Gaza. Emigration ou anéantissement ?
Après
49 jours de conflit, 15 000 Gazaouis tués dont 6 000 enfants, des
destructions massives, plus de 1 million de Gazaouis contraints de migrer vers
le sud, toujours pas de cessez-le-feu, une « trêve humanitaire » de 7
jours a permis la libération de 80 personnes captives du Hamas (il en resterait
160), la libération de 240 Palestiniens prisonniers politiques en Israël ainsi
qu’une vingtaine d’étrangers ou binationaux (Thaïlandais notamment travailleurs
dans les kibboutz). Mais, le 1er décembre, l’aviation israélienne a
largué des tracts sur Khan Younès (sud de Gaza), demandant à la population
d’évacuer la zone en allant vers Rafah. L’armée israélienne bombarde à nouveau
massivement.
Soutenu
par les Etats-Unis et la plupart des pays européens (dont la France),
Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite, maintiennent leur objectif de
guerre : neutraliser le Hamas en tuant ses chefs, détruire ses
infrastructures, chasser les Gazaouis vers la frontière égyptienne, fermée. Jusqu’à
quand les « Occidentaux », et principalement les Etats-Unis, vont-ils
accepter d’être complices des crimes de guerre perpétrés par l’Etat d’Israël,
impunément ? Vont-ils fermer les yeux encore longtemps face aux
manifestations de plus en plus nombreuses dans le monde ?
1 –
Vengeance inassouvie ou mise en œuvre du Grand Israël ?
Trump
s’est évertué, au cours de son mandat, à faire reconnaître Israël comme
partenaire d’un certain nombre de pays arabes, aboutissant à la signature des Accords d’Abraham de 2020, entre Israël
et les Emirats Arabes Unis, puis le Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Ces Accords
visent à étendre la coopération régionale diplomatique et commerciale. On
comprend pourquoi les Palestiniens ont vécu ces Accords comme une trahison.
Netanyahou
chérit, depuis longtemps, le projet de l’annexion de Gaza et de la Cisjordanie
et l’expulsion des Palestiniens, pour former ce que l’Extrême-droite sioniste
nomme le Grand Israël. Si cette ambition n’est pas unanime chez les
dirigeants israéliens, elle ne l’est pas non plus à la Maison Blanche, Biden se
positionnant plutôt sur la perspective d’un Etat - même si c’est un Etat
croupion - reprenant le contrôle de Gaza sous férule d’Israël.
Le
Grand Israël est ranimé en 2017 par
l’actuel ministre des finances, Smotrich, lorsqu’il présente à la Knesset son
« plan décisif ». Pour lui
et ses acolytes d’Extrême-droite
sioniste, aucun compromis n’est possible entre Juifs et Palestiniens. Il faut maintenir
l’’encerclement de l’enclave de Gaza par Israël, annexer la Cisjordanie dans son
intégralité et donner le « choix » aux Palestiniens, soit renoncer à leurs aspirations
nationales et continuer à vivre sur leur terre avec un statut inférieur, soit
émigrer. S’ils choisissent de résister, l’armée se chargera de « tuer ceux qui doivent être tués », leur
refus de se soumettre étant perçu comme une menace existentielle pour les
Israéliens. Ce plan serait-il à l’œuvre aujourd’hui ?
Tant
que les Palestiniens étaient confinés dans leur prison à ciel fermé (Gaza), la
plupart des Israéliens ne se souciaient pas de leurs conditions de vie
insupportables. Dès qu’ils sont apparus, à nouveau, lors de la Grande marche du
retour (2018/2019), les tireurs d’élite israéliens ont tué et mutilé ceux qui
se massaient, pacifiquement, devant la barrière de Gaza. Peu de voix
protestèrent. C’est dire combien l’enfermement des Gazaouis et la colonisation
en Cisjordanie, sont devenus normalité pour la plupart des Israéliens. L’idéologie
suprématiste sioniste pèse sur leurs cerveaux. Difficile, face à cette réalité,
d’imaginer une société partagée, apaisée, à l’heure où l’idéologie raciste et
d’apartheid est au pouvoir. Tout peut être dit, en toute impunité. Ainsi, le ministre
de l’agriculture Avi Dichter, membre du Likoud et ancien directeur du Shin Beth(1) :
« Nous sommes en train de déployer
la Nakba de Gaza. C’est ainsi que cela se conclura », ou Netanyahou
qui affirmait le 10 novembre, « qu’après
la guerre il n’y aura pas de réinstallation d’Israéliens à Gaza, la recolonisation
n’est pas un objectif réaliste », « nous aurons un total contrôle de la bande de Gaza avec la capacité d’y entrer
chaque fois que nous le souhaitons afin d’éliminer tout terroriste qui referait
surface. Il n’y aura plus de Hamas ».
Le
30 novembre, le Hamas annonçait sa volonté de reconduire la trêve, prêt à des
négociations graduelles sur la libération des prisonniers israéliens contre les
prisonniers palestiniens pour parvenir à un compromis et transformer la trêve
en cessez-le-feu permanent. Mais, pour le ministre de la Défense, Gallant « c’est une guerre juste pour le futur du
peuple juif, pour le futur d’Israël. Nous combattrons le Hamas jusqu’à ce que
nous gagnions. Peu importe le temps que cela prendra ».
L’extrême
droite israélienne a saisi l’occasion du Déluge
Al-Aqsa du 7 octobre pour exécuter son projet de destruction et a envisagé,
aussitôt, 3 scénarios pour les Gazaouis : soit ils restent dans la bande
de Gaza sou l’Autorité Palestinienne, soit ils sont gouvernés par une autorité
mise en place par Israël, soit ils sont expulsés dans le désert égyptien du
Sinaï. Cette 3ème solution a la préférence de Netanyahou sauf que
l’Egypte d’Al Sissi y est totalement opposée et n’a pas cédé malgré les
pressions exercées par les Etats-Unis, Blinken allant jusqu’à lui proposer une
aide financière pour alléger la crise économique de son pays ! Voyant que
l’Egypte ne cédait pas, le ministère du renseignement israélien a lancé le 19
novembre un appel à la communauté internationale afin qu’elle accueille les
Gazaouis et finance leur « réinstallation
volontaire ( !)» dans le monde entier.
2 – Les
Etats-Unis peuvent-ils s’en sortir « propres » ?
Biden
est pris dans un étau qui se resserre alors que les élections présidentielles
approchent. Blinken, son secrétaire d’Etat, déploie l’art de l’équilibrisme
diplomatique pour à la fois soutenir Israël, tout en fixant quelques lignes
rouges comme celle de refuser une nouvelle occupation de Gaza, tout en
admettant la nécessité d’éradiquer le Hamas, ce qui explique son opposition à
un cessez-le-feu. Les Etats-Unis prônent la solution à deux Etats et la remise
du pouvoir à l’Autorité Palestinienne sur l’ensemble de la Palestine, option partagée
par les gouvernements occidentaux, et la plupart des Etats arabes, rejetée par
Moscou et Pékin. Mission impossible pour Biden, « embarrassé » par
trop de morts, trop de destructions… qu’il ne condamne pas… Il tente de
convaincre Netanyahou de repenser son objectif militaire, en évoquant la
question humanitaire, le respect des lois de la guerre, pour éviter d’être
associé aux crimes de guerre… sans jamais appeler au cessez-le-feu et sans
renoncer à l’éradication du Hamas.
Netanyahou,
quant à lui, s’il veut rester 1er ministre, doit contenir ses
« faucons » qui n’ont guère apprécié la création d’un Cabinet de
guerre (5 membres) au détriment du Cabinet de sécurité (ministres concernés par
la guerre). Le Cabinet de guerre a été institué à l’initiative de Biden pour
exclure les membres d’Extrême-Droite les plus virulents du gouvernement
israélien. Biden a d’ailleurs siégé à sa première réunion étant assuré que les
Etats-Unis pourraient faire pression tout au long de la guerre par la présence
de Ron Dermer, proche de Netanyahou
et de Trump. Ce religieux, étatsunien né en Floride, est chargé des relations
avec l’administration Biden. Ce président américain est impliqué comme aucun de ses prédécesseurs
dans l’appareil de décision israélien. Les autres membres du Cabinet de guerre sont
trois généraux : Yoav Gallant, ministre de la défense, Benny Gantz et Adi
Eizenkot ex-chefs d’état-major (élus de l’opposition de centre-droit) ainsi
qu’Arié Déri, chef du parti ultraorthodoxe Shass, représentant les partis
fondamentalistes religieux (condamné par deux fois en justice pour corruption et
fraude fiscale). La légitimité de ce
Cabinet est contestée, notamment par les deux ministres d’extrême-droite, le ministre
de la sécurité Ben Gvir et le ministre des finances Smotrich qui entretiennent l’agitation dans les rangs
du Likoud.
Mais
la puissance militaire d’Israël ne saura détruire le Hamas sans causer des
massacres et des destructions toujours plus horribles. La fin de la guerre
dépendra aussi de l’évolution des combats et de la pression populaire internationale
sur Israël et les gouvernements qui les soutiennent.
3 – Les pays
arabes et occidentaux vont-ils fermer les yeux encore longtemps ?
Vider
la bande Gaza de ses habitants, c’est provoquer une nouvelle Nakba. Est-ce cela
que soutiennent les Occidentaux et les pays arabes ?
Les
dirigeants arabes et musulmans ont affiché un front uni lors du sommet de la Ligue arabe et de l’Organisation de la Coopération
Islamique, réunissant le Saoudien Mohammed Ben Salman, le roi de Jordanie
Abdallah II, le président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas, le
président égyptien Al Sissi, le président iranien Raïssi, le président turc
Erdogan et l’émir du Qatar al Thani. Ils ont condamné « l’agression
israélienne contre la bande de Gaza, les crimes de guerre et les massacres
barbares et inhumains perpétrés par le gouvernement d’occupation ». Ils
ont appelé un cessez-le-feu immédiat, à la levée du siège de Gaza et à un accès
sans entrave de l’aide humanitaire. Ils ont rejeté le déplacement forcé des
Palestiniens vers l’Egypte ou vers la Jordanie. Ils réclament l’arrêt des
exportations d’armes vers l’Etat hébreu et ont appelé à une relance du
processus de paix pour permettre l’établissement d’un Etat palestinien au côté
d’Israël. La seule garantie de stabilité de la région c’est de mettre fin à l’occupation,
au siège et à la colonisation. Cela relève, là aussi, relève de l’équilibrisme
pour ceux qui veulent préserver leurs relations diplomatiques avec Israël (Algérie,
EAU, Bahreïn…). Les pays arabes n’ont pas de position commune sur
l’après-guerre même si les deux pays les plus concernés, Jordanie et Egypte,
ont réussi à convaincre les pays du golfe d’exiger un cessez-le-feu, ils ne
veulent pas faire figure de complices de la logique militaire israélienne.
Les
démocrates au Congrès américain commencent à contester l’engagement
inconditionnel des Etats-Unis pour Israël et font connaître leurs désaccords,
comme l’opposant Bernie Sanders. Il appelle à la fin des bombardements de
l’armée israélienne et au droit des Palestiniens à revenir chez eux. Il dénonce
les « chèques en blanc »
donnés à Israël, à savoir l’aide
militaire US de 3.8 milliards de dollars/an auxquels s’ajoutent 14.3 milliards d’une enveloppe
exceptionnelle sollicitée auprès du Congrès. « Nous ne pouvons être complices
d’actions en violation du droit international et de notre propre sens de la
décence » affirme-t-il. Par ailleurs, se développent au sein de
l’administration Biden de vives réactions au soutien américain, associant les
Etats-Unis aux crimes de guerre d’Israël. Un diplomate a démissionné en dénonçant
la livraison d’armes supplémentaires à Israël, pourfendant cette politique
« myope, destructrice, injuste et
contradictoire avec les valeurs mêmes que nous épousons publiquement ».
D’autres diplomates ont rédigé une note recommandant une plus grande vigilance
US face à l’opération militaire à Gaza et appelant à un cessez-le-feu. Une
lettre signée par plus de 500 employés et responsables d’une quarantaine
d’agences gouvernementales appelle « le président Biden à demander
d’urgence un cessez-le-feu, une désescalade dans le conflit en sécurisant la
remise en liberté immédiate des « otages » israéliens et des
Palestiniens détenus arbitrairement, le rétablissement de l’eau, du fioul, de
l’électricité et des autres services de base et le passage d’une aide
humanitaire adéquate vers la bande de Gaza. Une vaste majorité d’Américains
soutient un cessez le feu.
Tant
qu’il n’y aura pas de solution diplomatique durable, le cycle de violence va se
poursuivre
4 - Comment peser sur les gouvernements ?
En
déposant plainte à la Cour Pénale Internationale (CPI) ? Sans nier
l’impact symbolique d’une demande de condamnation d’individus accusés de crimes
de guerre, de crimes contre l’humanité, voire de génocide, l’expérience peut
faire douter du pouvoir de cette instance.
Toutefois,
contrairement à ce qui a pu être dit, le refus de ratifier le traité de la CPI
par Israël n’est pas un obstacle au droit (cf encart). Dès lors que la
Palestine a déclaré se soumettre au droit international, la CPI est compétente
dans les territoires occupés et à Gaza et peut y mener des enquêtes. On attend
donc que le chef Macron intervienne à la CPI, avec la célérité et vigueur dont
il a su faire preuve à l’encontre de l’agression russe contre l’Ukraine. En
France, il a fallu attendre le 58ème jour de guerre pour que Macron
se décide à demander timidement un cessez-le-feu, au détour d’une déclaration à
la COP28 ! A quand les sanctions qu’il a su appliquer (à juste titre) à la
Russie ?
Pour
autant, il ne suffit pas qu’une plainte soit déposée à la CPI pour que celle-ci
s’en saisisse rapidement (2). Suite à l’opération Plomb durci de 2009, le
procureur Ocampo, sous forte
pression des Etats-Unis, a mis 3 ans
pour se demander si la Palestine avait la qualité juridique pour soumettre une
telle déclaration. Mme Bensouda lui
succédant, a mené un examen préliminaire pendant… près de 5 ans avant d’ouvrir une enquête formelle en mars 2021. A sa
décharge, il faut préciser qu’elle faisait l’objet de sanctions de la part de Trump
pour son enquête sur les crimes présumés des US en Afghanistan. Biden, arrivé
au pouvoir, a levé ces sanctions mais Blinken a réitéré l’objection de la
compétence de la Cour pour des ressortissants d’Etats non signataires du traité de Rome. A l’opposé, lorsque la
Russie a envahi l’Ukraine, en 2022, le nouveau procureur Karim Khan, a lancé l’enquête
la plus vaste de l’histoire de la CPI. Reste à savoir si la visite de M. Khan à
Rafah et ses déclarations sévères, suffiront pour que des sanctions soient
décidées à l’encontre d’Israël, sachant qu’aucun responsable israélien n’a eu à
répondre devant un tribunal international des crimes commis au cours de plusieurs
décennies de conflit.
Dès
le 9 novembre, des plaintes ont été déposées à la CPI, visant le Hamas et
l’armée israélienne. Trois ONG ont demandé à la CPI de « délivrer rapidement des mandats d’arrêt contre les personnes
soupçonnées de crimes commis à Gaza », citant à cet effet le président
Herzog, le 1er ministre Netanyahou, le ministre de la défense Gallant.
La plainte évoque des « crimes de génocide », « d’incitation au
génocide », des « crimes de guerre et des crimes contre
l’humanité ». Par ailleurs, les avocats Gilles Devers (barreau de Lyon) et
Khaled Al-Shouli ont déposé une plainte à la CPI, à laquelle se sont joints 500
avocats et une centaine d’associations. Reste
que l’Etat d’Israël n’ayant pas ratifié la création de la CPI (que Netanyahou a
qualifiée « d’antisémite » ( !), n’a pas obligation de coopérer…
et que Blinken a déjà mis en garde la Cour contre toute poursuite visant des
responsables israéliens… Intimidation ?
Notre
meilleure arme, pour soutenir les Palestiniens, c’est la mobilisation, les
rassemblements dénonçant l’inaction du
gouvernement Macron afin de les contraindre à prendre position pour le
cessez-le-feu et à engager les conditions minimales (libération des captifs du
Hamas, arrêt de la colonisation, retour des réfugiés…) pour que, dans un avenir
à moyen terme, Palestiniens et Israéliens puissent décider, eux-mêmes, de la société
dans laquelle ils veulent vivre. Trop de violences, trop de morts, trop de
mensonges médiatiques. Les images des familles sur les routes fuyant les
bombardements incessants israéliens, les massacres jusque dans les hôpitaux,
les témoignages qui commencent à percer, tout cela est en train de renverser l’opinion
que les médias avaient conditionnée pendant les premières semaines de guerre.
Des mobilisations énormes s’organisent partout dans le monde. En France, la
police de la pensée exercée notamment par Darmanin et ses services semble faire
long feu ; il ne peut interdire toutes les manifestations, partout, ou
arrêter tous ceux qui « auraient des propos qualifiés par lui
d’antisémites ». Il faut d’ailleurs s’interroger sur qui attise la haine
dans notre pays. Les vrais mots pour qualifier les actes de l’Etat d’Israël
doivent être utilisés car ce sont des crimes de guerre, des crimes contre
l’humanité, et la volonté de faire disparaître un peuple, ça s’appelle un
génocide.
Nous
devons aussi nous préoccuper des conséquences de la guerre. 3 000
demandeurs d’asile palestiniens sont déjà dans les camps grecs. L’émigration
depuis Gaza s’est accentuée. Gouverner, c’est prévoir ne semble pas atteindre
les gouvernants européens qui n’ont engagé ni projet, ni réflexion pour leur
accueil, ce qui va accentuer le racisme anti-migrants alimenté par
l’Extrême-Droite.
La
prochaine explosion est proche, s’inquiète Gideon Levy du quotidien israélien Haaretz : c’est la colonisation de
la Cisjordanie, cette « cocotte-minute
va nous exploser à la figure ». Au vu de tous, l’armée israélienne participe
activement aux pogroms, maltraite les habitants, les humilie, les arrête et les
tue, tout en détruisant les mémoriaux, comme celui de Yasser Arafat à Tulkarem.
Près de 200 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie depuis le 7 octobre. Cette
semaine, dit-il, « j’ai visité le no
man’s land dans le sud des collines d’Hébron. Les choses n’ont jamais ressemblé
à cela auparavant. Chaque colon est désormais membre d’une « équipe de
sécurité », milice armée et sauvage qui a le droit de maltraiter les
éleveurs et les agriculteurs et de les expulser. 16 villages de Cisjordanie ont
déjà été abandonnés et l’expulsion se poursuit à plein régime ».
L’autre inquiétude se situe au nord d’Israël et le possible engrenage mortifère
de la guerre avec le Liban, le Hezbollah et ses alliés (l’Iran notamment).
Les
USA recommanderaient à Netanyahou de préparer sa succession. Pour être remplacé
par un de ses faucons d’extrême-droite qui s’y préparent ? Sombre avenir.
Quelle force de résistance pacifique peut-on espérer voir émerger ?
Odile
Mangeot, le 4 décembre 2023
PS : on vient d’apprendre, ce 9
décembre, que les Etats-Unis se sont
opposés à la résolution de l’ONU, instituant
le cessez-le-feu, mis à part leur veto et l’abstention de la Grande-Bretagne,
tous les autres membres ont voté le cessez-le-feu. Bref, Biden est pour la « paix des cimetières » à Gaza.
(1)
Shin Beth, l’un
des 3 services de renseignement intérieur israélien, au côté du Mossad et de l’Aman
(renseignement militaire)
(2)
selon Reed Brody,
avocat américain, le Monde du
17.11.2023
Sources : le
Monde Diplomatique (novembre et décembre), A l’encontre, UJFP, AFPS, le
Monde
Cour Pénale
Internationale
La
CPI a été créée par le traité de Rome en 1998 et est entrée en vigueur le
1.07.2002. Siège à la Haye. 123 Etats sur les 193 Etats membres de l’ONU ont
ratifié le traité de Rome. USA, Israël,
Russie, notamment, ne l’ont pas ratifié, considérant que la CPI est une
menace à leur souveraineté politique et économique. C’est un tribunal pénal qui
poursuit en justice des individus
(et non des Etats) soupçonnés de génocide,
crime contre l’humanité, crime de guerre. Les Etats parties du traité de
Rome sont autorisés à saisir la CPI. La Cour n’est compétente que si les faits
ont été commis sur le territoire d’un Etat partie ou par un ressortissant d’un pays reconnaissant la CPI. La
Palestine a ratifié le traité de Rome. Qui peut saisir la CPI ? Tout Etat
partie au traité de Rome, le Conseil de Sécurité de l’ONU ou le Procureur
lui-même suite à dépôts de plaintes d’individus ou de collectifs.
« Otages » palestiniens dans les geôles israéliennes (1)
Ils sont 6 700
prisonniers – dont 550 condamnés à perpétuité ou à de longues peines –
les périodes de détention sont
d’ailleurs renouvelables tous les 3 à 6 mois.
La multiplication des incursions en Cisjordanie ainsi que
les arrestations arbitraires alimentent ces lieux de privation de
liberté : 2 300 « otages » sont en attente de procès, autant
sont condamnés, 2 000 sont en détention administrative. Tous ne connaissent pas
les charges qui pèsent sur eux, leurs dossiers d’accusation sont secrets et
tous font l’objet de traitements dégradants, d’humiliations et de
tortures : coups de crosses, yeux bandés, menottés, mains cassées, dents
brisées, envoi de gaz lacrymogène dans les cellules… Le plus grand nombre de
détenus se sont opposé à l’extension de la colonisation en Cisjordanie, à la
destruction de leurs habitations, au vol de leurs terres.
Depuis le 7 octobre, les arrestations se multiplient, en
Cisjordanie, comme un acte de vengeance et comme moyen d’échange avec le Hamas.
Le Parlement israélien, la Knesset, a récemment voté la réduction de l’espace
vital pour chaque détenu. Ils sont désormais entassés au maximum à 10 plutôt qu’à 6 par cellule.
C’est là une preuve « d’humanité » (!) pour des « animaux sauvages » comme les désigne
le ministre, général, membre du Cabinet de guerre.
Depuis 1967, « 1
million de Palestiniens ont été détenus dans les geôles de l’État hébreu :
un membre de quasiment chaque famille a été prisonnier à un moment ou à un
autre ». Bref, depuis le 7 octobre, la rage s’échange contre la vengeance.
GD
d’après l’article de Clothilde Mraffko, le Monde 23.11.2023
Pour en savoir plus : « La toile carcérale : notre histoire de
l’enfermement en Palestine » Stéphanie Latte Abdallah (Bayard 2021).