Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


jeudi 13 juin 2019


Soudan. La contre-révolution à l’œuvre

Dans le numéro précédent de PES, nous avons rendu compte de l’extraordinaire mobilisation populaire au Soudan qui est parvenue à neutraliser une partie de l’armée en sa faveur, a provoqué la chute du dictateur Al Bachir et entamé des négociations avec le Conseil Militaire de Transition. La caste au pouvoir, composée de généraux (y compris des génocidaires), d’islamistes prônant la charia et d’affairistes, a décidé d’instaurer la terreur contre-révolutionnaire, et d’abord, d’en finir avec l’immense sit-in, lieu d’effervescence démocratique campant près du quartier général des forces armées régulières, qui protégeaient les manifestants.

L’opération en cours s’est déroulée en deux temps :

-        Le 31 mai, quelque milliers de personnes entassées dans des centaines de véhicules ont débarqué à Khartoum. Encadrées par des imams réactionnaires, ils se sont déversés dans les rues de la capitale. Ces déshérités, manipulés, refusent toute discussion. Leurs slogans (« le pouvoir aux militaires », « le pouvoir à l’islam ») et les portraits des généraux brandis, sont sans équivoque. L’un des meneurs est explicite : « On est contre le communisme » de la Coalition pour la Liberté et le Changement. Dresser la lie de la société contre le peuple mobilisé n’était de fait pas suffisant.
-        Le lundi 3 juin, à l’aube, plusieurs milliers de miliciens et de militaires, sous la direction du commandant Dagalo, dit Hemeti, entreprennent de démanteler le sit-in, brûlant, saccageant les tentes et tirant sans retenue : bilan provisoire, plus de 107 morts. Le général Al-Burhane à la manoeuvre avec Hemeti, déclare : « Les négociations sont annulées »… « Des élections… dans 6 mois ». Précaution avait été prise, avant l’assaut, de désarmer certaines unités militaires. Quant au quartier général près du sit-in, impuissant ( !), il est resté spectateur.

Le jour même (et les suivants), des barricades ont été dressées dans tous les quartiers de la capitale. Hommes et femmes de tous âges, des enfants, tiennent le pavé. Des révolutionnaires de la Coalition déclarent : « C’est un nouvel épisode de la Révolution », « On est en train de s’organiser, on repart à zéro mais cette fois, ça va être dur, très dur »… Dans toutes les grandes villes du Soudan-nord, la même mobilisation semble à l’œuvre. Aux dernières nouvelles, les responsables de l’Alliance pour le Changement ont plongé dans la clandestinité. Ils appellent à la résistance. Les tueries, les pillages, les viols, perpétrés par les bandes paramilitaires, se poursuivent. Des corps suppliciés sont repêchés dans le  Nil. Les parrains des deux chefs du Conseil militaire, Egypte, Arabie Saoudite et Emirats Arabes Unis, ont donné leur feu vert pour soutenir cette macabre répression…

Assistera-t-on à une guerre civile de longue durée ou à un scénario à l’égyptienne ? A suivre…. Comme les « évènements » qui se déroulent en Algérie.

GD le 7 juin 2019