En mémoire de Clément Méric
Clément Méric était
un jeune étudiant brillant, frêle d’allure mais aux solides convictions.
Clément était un
syndicaliste étudiant engagé contre la recrudescence de l’extrême droite.
Il était parfaitement conscient des risques réels du retour de la
peste brune qui gangrène de nombreux pays européens en crise, y compris le
nôtre.
Clément en est
mort le 5 juin, agressé par des
brutes fascistes écervelées, des pit-bulls, comme ils se dénomment eux-mêmes.
Clément, tu es des nôtres, parce que tu resteras dans la
mémoire de ceux qui ne cessent et ne cesseront de rappeler que, depuis 2010,
rien qu’à Lyon, plus de 40
agressions ont été recensées.
En 2012, c’est à coups de battes de base-ball que des
nervis ont provoqué la mort d’un jeune anarchiste à Besançon.
C’est à Toulouse
que le groupe Bloc identitaire a massacré un étudiant chilien devenu
hémiplégique.
C’est à Grenoble
que 6 jeunes communistes ont été agressés à coups de barres de fer et de
matraques.
C’est en 2013 que deux couples asiatiques ont été
molestés par une bande du GUD.
Clément, au nom des AES, je proclame que nous allons
continuer ton combat contre le Front de la haine.
Car nous savons
que le fascisme qui monte,
Ce n’est pas seulement ces milices en germe qui veulent distiller la terreur.
Ce n’est pas seulement les JNR, l’œuvre française, la Troisième Voie,
Génération identitaire, le GUD et nostalgiques de l’OAS et du pétainisme.
Ce n’est pas seulement ceux de Civitas, les nationaux intégristes cathos et
ceux du Printemps franchouillard et homophobe,
Ce n’est pas seulement ces militaires qui, dans la revue l’Arsenal appellent à un putsch et comptent sur des capitaines et
même des généraux installés au sommet de l’appareil d’Etat, comme les généraux
Puga, Devillers ou encore Dary, le co-orgnisateur de la manif pour tous.
Le fascisme ce n’est pas seulement ces apprentis
miliciens et putschistes qui prétendent répandre la terreur et la haine contre
les étrangers, les Maghrébins, les Roms et ceux qui les défendent.
Le fascisme, c’est l’agrégation de trois éléments qui sont en
train de féconder la bête immonde.
C’est d’abord et surtout un programme
social national démagogique tel qu’il est incarné par le FN dédiabolisé.
C’est ensuite, sous le vocable du solidarisme, la volonté de
supprimer, de réprimer les syndicats et
les associations pour instaurer un système corporatiste de collaboration de
classe.
C’est enfin des milices et un chef charismatique qui
rassemble ces trois éléments.
Dans notre pays des ponts mettent déjà en relation ces
trois éléments.
Clément Méric, militant antifasciste, le savait, le
fascisme c’est la dernière solution
utilisée par le système capitaliste en crise après usure des méthodes pour le
maintenir à coups d’alternance d’une gauche
et d’une droite dévouée à le faire prospérer, tout en organisant la régression sociale. Lorsque ces méthodes de gouvernance
austéritaires et autoritaires s’avèrent être des échecs face aux forces de
transformation sociale qui les contestent, le fascisme est là.
Certes, nous n’en
sommes pas là, mais les vautours qui prospèrent sur le désarroi, la misère,
le précariat sont de retour.
La bête immonde est toujours féconde.
Si nous voulons être à la hauteur du combat entrepris par
Clément Méric, il faut la faire avorter quand il est encore temps pour faire
advenir un monde débarrassé du
capitalisme qui l’engendre, un monde
d’égalité réelle et de justice sociale.
Clément, tu savais qui étaient tes vrais amis.
Nous nous souviendrons, nous nous méfierons des
charognards pour continuer ton combat, c’est le nôtre.
Comme l’affirmait Rosa Luxembourg « C’est le
socialisme ou la barbarie ».
Gérard Deneux, au nom des AES, le 12 juin 2013 lors du
rassemblement de plus de 30 personnes à Belfort