’y avait d’autres moyens que celui de la mondialisation. Dès lors, on assista à l’implantation des multinationales dans les pays du sud mais également à la sous-traitance, aux externalisations, pour réduire « le cout de la force de travail » et ce, afin d’augmenter les profits.

 

Enfin, au terme de ce processus de plus en plus chaotique, misant sur des taux d’emprunt très bas, voire négatifs, l’accélération de la croissance mondiale fut de retour. On assista à une accumulation de produits et de capitaux qui trouvèrent de moins en moins de preneurs et les crises se multiplièrent jusqu’à la dernière en date, dont l’ampleur fit penser à celle des années 1929-30. Ce fut la crise des subprimes puis de l’endettement des pays, pour l’étouffer et empêcher sa propagation. L’inflation dans la dernière période s’est réfugiée dans les titres de propriété (les actions) ainsi que dans le capital immobilier, objets tous les deux d’une spéculation démesurée.

 

On en vint même, pour appâter les plus riches, à des prises de position permettant aux entreprises de racheter leurs actions afin de susciter la hausse de leur rendement. Chaotique, cette suraccumulation de capital « obligea » certains patrons à recourir au télétravail, à se délester de l’immobilier, ce qui provoqua la crise dans ce secteur. L’inflation qui était « cachée » jusqu’ici dans le secteur des actifs financiers et bancaires, s’est répandue dans l’ensemble de l’économie.

 

Désormais, ce sont des causes conjoncturelles qui frappent le plus durement les populations les plus fragiles. Il faut  regarder les évènements brutaux qui ont déréglé encore plus la « machine » capitaliste : la guerre en Ukraine avec l’arrêt ou le sabotage de l’approvisionnement en pétrole et en gaz provenant de la Russie à des coûts bien moins onéreux que ceux des Etats-Unis, la décision de l’OPEP de réduire la production de pétrole en organisant une relative rareté, poussant  ainsi à l’augmentation des prix.

 

La guerre en Ukraine, elle-même, crée des goulots d’étranglement dans la chaîne  d’approvisionnement du blé et des céréales d’Ukraine vers les pays du sud.

 

L’après Covid, qui suscita l’arrêt relatif de l’économie, fut marqué à la fois par le déstockage des produits non acheminés du sud vers le nord. Il se heurta à la capacité insuffisante du transport maritime (tankers), autant d’éléments, qui liés à l’inflation structurelle, provoquent effectivement une inflation globale. Se conjuguent en effet les causes conjoncturelles aux causes structurelles (suraccumulation de capital, y compris fictive).

 

Toutefois, les banques centrales, et d’abord la FED (banque centrale états-unienne), ont augmenté insidieusement leurs taux directeurs, provoquant la multiplication des prêts accordés par les banques privées. Il s’agit, dans l’esprit des économistes dominants, de freiner l’activité industrielle et commerciale, de ralentir la croissance capitaliste et ce, dans l’espoir que la conséquence en sera la baisse de l’inflation au risque de la récession qui guette.

 

Gérard Deneux, le 7.12.2023