Quand les
contre-pouvoirs sont de plus en plus étouffés
2023
a été marquée par de nombreuses mesures
liberticides de la part du gouvernement français. Nombre de manifestations ont
été interdites par les préfets : celles contre la « réforme »
des retraites, contre les méga-bassines
à Sainte-Soline, contre la LGV Lyon-Turin en Maurienne, contre l’autoroute
Toulouse-Castres, celles de soutien au peuple palestinien… En revanche, les
manifestations de soutien à Israël ont toujours été autorisées. Le gouvernement
a voulu dissoudre les Soulèvements
de la terre et a menacé de retirer ses subventions à la LDH !
Criminalisation des militants. Le ministre Darmanin a demandé une enquête « pour
apologie du terrorisme » contre le NPA et la députée LFI Danièle Obono pour
avoir dit que le Hamas était une organisation de résistance. Peut-on encore
prendre des positions politiques opposées à celle du gouvernement ? Soutenir
la politique israélienne n’est-ce pas soutenir un terrorisme d’Etat ?
Certaines
manifestations contre la « réforme » des retraites ont donné lieu à
des arrestations massives et arbitraires. La répression policière à Sainte-Soline
a fait 200 blessés parmi les manifestants.
Les
responsables syndicaux sont traqués. 3 responsables nationaux de la Confédération
paysanne sont poursuivis pour leur présence à la manifestation de
Sainte-Soline. Un responsable CGT d’EDF est passé devant le tribunal à cause de
dégradations survenues durant le mouvement « retraite », non pas en
tant qu’auteur mais en tant que responsable syndical. En réquisitionnant des
travailleurs du pétrole lors de ce mouvement, le gouvernement a, selon les règles
établies par l’OIT, violé le droit de grève.
Seule la vérité blesse. Le libre exercice des journalistes est attaqué : deux
d’entre eux, Ariane Lavrilleux et Alex Jordanov ont été mis en garde à vue sous
le prétexte d’atteinte au « secret défense » mais en fait pour avoir
donné des informations gênantes pour le gouvernement, ce qui a provoqué
l’intervention de Reporters sans frontières
pour obtenir leur libération.
La condamnation internationale de la France.
Tous ces faits expliquent que la
France est critiquée par des instances internationales. Le Conseil de l’Europe
s’est alarmé, en mars, d’un « usage excessif de la force ». Le Haut-commissariat
aux Droits d l’Homme d l’ONU a épinglé la France pour sa gestion des
manifestations contre la « réforme » des retraites et les projets de
méga-bassines. Au sujet de la solidarité avec le peuple palestinien, contrairement
au gouvernement néofasciste italien de Meloni, celui de Macron a interdit à
l’échelle nationale les manifestations. Avec celui de la Hongrie, il est le seul
des pays européens à l’avoir fait.
Qui dit mieux ? Tous ces faits montrent que le gouvernement français
n’accepte pas que des contre-pouvoirs viennent le contrecarrer. Or, ceux-ci ne
sont-ils pas un élément essentiel de la démocratie ? La question est donc de
savoir si Le Pen ferait mieux ou non que Macron en la matière ?
Jean-François
le Dizès, militant internationaliste, auteur de Globe-Trotter. Carnets de voyage d’un bourlingueur militant
(L’Harmatan)