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Les luttes de classes en France au 21ème
siècle
Pour l’auteur, toujours iconoclaste,
l’arrivée de Macron au pouvoir et la mobilisation des Gilets Jaunes, la
persistance réaffirmée des luttes sociales, inaugurent un nouveau cycle. Les
« dégâts de l’euro »
battent en brèche la résignation. La démonstration de cette thèse s’appuie sur
des analyses de la réalité démographique, de la structure de classes de la
société française : niveau de vie, place des femmes, suicides, recours aux
antidépresseurs, inégalités… Cette solide documentation montrant l’évolution de
la société depuis les années 90, l’amène à considérer que le pouvoir est exercé
par une « aristocratie
strato-financière » dont Macron est l’illustration. Sa
« victoire » a été possible grâce à cette petite bourgeoisie qu’il
vilipende, « ces salariés très
moyens », « égarés »,
diminuée mais hypnotisée par le grand manipulateur qui en a fait les
« cocus » de l’histoire. Dénonçant avec brio, cette « longue comédie de pouvoir »
aboutissant à l’oracle funèbre dudit Parti socialiste, ce pourfendeur du prêt à
penser renoue avec les descriptions marxiennes de la lutte des classes en
France. Pour « affronter les forces
cyniques et violentes », de « sadisme
socio-politique », il en appelle même à relire Lénine. Sans une
organisation qui exclut les « mous »
« on ne peut reprendre notre destin
en main ».
On peut ne pas suivre ce chercheur, sur
certaines conclusions, quoique son patriotisme anti-Europe néolibérale, arrimé
à l’euro, pointe pour le moins, que la lutte des classes en France est
inscrite, avant tout, dans la formation sociale nationale. A lire absolument,
comme il fallait découvrir l’un de ses précédents ouvrages sur le phénomène
éphémère « Je suis Charlie ».
GD
Emmanuel
Todd,
Seuil, janvier 2020, 22€