Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 1 juin 2020


BAS LES MASQUES !

La crise du Covid-19 a bouleversé notre façon de vivre. Elle a engendré beaucoup de souffrances. Mais elle a eu, aussi, des aspects positifs. L’air des villes est devenu plus pur, le ciel s’est vidé des traînées blanches des avions et est redevenu bleu. Elle a fixé l’attention des médias, de la classe politique, de la population sur un seul et unique sujet. On a échappé ainsi au défilé habituel des infos où les sujets ne sont que survolés. On s’est enfin intéressé sérieusement à quelques sujets précis : Les MASQUES DE PROTECTION, leur gestion, les EHPAD, SANOFI. Pendant cette période, le projecteur fut mis sur le système sanitaire, l’hôpital, la médecine de ville, les labos pharmaceutiques. On a pu comparer notre gestion de la crise avec d’autres pays, et nous, qui avons l’habitude de penser qu’ailleurs c’est mieux, on a pu se rendre compte que par exemple, en Espagne, la crise a été gérée de façon à peu près aussi catastrophique qu’ici.

En plus, cette crise nous a permis d’échapper à Roland Garros, rendez-vous de la High Society devant les caméras du service public. Elle va peut-être nous permettre d’échapper au Tour de France. Cette « fête du vélo et de la nature» organisée par le même groupe privé  que le Paris-Dakar (Amaury) va lancer sur les routes de Haute-Saône quelques milliers de véhicules afin d’encadrer quelques cyclistes millionnaires médicamentés comme des boeufs aux hormones américains.…

Revenons sur la magnifique GESTION DES MASQUES DE PROTECTION

Le 11 mai 2005 Marie-Christine Blandin, ancienne professeure, sénatrice Europe Ecologie-Les Verts disait dans un rapport sur le risque épidémique : « Les maladies respiratoires tuent plus de 3 millions de personnes par an. Elles évoluent constamment nous obligeant à vivre avec un vaccin de retard. Il faut donc absolument se doter d’un matériel préventif conséquent, masques pour le public, équipements spécifiques pour les soignants ». Le gouvernement en place, ainsi que les suivants, s’appuyant sur ce rapport ont donc décidé de réduire puis supprimer les stocks stratégiques, entraînant en 2018 la fermeture de PLAINTEL dans les Côtes d’Armor qui fabriquait 2 millions de masques par an. Honeywell qui a racheté cette usine a fait tronçonner les machines pour les mettre à la ferraille .... on connaît la suite....! Au principe « gouverner c’est prévoir », Macron et ses prédécesseurs préfèrent  « Gouverner c’est faire croire ». On n’a pas de masques donc on fait croire que ça ne sert à rien. Donc le 7 avril 2020, « notre chère » porte-parole du gouvernement déclarait officiellement « porter un masque en public est inutile et contre-productif ». Un mois plus tard, l’absence de masques dans les transports publics était verbalisée par une amende de 135 euros ! Au passage, si on infligeait une amende de 135 euros à chaque stupidité et à chaque mensonge qu’elle proclame, on aurait moins de déficit public ! Donc après avoir détruit l’usine de masques de Plaintel, le gouvernement a organisé un magnifique pont aérien entre la France et le Chine pour se procurer des masques. On a assisté à des scènes dignes de mauvais films d’action où les cargaisons de masques étaient dans les aéroports, subtilisés par les uns, détournés par les autres... Exemple à Mulhouse où une commande de masques de la Région Bourgogne-Franche-Comté fut réquisitionnée sans aucune concertation ni information, au profit des services de l’Etat : réquisition réalisée par l’armée quasiment sur le pied de guerre. Autre information concernant les masques français, ceux que vous avez peut-être achetés à 5 euros pièce : ils sont fabriqués par des personnes en contrat intérimaire à domicile avec leur machine personnelle. La production journalière demandée est de 250 masques, le tout pour un salaire quotidien environ 70 euros, soit 0,28 euros par masque. La crise des masques n’a pas fait que des malheureux !

En Espagne, la gestion des masques a été quasiment aussi calamiteuse. La même guerre a eu lieu entre les régions et l’Etat central. On en est même arrivé à des sommets dans la provocation et dans la victimisation. En effet, le gouvernement central a livré à la Catalogne, 1 714 000 masques or 1714 est un chiffre particulièrement symbolique pour les Catalans puisque c’est l’année où l’Espagne a mis fin à la période d’indépendance de la Catalogne. Le ministre de l’Intérieur de la Région a dénoncé la volonté d’humilier le Peuple Catalan. Ultra victimisation de la part des Catalans ?? Je pense qu’à Madrid les esprits tordus d’anciens franquistes ont été tout à fait capables de manigancer ce genre de provocation. Je rappelle que, jusqu’en 2019 la Fondation Francisco Franco recevait des subventions de l’Etat et que les dons des particuliers étaient déductibles de leurs impôts.
Pour en finir avec les masques rappelons tout de même que le Maroc a été capable de couvrir tous les besoins de la population avec une production locale.

Enfin sous le feu des projecteurs !  Les EHPAD

Dans ces établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, faute de masques et protections pour le personnel et pour les familles, des patients ont été contaminés et certains en sont morts. Heureusement des parents ont déposé des plaintes et ces affaires ne seront pas oubliées. La situation de ces personnels sous-payés, sous-équipés, sous-formés et super exploités est  à mettre en relation avec la rentabilité de ces établissements. En effet, la rentabilité locative des EHPAD est parmi les plus élevées du marché. Leurs rendements y sont d’environ 5%, pour les supermarchés 4,5% et pour l’habitat classique c’est de l’ordre de 3%. Ces revenus bénéficient en plus d’avantages fiscaux. Ehpad Invest assure que 20 000 euros placés dans l’achat d’une chambre en Ehpad restitue à l’investisseur, après 10 ans et revente de la chambre, 40 000 euros. Mais ces établissements rapportent encore plus à leurs propriétaires. JF Gobertier, propriétaire du Groupe GDP Vendôme (530 millions de chiffre d’affaires) est 99ème fortune française.  JC Maria, propriétaire d’Orpéa (260 millions de chiffre d’affaires) est 197ème fortune française. Rappelons que dans ces « machines à dividendes et à profits », près de 10 000 personnes âgées ont trouvé la mort. Rapporté à une population totale de 800 000 résidents, c’est comme si en France nous avions dénombré 9 millions de morts du Covid. Même si, bien sûr, ce public est beaucoup plus fragile que l’ensemble de la population française, cela interroge tout de même sur la gestion de la crise dans ces établissements. Il semblerait assez normal que les dirigeants de ces EHPAD rendent des comptes. En Espagne, ce fut encore plus dramatique. Début mai 2020 on comptait déjà plus de 10 000 morts et plus de 110 enquêtes préliminaires. Quand le 19 mars, l’Etat ferme ses maisons de retraite, pour la plupart, le virus y est déjà entré. A partir de fin mars, les hôpitaux espagnols n’acceptaient plus d’accueillir les patients des Ehpad, ceux-ci deviennent alors de véritables mouroirs.

Parlons maintenant de SANOFI

Ce fleuron de l’industrie française du médicament, cette entreprise exemplaire, fierté de « nos » élites a fabriqué et vendu entre 2007 et 2014 la dépakine, antiépileptique pris par 14 000 femmes enceintes qui a provoqué plus de 3 000 malformations majeures sur leurs enfants. Sanofi a été condamné le 27 novembre 2017 mais a toujours refusé de participer au fonds d’indemnisation des victimes alors que l’Etat, lui aussi condamné, le fait. L’affaire est en appel. Sanofi fabriquait le principe actif de cette dépakine à Mourenx, dans les Pyrénées Atlantiques dans une usine qui rejeta pendant 2 ans, 190 000 fois plus de substances cancérigènes que la norme autorisée. Cette entreprise n’est pas néfaste pour tout le monde : son ex-PDG Olivier Brandicourt, nommé en 2015, quittait l’entreprise début 2020 après avoir engrangé 63 millions d’euros. Il touche actuellement une retraite-chapeau de 530 000 euros par an et une retraite « normale » dont les cotisations ont été payées par l’entreprise. Pendant son passage à la tête de l’entreprise, les résultats de celle-ci ont stagné. Sanofi a pour l’année 2019, tout de même versé 4 milliards de dividendes à ses actionnaires, dont 120 millions à la famille BETTENCOURT et 200 millions au fonds de pension BLACK ROCK.

On a vu que la gestion de la crise fut plutôt calamiteuse, responsabilités à partager avec les gouvernements précédents. Mais rassurez-vous en Espagne, c’était pire ! Jusqu’au 14 mars, début du confinement, le gouvernement n’a pas limité les rassemblements mais les a même encouragés : le 8 mars, 120 000 personnes étaient rassemblées à Madrid, certes pour une bonne cause, les Droits des Femmes. Ce même jour, 10 000 personnes étaient réunies dans les arènes de cette même ville pour le Congrès du Parti VOX (d’extrême droite). Le monde sportif s’est montré particulièrement imprudent puisque le 19 février 2020, 3 000 supporters  de Valence se sont rendus à Milan, considéré alors comme l’épicentre de l’épidémie, pour assister au match de foot. Les Catalans pour une fois se sont montrés guère plus fins que les Espagnols puisque le 29 février plus de 100 000 Catalans se sont rassemblés à Perpignan pour accueillir leur ex- président Carles Puigdemont.

J’espère que cette crise aura au moins permis à beaucoup de gens de s’apercevoir que la rentabilité à court terme et donc les privatisations dues aux politiques néolibérales actuelles, dans le domaine de la santé comme dans les autres, nous mènent directement à la catastrophe. En toute logique, on devrait se retrouver en très très grand nombre dans les futurs mouvements anti-libéraux pour enfin faire tomber les masques.

Jean-Louis Lamboley