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mardi 12 décembre 2023

 

Gaza. Emigration ou anéantissement ?

 

Après 49 jours de conflit, 15 000 Gazaouis tués dont 6 000 enfants, des destructions massives, plus de 1 million de Gazaouis contraints de migrer vers le sud, toujours pas de cessez-le-feu, une « trêve humanitaire » de 7 jours a permis la libération de 80 personnes captives du Hamas (il en resterait 160), la libération de 240 Palestiniens prisonniers politiques en Israël ainsi qu’une vingtaine d’étrangers ou binationaux (Thaïlandais notamment travailleurs dans les kibboutz). Mais, le 1er décembre, l’aviation israélienne a largué des tracts sur Khan Younès (sud de Gaza), demandant à la population d’évacuer la zone en allant vers Rafah. L’armée israélienne bombarde à nouveau massivement.

Soutenu par les Etats-Unis et la plupart des pays européens (dont la France), Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite, maintiennent leur objectif de guerre : neutraliser le Hamas en tuant ses chefs, détruire ses infrastructures, chasser les Gazaouis vers la frontière égyptienne, fermée. Jusqu’à quand les « Occidentaux », et principalement les Etats-Unis, vont-ils accepter d’être complices des crimes de guerre perpétrés par l’Etat d’Israël, impunément ? Vont-ils fermer les yeux encore longtemps face aux manifestations de plus en plus nombreuses dans le monde ? 

 

1 – Vengeance inassouvie ou mise en œuvre du Grand Israël ?

 

Trump s’est évertué, au cours de son mandat, à faire reconnaître Israël comme partenaire d’un certain nombre de pays arabes, aboutissant à la signature des Accords d’Abraham de 2020, entre Israël et les Emirats Arabes Unis, puis le Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Ces Accords visent à étendre la coopération régionale diplomatique et commerciale. On comprend pourquoi les Palestiniens ont vécu ces Accords comme une trahison.  

 

Netanyahou chérit, depuis longtemps, le projet de l’annexion de Gaza et de la Cisjordanie et l’expulsion des Palestiniens, pour former ce que l’Extrême-droite sioniste nomme le Grand Israël. Si cette ambition n’est pas unanime chez les dirigeants israéliens, elle ne l’est pas non plus à la Maison Blanche, Biden se positionnant plutôt sur  la  perspective d’un Etat - même si c’est un Etat croupion - reprenant le contrôle de Gaza sous férule d’Israël.

 

Le Grand Israël est ranimé en 2017 par l’actuel ministre des finances, Smotrich, lorsqu’il présente à la Knesset son « plan décisif ». Pour lui et  ses acolytes d’Extrême-droite sioniste, aucun compromis n’est possible entre Juifs et Palestiniens. Il faut maintenir l’’encerclement de l’enclave de Gaza par Israël, annexer la Cisjordanie dans son intégralité et donner le « choix » aux  Palestiniens, soit renoncer à leurs aspirations nationales et continuer à vivre sur leur terre avec un statut inférieur, soit émigrer. S’ils choisissent de résister, l’armée se chargera de « tuer ceux qui doivent être tués », leur refus de se soumettre étant perçu comme une menace existentielle pour les Israéliens. Ce plan serait-il à l’œuvre aujourd’hui ?

 

Tant que les Palestiniens étaient confinés dans leur prison à ciel fermé (Gaza), la plupart des Israéliens ne se souciaient pas de leurs conditions de vie insupportables. Dès qu’ils sont apparus, à nouveau, lors de la Grande marche du retour (2018/2019), les tireurs d’élite israéliens ont tué et mutilé ceux qui se massaient, pacifiquement, devant la barrière de Gaza. Peu de voix protestèrent. C’est dire combien l’enfermement des Gazaouis et la colonisation en Cisjordanie, sont devenus normalité pour la plupart des Israéliens. L’idéologie suprématiste sioniste pèse sur leurs cerveaux. Difficile, face à cette réalité, d’imaginer une société partagée, apaisée, à l’heure où l’idéologie raciste et d’apartheid est au pouvoir. Tout peut être dit, en toute impunité. Ainsi, le ministre de l’agriculture Avi Dichter, membre du Likoud et ancien directeur du Shin Beth(1) : « Nous sommes en train de déployer la Nakba de Gaza. C’est ainsi que cela se conclura », ou Netanyahou qui affirmait le 10 novembre, « qu’après la guerre il n’y aura pas de réinstallation d’Israéliens à Gaza, la recolonisation n’est pas un objectif réaliste », « nous aurons un total contrôle de la bande de Gaza avec la capacité d’y entrer chaque fois que nous le souhaitons afin d’éliminer tout terroriste qui referait surface. Il n’y aura plus de Hamas ».

 

Le 30 novembre, le Hamas annonçait sa volonté de reconduire la trêve, prêt à des négociations graduelles sur la libération des prisonniers israéliens contre les prisonniers palestiniens pour parvenir à un compromis et transformer la trêve en cessez-le-feu permanent. Mais, pour le ministre de la Défense, Gallant « c’est une guerre juste pour le futur du peuple juif, pour le futur d’Israël. Nous combattrons le Hamas jusqu’à ce que nous gagnions. Peu importe le temps que cela prendra ».

 

L’extrême droite israélienne a saisi l’occasion du Déluge Al-Aqsa du 7 octobre pour exécuter son projet de destruction et a envisagé, aussitôt, 3 scénarios pour les Gazaouis : soit ils restent dans la bande de Gaza sou l’Autorité Palestinienne, soit ils sont gouvernés par une autorité mise en place par Israël, soit ils sont expulsés dans le désert égyptien du Sinaï. Cette 3ème solution a la préférence de Netanyahou sauf que l’Egypte d’Al Sissi y est totalement opposée et n’a pas cédé malgré les pressions exercées par les Etats-Unis, Blinken allant jusqu’à lui proposer une aide financière pour alléger la crise économique de son pays ! Voyant que l’Egypte ne cédait pas, le ministère du renseignement israélien a lancé le 19 novembre un appel à la communauté internationale afin qu’elle accueille les Gazaouis et finance leur « réinstallation volontaire ( !)» dans le monde entier.

 

2 – Les Etats-Unis peuvent-ils s’en sortir « propres » ?

 

Biden est pris dans un étau qui se resserre alors que les élections présidentielles approchent. Blinken, son secrétaire d’Etat, déploie l’art de l’équilibrisme diplomatique pour à la fois soutenir Israël, tout en fixant quelques lignes rouges comme celle de refuser une nouvelle occupation de Gaza, tout en admettant la nécessité d’éradiquer le Hamas, ce qui explique son opposition à un cessez-le-feu. Les Etats-Unis prônent la solution à deux Etats et la remise du pouvoir à l’Autorité Palestinienne sur l’ensemble de la Palestine, option partagée par les gouvernements occidentaux, et la plupart des Etats arabes, rejetée par Moscou et Pékin. Mission impossible pour Biden, « embarrassé » par trop de morts, trop de destructions… qu’il ne condamne pas… Il tente de convaincre Netanyahou de repenser son objectif militaire, en évoquant la question humanitaire, le respect des lois de la guerre, pour éviter d’être associé aux crimes de guerre… sans jamais appeler au cessez-le-feu et sans renoncer à l’éradication  du Hamas.      

 

Netanyahou, quant à lui, s’il veut rester 1er ministre, doit contenir ses « faucons » qui n’ont guère apprécié la création d’un Cabinet de guerre (5 membres) au détriment du Cabinet de sécurité (ministres concernés par la guerre). Le Cabinet de guerre a été institué à l’initiative de Biden pour exclure les membres d’Extrême-Droite les plus virulents du gouvernement israélien. Biden a d’ailleurs siégé à sa première réunion étant assuré que les Etats-Unis pourraient faire pression tout au long de la guerre par la présence de Ron Dermer, proche de Netanyahou et de Trump. Ce religieux, étatsunien né en Floride, est chargé des relations avec l’administration Biden. Ce président américain est  impliqué comme aucun de ses prédécesseurs dans l’appareil de décision israélien. Les autres membres du Cabinet de guerre sont trois généraux : Yoav Gallant, ministre de la défense, Benny Gantz et Adi Eizenkot ex-chefs d’état-major (élus de l’opposition de centre-droit) ainsi qu’Arié Déri, chef du parti ultraorthodoxe Shass, représentant les partis fondamentalistes religieux (condamné par deux fois en justice pour corruption et fraude fiscale). La légitimité  de ce Cabinet est contestée, notamment par les deux ministres d’extrême-droite, le ministre de la sécurité Ben Gvir et le ministre des finances Smotrich  qui entretiennent l’agitation dans les rangs du Likoud.   

 

Mais la puissance militaire d’Israël ne saura détruire le Hamas sans causer des massacres et des destructions toujours plus horribles. La fin de la guerre dépendra aussi de l’évolution des combats et de la pression populaire internationale sur Israël et les gouvernements qui les soutiennent. 

 

3 – Les pays arabes et occidentaux vont-ils fermer les yeux encore longtemps ?

 

Vider la bande Gaza de ses habitants, c’est provoquer une nouvelle Nakba. Est-ce cela que soutiennent les Occidentaux et les pays arabes ?

 

Les dirigeants arabes et musulmans ont affiché un front uni lors du sommet  de la Ligue arabe et de l’Organisation de la Coopération Islamique, réunissant le Saoudien Mohammed Ben Salman, le roi de Jordanie Abdallah II, le président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas, le président égyptien Al Sissi, le président iranien Raïssi, le président turc Erdogan et l’émir du Qatar al Thani. Ils ont condamné « l’agression israélienne contre la bande de Gaza, les crimes de guerre et les massacres barbares et inhumains perpétrés par le gouvernement d’occupation ». Ils ont appelé un cessez-le-feu immédiat, à la levée du siège de Gaza et à un accès sans entrave de l’aide humanitaire. Ils ont rejeté le déplacement forcé des Palestiniens vers l’Egypte ou vers la Jordanie. Ils réclament l’arrêt des exportations d’armes vers l’Etat hébreu et ont appelé à une relance du processus de paix pour permettre l’établissement d’un Etat palestinien au côté d’Israël. La seule garantie de stabilité de la région c’est de mettre fin à l’occupation, au siège et à la colonisation. Cela relève, là aussi, relève de l’équilibrisme pour ceux qui veulent préserver leurs relations diplomatiques avec Israël (Algérie, EAU, Bahreïn…). Les pays arabes n’ont pas de position commune sur l’après-guerre même si les deux pays les plus concernés, Jordanie et Egypte, ont réussi à convaincre les pays du golfe d’exiger un cessez-le-feu, ils ne veulent pas faire figure de complices de la logique militaire israélienne.   

 

Les démocrates au Congrès américain commencent à contester l’engagement inconditionnel des Etats-Unis pour Israël et font connaître leurs désaccords, comme l’opposant Bernie Sanders. Il appelle à la fin des bombardements de l’armée israélienne et au droit des Palestiniens à revenir chez eux. Il dénonce les « chèques en blanc » donnés à Israël, à savoir l’aide militaire US de 3.8 milliards de dollars/an auxquels s’ajoutent 14.3 milliards d’une enveloppe exceptionnelle sollicitée auprès du Congrès. « Nous ne pouvons être complices d’actions en violation du droit international et de notre propre sens de la décence » affirme-t-il. Par ailleurs, se développent au sein de l’administration Biden de vives réactions au soutien américain, associant les Etats-Unis aux crimes de guerre d’Israël. Un diplomate a démissionné en dénonçant la livraison d’armes supplémentaires à Israël, pourfendant cette politique « myope, destructrice, injuste et contradictoire avec les valeurs mêmes que nous épousons publiquement ». D’autres diplomates ont rédigé une note recommandant une plus grande vigilance US face à l’opération militaire à Gaza et appelant à un cessez-le-feu. Une lettre signée par plus de 500 employés et responsables d’une quarantaine d’agences gouvernementales appelle « le président Biden à demander d’urgence un cessez-le-feu, une désescalade dans le conflit en sécurisant la remise en liberté immédiate des « otages » israéliens et des Palestiniens détenus arbitrairement, le rétablissement de l’eau, du fioul, de l’électricité et des autres services de base et le passage d’une aide humanitaire adéquate vers la bande de Gaza. Une vaste majorité d’Américains soutient un cessez le feu.

 

Tant qu’il n’y aura pas de solution diplomatique durable, le cycle de violence va se poursuivre

 

4 -  Comment peser sur les gouvernements ?

 

En déposant plainte à la Cour Pénale Internationale (CPI) ? Sans nier l’impact symbolique d’une demande de condamnation d’individus accusés de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, voire de génocide, l’expérience peut faire douter du pouvoir de cette instance.

 

Toutefois, contrairement à ce qui a pu être dit, le refus de ratifier le traité de la CPI par Israël n’est pas un obstacle au droit (cf encart). Dès lors que la Palestine a déclaré se soumettre au droit international, la CPI est compétente dans les territoires occupés et à Gaza et peut y mener des enquêtes. On attend donc que le chef Macron intervienne à la CPI, avec la célérité et vigueur dont il a su faire preuve à l’encontre de l’agression russe contre l’Ukraine. En France, il a fallu attendre le 58ème jour de guerre pour que Macron se décide à demander timidement un cessez-le-feu, au détour d’une déclaration à la COP28 ! A quand les sanctions qu’il a su appliquer (à juste titre) à la Russie ? 

 

Pour autant, il ne suffit pas qu’une plainte soit déposée à la CPI pour que celle-ci s’en saisisse rapidement (2). Suite à l’opération Plomb durci de 2009, le procureur Ocampo, sous forte pression des Etats-Unis, a mis 3 ans pour se demander si la Palestine avait la qualité juridique pour soumettre une telle déclaration. Mme Bensouda lui succédant, a mené un examen préliminaire pendant… près de 5 ans avant d’ouvrir une enquête formelle en mars 2021. A sa décharge, il faut préciser qu’elle faisait l’objet de sanctions de la part de Trump pour son enquête sur les crimes présumés des US en Afghanistan. Biden, arrivé au pouvoir, a levé ces sanctions mais Blinken a réitéré l’objection de la compétence de la Cour pour des ressortissants d’Etats non signataires  du traité de Rome. A l’opposé, lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, en 2022, le nouveau procureur Karim Khan, a lancé l’enquête la plus vaste de l’histoire de la CPI. Reste à savoir si la visite de M. Khan à Rafah et ses déclarations sévères, suffiront pour que des sanctions soient décidées à l’encontre d’Israël, sachant qu’aucun responsable israélien n’a eu à répondre devant un tribunal international des crimes commis au cours de plusieurs décennies de conflit.

 

Dès le 9 novembre, des plaintes ont été déposées à la CPI, visant le Hamas et l’armée israélienne. Trois ONG ont demandé à la CPI de « délivrer rapidement des mandats d’arrêt contre les personnes soupçonnées de crimes commis à Gaza », citant à cet effet le président Herzog, le 1er ministre Netanyahou, le ministre de la défense Gallant. La plainte évoque des « crimes de génocide », « d’incitation au génocide », des « crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ». Par ailleurs, les avocats Gilles Devers (barreau de Lyon) et Khaled Al-Shouli ont déposé une plainte à la CPI, à laquelle se sont joints 500 avocats et une centaine d’associations.  Reste que l’Etat d’Israël n’ayant pas ratifié la création de la CPI (que Netanyahou a qualifiée « d’antisémite » ( !), n’a pas obligation de coopérer… et que Blinken a déjà mis en garde la Cour contre toute poursuite visant des responsables israéliens… Intimidation ?  

 

Notre meilleure arme, pour soutenir les Palestiniens, c’est la mobilisation, les rassemblements  dénonçant l’inaction du gouvernement Macron afin de les contraindre à prendre position pour le cessez-le-feu et à engager les conditions minimales (libération des captifs du Hamas, arrêt de la colonisation, retour des réfugiés…) pour que, dans un avenir à moyen terme, Palestiniens et Israéliens puissent décider, eux-mêmes, de la société dans laquelle ils veulent vivre. Trop de violences, trop de morts, trop de mensonges médiatiques. Les images des familles sur les routes fuyant les bombardements incessants israéliens, les massacres jusque dans les hôpitaux, les témoignages qui commencent à percer, tout cela est en train de renverser l’opinion que les médias avaient conditionnée pendant les premières semaines de guerre. Des mobilisations énormes s’organisent partout dans le monde. En France, la police de la pensée exercée notamment par Darmanin et ses services semble faire long feu ; il ne peut interdire toutes les manifestations, partout, ou arrêter tous ceux qui « auraient des propos qualifiés par lui d’antisémites ». Il faut d’ailleurs s’interroger sur qui attise la haine dans notre pays. Les vrais mots pour qualifier les actes de l’Etat d’Israël doivent être utilisés car ce sont des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, et la volonté de faire disparaître un peuple, ça s’appelle un génocide.

 

Nous devons aussi nous préoccuper des conséquences de la guerre. 3 000 demandeurs d’asile palestiniens sont déjà dans les camps grecs. L’émigration depuis Gaza s’est accentuée. Gouverner, c’est prévoir ne semble pas atteindre les gouvernants européens qui n’ont engagé ni projet, ni réflexion pour leur accueil, ce qui va accentuer le racisme anti-migrants alimenté par l’Extrême-Droite.

 

La prochaine explosion est proche, s’inquiète Gideon Levy du quotidien israélien Haaretz : c’est la colonisation de la Cisjordanie, cette « cocotte-minute va nous exploser à la figure ». Au vu de tous, l’armée israélienne participe activement aux pogroms, maltraite les habitants, les humilie, les arrête et les tue, tout en détruisant les mémoriaux, comme celui de Yasser Arafat à Tulkarem. Près de 200 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie depuis le 7 octobre. Cette semaine, dit-il, « j’ai visité le no man’s land dans le sud des collines d’Hébron. Les choses n’ont jamais ressemblé à cela auparavant. Chaque colon est désormais membre d’une « équipe de sécurité », milice armée et sauvage qui a le droit de maltraiter les éleveurs et les agriculteurs et de les expulser. 16 villages de Cisjordanie ont déjà été abandonnés et l’expulsion se poursuit à plein régime ». L’autre inquiétude se situe au nord d’Israël et le possible engrenage mortifère de la guerre avec le Liban, le Hezbollah et ses alliés (l’Iran notamment).   

 

Les USA recommanderaient à Netanyahou de préparer sa succession. Pour être remplacé par un de ses faucons d’extrême-droite qui s’y préparent ? Sombre avenir. Quelle force de résistance pacifique peut-on espérer voir émerger ?

 

Odile Mangeot, le 4 décembre 2023

 

PS : on vient d’apprendre, ce 9 décembre, que les Etats-Unis se sont opposés à la résolution de l’ONU, instituant le cessez-le-feu, mis à part leur veto et l’abstention de la Grande-Bretagne, tous les autres membres ont voté le cessez-le-feu. Bref, Biden est pour la « paix des cimetières » à Gaza.

 

(1)   Shin Beth, l’un des 3 services de renseignement intérieur israélien, au côté du Mossad et de l’Aman (renseignement militaire)

(2)   selon Reed Brody, avocat américain, le Monde du 17.11.2023

 

Sources : le Monde Diplomatique (novembre et décembre), A l’encontre, UJFP, AFPS, le Monde

 

 

Cour Pénale Internationale

La CPI a été créée par le traité de Rome en 1998 et est entrée en vigueur le 1.07.2002. Siège à la Haye. 123 Etats sur les 193 Etats membres de l’ONU ont ratifié le traité de Rome. USA, Israël, Russie, notamment, ne l’ont pas ratifié, considérant que la CPI est une menace à leur souveraineté politique et économique. C’est un tribunal pénal qui poursuit en justice des individus (et non des Etats) soupçonnés de génocide, crime contre l’humanité, crime de guerre. Les Etats parties du traité de Rome sont autorisés à saisir la CPI. La Cour n’est compétente que si les faits ont été commis sur le territoire d’un Etat partie ou par un ressortissant d’un pays reconnaissant la CPI. La Palestine a ratifié le traité de Rome. Qui peut saisir la CPI ? Tout Etat partie au traité de Rome, le Conseil de Sécurité de l’ONU ou le Procureur lui-même suite à dépôts de plaintes d’individus ou de collectifs.

 

 

« Otages » palestiniens dans les geôles israéliennes (1)

 

Ils sont 6 700 prisonniers – dont 550 condamnés à perpétuité ou à de longues peines – les  périodes de détention sont d’ailleurs renouvelables tous les 3 à 6 mois.

 

La multiplication des incursions en Cisjordanie ainsi que les arrestations arbitraires alimentent ces lieux de privation de liberté : 2 300 « otages » sont en attente de procès, autant sont condamnés, 2 000 sont en détention administrative. Tous ne connaissent pas les charges qui pèsent sur eux, leurs dossiers d’accusation sont secrets et tous font l’objet de traitements dégradants, d’humiliations et de tortures : coups de crosses, yeux bandés, menottés, mains cassées, dents brisées, envoi de gaz lacrymogène dans les cellules… Le plus grand nombre de détenus se sont opposé à l’extension de la colonisation en Cisjordanie, à la destruction de leurs habitations, au vol de leurs terres.

 

Depuis le 7 octobre, les arrestations se multiplient, en Cisjordanie, comme un acte de vengeance et comme moyen d’échange avec le Hamas. Le Parlement israélien, la Knesset, a récemment voté la réduction de l’espace vital pour chaque détenu. Ils sont désormais entassés  au maximum à 10 plutôt qu’à 6 par cellule. C’est là une preuve « d’humanité » (!) pour des « animaux sauvages » comme les désigne le ministre, général, membre du Cabinet de guerre.

 

Depuis 1967, « 1 million de Palestiniens ont été détenus dans les geôles de l’État hébreu : un membre de quasiment chaque famille a été prisonnier à un moment ou à un autre ». Bref, depuis le 7 octobre, la rage s’échange contre la vengeance.

 

GD

d’après l’article de Clothilde Mraffko, le Monde 23.11.2023

Pour en savoir plus : « La toile carcérale : notre histoire de l’enfermement en Palestine » Stéphanie Latte Abdallah (Bayard 2021).