Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 29 juin 2020


(Im)postures macroniennes

(éditorial du PES n° 64)

La séquence calamiteuse que vient de vivre le pouvoir macronien où se sont succédé les mobilisations des Gilets jaunes, des Blouses blanches, contre la destruction du code du travail, des retraites, de la santé publique, puis celles des jeunes des quartiers et au-delà, contre les violences policières et le racisme institutionnel, ou encore le mouvement pour la préservation de la planète, ont brisé la verticale du pouvoir. Quant à la casse sanitaire, marquée par l’ineptie et les mensonges d’Etat, elle fut illustrée par l’adoption de postures présidentielles télévisuelles, sans effet sur l’état de l’opinion.

Chef de guerre contre le virus, puis mea culpa tardif et héroïsation des soignants, ces postures n’ont pas recrédibilisé le petit homme. La martingale brandie pour faire accroire que le jupitérien d’hier allait se convertir à la démocratie sociale et participative n’est qu’un coup de poker menteur qui risque de se retourner contre son auteur. Du Ségur à la Convention Citoyenne sur le Climat, tous ces cahiers de doléances sont autant d’attentes en passe d’être déçues. Le petit roi est-il nu ? Pas tout à fait. Le chômage partiel pendant la pandémie, les milliards injectés dans l’économie, donnent quelque crédit à la prétendue volonté de Macron de se « réinventer », tout de suite contredite par « je ne changerai pas de cap » et de remettre sur le tapis le projet de loi sur les retraites et la baisse des indemnités chômage.

Et pointe au coin du bois, le revenant Fillon. A qui profite le « crime » de son élimination, pour détournement de biens publics et recel, ouvrant l’avenue présidentielle au petit Brutus ? Ça risque de faire des remous dans le landernau jusqu’au sommet de l’Etat et de réactiver la revanche de la droite.

Se relégitimer, mais comment ? Quelles impostures pour s’imposer à nouveau ? Réunissant ses généreux donateurs, Macron a laissé percer ses inquiétudes : « Je peux démissionner maintenant et me représenter aux présidentielles, c’est le moment  je n’ai pas d’adversaire crédible, et rejouer le jeu de l’épouvantail Le Pen ». Se ravisant, le deal étant trop dangereux, il en appelle aux Présidents des assemblées parlementaires pour lui faire des propositions, jure qu’il tiendra compte des corps intermédiaires, des territoires délaissés, en appelle à la déontologie policière avant d’absoudre ce corps répressif dont il a un impératif besoin. Puis, il lance des ballons d’essai  (la remise en cause des 35 H, des RTT et même des congés) qui crèvent les uns après les autres dans les sondages. Vite, il faut passer le cap des municipales, cette claque annoncée aux macroniens, en finir avec ces remous dans son parti qui ressemble de plus en plus à une marche en crabe.

Reste le remaniement ministériel, l’abandon du juppéiste Philippe qui lui fait de l’ombre. Ravaler la façade de la monarchie dite républicaine avec de nouveaux visages, serait-ce la solution ?  Dans l’escarcelle de ses cogitations mûrit également l’idée d’un recours au référendum. Pas si simple ! C’est casse-gueule. Alors, solitaire et mutique, il laisse les élucubrations des éditocrates aller bon train. Mais le temps presse. La vague des licenciements menace, les maux du chômage rongent le corps social, la désindustrialisation et les délocalisations risquent de s’accélérer, la colère des Blouses blanches, des Gilets jaunes, noirs, verts et rouges peut s’accumuler. Faudra-t-il dissoudre l’Assemblée pour que tout se termine par des élections pour que rien ne change ? Ce qui est sûr, c’est que le macronisme s’achemine vers un long crépuscule à moins de croire à l’effet salvateur d’une relance de la croissance capitaliste.

Les postures qui se succèderont, dans cette dernière séance du quinquennat, seront autant d’impostures, comme celle de Valls prétendant que les luttes des races succèderont en France à la lutte des classes… tout un programme de guerre contre « les minorités agissantes » qui tente Macron. N’a-t-il pas accusé les intellectuels d’avoir tenu des « discours racisés », « ethnicisant » la question sociale, qui déboucheraient sur la « sécession » de la jeunesse et qu’en définitive, l’antiracisme serait « communautariste » et « séparatiste » ? Cette posture de répression vise à prévenir qu’il fera tout pour empêcher la jonction des luttes des discriminés avec l’ensemble des exploités et des écologistes radicaux. GD, le 26.06.2020