COP 28. A
Dubaï, en plus du sultan,
la cohorte des lobbyistes
Un
des thèmes, qui devrait être traité à cette COP 28, est celui du fonds des
« pertes et dommages », censé compenser les pays les plus pauvres qui
sont les premières victimes du changement climatique alors qu’ils y contribuent
le moins. Ces négociations ont failli dérailler, les Etats-Unis refusaient le
principe de contributions obligatoires. Il semble qu’ils aient eu gain de
cause. Sans obligation, ces engagements sont vains. L’engagement de 100
milliards de dollars annuels, pris à Copenhague, n’a jamais été atteint. Il
faudrait plutôt 500 milliards par an. Jamais cela ne pourra être atteint
volontairement. Le rapport de l’Observatoire européen de la fiscalité note
qu’une taxe de 2% sur la fortune des 3 000 milliardaires les plus riches
du monde lèverait plus de 200 milliards de dollars. Faire passer l’impôt
minimum sur les corporations de 15 à 20% pourrait lever au moins 300 milliards.
A Dubaï ce genre de propositions relève d’un mirage.
L’acronyme
COP renvoie à la formule « conférence des parties ». Or, qui sont les
plus grands pollueurs ? Ce sont les grandes transnationales qui contrôlent
le complexe du secteur des hydrocarbures. Elles ne sont pas officiellement dans
les COP, leur présence est médiée par leurs réseaux de lobbyisme. Ceci n’est
pas sans rapport avec le caractère déclaratif desdites résolutions issues de
ces conférences.
Les
plus grandes entreprises pétrolières et gazières polluantes du monde et leurs
distributeurs ont participé au moins 7 200 fois aux diverses négociations
sur le climat au cours des 20 dernières années.
Depuis
la COP 2003, les collaborateurs confirmés des entreprises de combustibles
fossiles ont participé au moins 945 fois aux multiples sessions de négociations :
ExxonMobil, Chevron, Shell, BP et TotalEnergies.
Tous
les délégués à la COP doivent être accueillis par une délégation officielle
d’un gouvernement ou d’une organisation reconnue dont beaucoup sont des
organismes du secteur des combustibles fossiles. De nombreux délégués ne déclarent pas leur
« affiliation », cela permet à des firmes de combustibles fossiles de
passer inaperçues.
Parmi
les collaborateurs du secteur pétrolier et gazier, c’est Shell qui a envoyé le plus de « délégués » avec au moins
115 laissez-passer accordés par la CCNUCC (Convention-cadre des Nations Unies
sur les changements climatiques. Shell dépenserait chaque année des millions de
dollars en lobbying pour affaiblir les dispositifs ayant trait au climat. Des
représentants de la major italienne ENI,
poursuivie pour éco-blanchiment afin de
favoriser l’augmentation de la production/consommation des combustibles
fossiles ont assisté au moins 104 fois à des COP. La société brésilienne Petrobras au moins 68 fois, BP (ex-British Petroleum) 56 fois et Chevron 45 fois. La fédération japonaise des entreprises
Keidanren a envoyé au moins 473 délégués… Cela montre que les organisations des pays les plus responsables des émissions
mondiales dominent les négociations
sur le climat. Ces résultats n’illustrent que la partie émergée de l’iceberg, les
lobbyistes participent également aux COP au sein de délégations ne trahissant
pas leur affiliation. Patrick Pouyanné,
PDG de TotalEnergies (1) a assisté à la COP 27 au sein de la délégation d’une
ONG allemande, Bernard Looney,
ancien PDG de BP en tant que membre de la délégation mauritanienne. « L’ONU
n’a pas de règles en matière de conflits d’intérêts pour les COP ».
L’étude
montre que l’organisme chargé de mettre en œuvre les politiques mondiales de
réduction des émissions de gaz à effet de serre est totalement pris en main par
les entreprises transnationales qui détruisent le plus la planète. « La
COP doit être libérée des entreprises polluantes, sinon elle devient en partie
responsable de l’effondrement général » affirme Pablo Fajardo de l’Union
des communautés concernées par la pollution de Texaco/Chevron en Equateur.
D’autres
branches polluantes profondément impliquées directement ou indirectement dans
la crise climatique, tels que la finance, l’agro-industrie et les transports,
sont également présentes.
Après
de nombreuses années de campagne de la société civile, dans le prolongement des
appels lancés ces dernières années pour protéger la transparence des
négociations, la CCNUCC a fait un premier pas dans ce sens en juin dernier en
rendant obligatoire la divulgation de l’identité des représentants des
participants à la COP.
Le
chemin de la probité sera encore long ! (ndlr)
(Extraits
de l’article publié par le Corporate
Europe Observatory, le 21.11.2023, paru sur alencontre.org)
(1)
Pour augmenter
son contingent à Charm El-Cheikh, TotalEnergies a trouvé une solution aussi
discrète qu’inattendue : faire accréditer 4 employés supplémentaires par
une pseudo-ONG environnementale allemande (ICD). Cette délégation comprenait
les deux gardes du corps de Patrick
Pouyanné ainsi que le lobbyiste international de TotalEnergies et le
vice-président de l’entreprise chargé des marchés carbone. Leurs noms
côtoyaient ceux de 4 chercheurs taïwanais » le Monde du 12 juin 2023
Pablo et Barrau sont dans un bateau... : le technologie nous sauvera-t-elle ?
à visionner sur youtube : https//youtube.be/Ry2129LhNf0
A voir aussi parce qu'Aurélien Barrau est de plus en plus décapant, son interview à France Inter "Nous sommes des vivants qui n'aimons plus la vie".
https://youtube.be/0TOREhkXXog