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Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


jeudi 13 juin 2019


Décrocher le portrait du Président…
Pour l’amener au plus près des citoyens

C’est ce qui a valu à 6 militants de l’association Non-Violence COP 21 de l’Ain, une comparution au Tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse, le 28 mai, pour « vol en réunion » aggravé par « l’utilisation de la ruse ». 

Nous ne résistons pas à vous rapporter une partie de l’audience, dans l’article de Sophie Chapelle (1). Succulent ! Ah ! Quand l’imagination sera au pouvoir !

Ces lanceurs d’alerte, le 3 mars, ont décroché le Président (enfin… son portrait)  à la mairie de Jassans-Riottier (6000 habitants), pour symboliser l’inaction politique face au dérèglement climatique.

Le Procureur ne l’entend pas de cette oreille « Nous sommes saisis de vol. Nous sommes là pour dire s’il y a infraction ». Le Président du Tribunal refuse l’audition des 3 témoins de la défense considérant qu’ils sont appelés pour « soutenir une thèse ».
Les Lanceurs d’alerte : « On a décroché cette photo pour montrer que l’Etat décrochait de ses objectifs climatiques ».
Le Président : « Vous en avez fait quoi de ce portrait ? »
Les LA : « On le sort pour montrer la réalité climatique. Dans le Beaujolais, par exemple, on a un problème de pesticides. Nous avons amené le portrait lors d’un rassemblement des Coquelicots »
Le Président (qui commence à sourire dans sa moustache - ndlr) : « Vous emmenez donc Macron manifester ? Avez-vous l’intention de rendre cette photo ou y a-t-il des conditions ? »
Les LA : « Il y a des conditions : que la France respecte les engagements qu’elle a signés »
Le Président (qui, décidément y prend plaisir – ndlr) « Donc, c’est lointain ! » plongeant la salle entre rires jaunes et désarroi. Le Procureur, lui, parle de « chantage ». « Au contraire », défend un prévenu, « si on le fait c’est que l’on croit encore en la capacité des politiques. On leur dit « Il faut y aller ! »/

Apparemment, cet argumentaire n’a pas convaincu le Procureur qui, toutefois, n’est pas allé jusqu’à proposer, pour ces deux chefs d’inculpation 150 000 euros d’amende et 10 ans de prison. Des peines bien lourdes au regard d’un portrait, qui, sur le site de la boutique de l’Elysée, coûte 8.70 euros TTC. Il a requis des peines de 2 000 € d’amende pour 5 prévenus et 1 000€ pour celui qui a accepté le prélèvement ADN. Délibéré le 12 juin prochain.

« On a touché un symbole fort, mais ce qui est plus fort c’est l’inaction climatique »

Décrocher le portrait présidentiel dans les mairies est-il « une atteinte à l’autorité de l’Etat » ? Non. Contrairement au drapeau ou à la devise, le portrait ne fait pas partie des symboles de la République, mais constitue une vieille tradition datant de Louis-Napoléon Bonaparte. Rien n’oblige les maires à l’afficher. L’avocat de la défense assure au maire de Jassans-Riottier « Vous n’êtes pas en infraction en n’ayant pas le portrait ». D’ailleurs, « Est-ce qu’on empêche les gens de se marier à Jassans parce qu’on a enlevé un portrait ? Non ! »

« Des ministres ont déjà réagi pour dire leur indignation » (cf encart) précise une militante « mais moi j’attends cette indignation sur le décrochage de l’accord de Paris qui nous menace moi, mes enfants et l’ensemble des êtres vivants sur cette terre. J’attends un zèle là-dessus ! ». Un autre militant d’enchaîner : « J’ose espérer que l’autorité publique ne se résume pas à une photo dans une salle des mariages. Cette action vient après toute une série au cours desquelles on a essayé de faire bouger les choses. Il faut alerter d’une manière supérieure ».

Le Maire « sans étiquette » de Jassans-Riottier, Jean-Pierre Reverchon, s’est constitué partie civile. Il ne comprend pas pourquoi les militants ont choisi sa commune. Les prévenus lui assurent que c’est « au hasard » et non pas la volonté de le viser lui, personnellement. Il est choqué de la méthode utilisée. Le Procureur s’empresse de renchérir : « Le choc est une forme de violence ». « C’est quoi le plus choquant ? » interroge un prévenu « Où est la violence ? Moi, je ne sais plus quoi raconter à mes enfants. Le boulot de ma fille qui est étudiante infirmière, ça va être de gérer toute sa vie des situations d’urgence. Mon fils est ingénieur du son. Je lui dis quoi ? Enregistre les sons des oiseaux, ça ne durera pas ! Et à ma fille de 15 ans, que son avenir se résume à devoir affronter des crises graves ? Vous avez une décision historique à prendre par rapport à cet état de nécessité. L’urgence est là ».

La défense a fait le choix de plaider « l’état de nécessité » qui se fonde sur trois critères : le premier est « le danger réel et imminent ». Le deuxième est que « la mesure doit être nécessaire » : cette action arrive après toute une série de démarches, en quelque sorte un dernier recours. Enfin l’action doit être « proportionnelle au regard de l’enjeu », ce qu’elle était, sans conteste.

A l’extérieur du tribunal, toute la journée a été émaillée par 15 nouvelles actions de décrochages ce qui porte le compteur à 55 portraits au total.  

OM. Extraits de l’article de Sophie Chapelle, paru sur https://www.bastamag.net/ 



Les ministres Bruno Le Maire, Franck Riester et Sébastien Lecornu se sont empressés de condamner ces actions, dénonçant notamment « une atteinte symbolique à nos institutions démocratiques ».  Ah ! S’il n’y avait plus que ça comme atteinte à la démocratie !



Lanceur d’alerte en prison.
Jeudi 16 mai, la justice US renvoie en prison l’ancienne analyste militaire Chelsea Manning pour « entrave à la bonne marche de la justice » pour refus de répondre aux questions sur le fondateur de Wikileaks, Julian Assange. Honneur à cette courageuse grande dame