Notat, la
comtesse du Ségur
A
Macron, pour présider le Ségur de la Santé, il fallait quelqu’un de
suffisamment servile dont la malfaisance d’hier s’était estompée avec le temps.
Qui de mieux que la comtesse de Ségur, pour traiter avec des partenaires
considérés comme une « composition
de nigauds » afin de faire preuve de compassion sur « les malheurs des Sophies » en
blouses blanches (1). Pas sûr que les contes pour enfants soient les bienvenus
dans ce cénacle !
Certes,
elle fut pendant 10 ans à la tête de la CFDT mais pour y accomplir la mue
définitive de cette organisation en société d’accompagnement du néolibéralisme
à visage (in)humain. Tous n’ont pas la mémoire courte et se souviennent de ses
soutiens au plan Juppé en 1995, de comment elle fut conspuée, puis finalement
exfiltrée d’une manifestation qu’elle pensait dévoyer. D’autres savent très
bien qu’elle n’est à l’aise qu’avec le « dessus du panier », avec les
patrons du Medef et du CAC 40 et copine, successivement, des Chirac, Sarko,
Hollande puis Macron. C’est qu’elle adore être reçue dans le palais de
l’Elysée, cultivant ses réseaux. Sa reconversion le prouve, l’association
capital-travail, elle connaît, elle est preneuse de tous les strapontins
lucratifs.
Fondatrice
de la boîte d’audit VIGEO, devenue Moody’s, elle distribue des bonnes notes à
ses commanditaires en développement durable, reconnaît « les bienfaisantes pratiques sociales et
environnementales ». Invitée, elle aime parader dans les assemblées
générales des entreprises… pour mieux alimenter l’actionnariat de son entreprise,
généreusement pourvue (à 60 %) par des banques et des assurances (Société
Générale, Axa…).
La
comtesse est très courtisée, on lui avance de multiples sièges. Ses nominations
sont pléthores : la Haute Autorité contre les discriminations et pour l’égalité
(HALDE), le Conseil de développement durable de la Ville de Paris, les
commissions de réflexion sur la dette publique de l’économie et de
l’immatériel, les groupes de réflexion sur l’avenir de l’Europe, pour la
promotion et la valorisation de l’entreprise responsable… Elle fut même
désignée présidente du Siècle, cette
confrérie très fermée où se rencontrent et palabrent les zélotes du capitalisme
financiarisé : éditocrates, économistes libéraux, politiciens de gauche et
de droite… Déçue, malgré le soutien de Macron, elle avait candidaté pour
représenter la France à l’Organisation Internationale du Travail, les
responsables de l’OIT l’ont jugée trop proche du capital ! Un
comble !
Cette
potiche de luxe se retrouve donc à la tête du Ségur. Sûr qu’elle ne fera pas
d’ombre à Macron. En toute candeur elle a d’ailleurs avoué qu’elle n’avait
« aucune marge de manœuvre »,
elle est aux ordres… Elle doit aimer, comme les contes pour enfants de la
comtesse, la punition pour rester dans le droit chemin.
GD
(1)
La composition des nigauds et Les malheurs de Sophie, sont des livres de la Comtesse de Ségur. La suite
s’appuie sur le Canard enchaîné du 17
juin