Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mercredi 13 mars 2013


La course aux richesses


Elle cause inégalité, destruction et appauvrissement
Elle dessine la souffrance du monde
C’est une maladie qui ronge les entrailles de la terre
Et recrache son lot de misères
Elle carbonise nos vies éphémères
Elle calcine la pensée originale
Pour bousculer la morale,
Ce monde n’avance pas sur le bon rail
C’est la zizanie la pagaille
Nous engraissons de gros chacals
Réagissons c’est vital
Dans un esprit global
Redonnons la main à notre terre natale
Celle d’un monde original

Hassen 

Les enjeux de la guerre au Mali

Quitte à revenir sur le processus ayant conduit Hollande et la classe dirigeante française à intervenir militairement au Mali, cet article se propose d’en souligner les raisons profondes occultées par les médias. Elles tiennent essentiellement à la défense des intérêts des grands groupes industriels et financiers nationaux. En effet, au-delà de la réalité tragique des «prises d’otages», du terrorisme instrumentalisé avec plus ou moins d’efficacité par le DRS algérien ou les prêcheurs financés par le Qatar et l’Arabie Saoudite, au-delà de la marginalisation économique et sociale des Touaregs du Nord-Mali, au-delà de la posture de chef de guerre adoptée par Hollande pour la civilisation, les droits de l’Homme et la démocratie, se profilent, derrière le masque des apparences médiatiques, des enjeux réels sonnants et trébuchants.

Si l’impérialisme français n’a pas adopté l’attitude prudente conseillée par Juppé, orfèvre en la matière, c’est qu’il y avait en quelque sorte urgence. Sa déclaration sonnait pourtant comme un avertissement : «Nous n’avons certainement pas les moyens (surtout par temps d’austérité budgétaire) de nous déplacer (militairement) sur un territoire 2 à 3 fois comme la France», d’autant que cette région du Sahel débordant le Mali est grande comme l’Europe. Qui plus est, sur fond de  rivalités inter-impérialistes et régionales, cette région est minée par la misère sociale au sein d’Etats en déliquescence avancée car y prospèrent la corruption, les trafics en tous genres et des petits seigneurs de guerre illuminés, sur fond de marginalisation des populations touaregs.

C’est dans ces circonstances que Hollande, nouveau galonné, s’est lancé dans une aventure militaire périlleuse. La classe dominante lui a dit qu’il en avait les moyens et les appuis. Malgré l’influence de nos rivaux dans cette partie de l’Afrique, il faut poursuivre le retour néocolonial dans cette zone, inauguré par Sarko en Côte d’Ivoire ainsi qu’en janvier 2012 où fut sauvé «notre ami» Bozizé en Centrafrique et sauvegardé son régime corrompu et népotique, installé dix ans plus tôt avec «notre» bénédiction logistique : 600 paras largués sur Bangui n’ont-ils pas stoppé la marche de la rébellion sur cette capitale ? Pour eux, la gestion politico-militaire et affairiste entre la France et le Mali doit être poursuivie tout comme la lutte obsessionnelle contre les flux migratoires. Certes, l’apport de cette diaspora représente pour cette économie étranglée par les politiques néolibérales d’ajustements structurels, plus que l’aide au développement, soit 189 milliards de francs CFA mais le problème n’est pas là ! Par conséquent, la politique de gribouille et de convoitise dans un Mali fantoche et assujetti doit être poursuivie, il en va de la sauvegarde de «nos» bijoux de famille.

Pauvre Mali assis sur un tas d’or

Attali ne s’y est pas trompé. Sur son blog, le 28 mai 2012, il écrivait : «La France doit agir car les gisements d’uranium au Niger ne sont pas loin. (Il faut) mettre en place une coalition du type de celle qui a fonctionné en Afghanistan» (!) et, par conséquent, sous-traiter les premières lignes d’affrontement à la CEDEAO et aux Tchadiens comme nous avons su le faire, en son temps, avec les tirailleurs sénégalais. Et Hollande de lui répondre le 27 août : «Au nord-Mali s’est constituée une entité terroriste… qui lance un défi à nos intérêts… et à notre population (sic)».

Pauvre Mali,  «bénéficiaire» des avantages du colonialisme, pays de 14 millions d’habitants dont 75% sont analphabètes et 92% ne maîtrisent pas le français, langue nationale néocoloniale. Ils vivent dans la misère, à 70% en milieu rural et  n’ont pour seule consolation pour nombre d’entre eux que l’invocation du Dieu de l’Islam que les prêcheurs malakites et wahhabites leur distillent[1]. Leur espérance de vie est de 51 ans ; quant à leur indice de développement, il place leur pays au 175ème rang sur 187.

Et pourtant, ils sont assis sur un tas d’or qui ne leur appartient pas ! Leur pays est en effet le 3ème producteur d’or après l’Afrique du Sud et le Ghana. Outre le bétail, l’arachide et la monoculture «recommandée» par le FMI et la Banque Mondiale qui ont imposé privatisations, fermetures d’entreprises, diminution des maigres prestations sociales, saccagé le réseau d’écoles et de santé publiques, leur sous-sol est riche en fer, terres rares et pétrole. Ces richesses, pour l’essentiel, restent à exploiter à «l’aide» des 6 000 ressortissants français et quelque 1 000 européens qui squattent les postes dirigeants dans les entreprises et les banques. Il reste aux Maliens l’exode rural et l’émigration.

Si le pétrole malien doit bientôt être exploité, d’autres richesses minières sont encore plus prometteuses : au sud-ouest du Mali, à Faléa, la société canadienne Rockgate possède des permis d’exploration sur 1/3 de la surface de cette commune pour y implanter des mines d’uranium, d’argent et de cuivre. Sur les 2/3 restants, c’est à une société sud africaine qu’est confiée l’exploration de l’or et de la bauxite. Les rôles, à en croire l’ambassadeur français du Mali, sont déjà répartis : «le futur exploitant de la mine d’uranium sera AREVA» ; c’est à faire pâlir d’envie Montebourg, lui le ministre dit du redressement productif,  déclarant : «cette filiale a de l’avenir». Quant au paysage dévasté, lunaire, promis aux habitants de Faléa, mieux vaut ne pas en parler…     

Sahel, le grand jeu

L’intervention néocoloniale française ne se réduit pas au Mali. Sur le gâteau sahélien lorgnent les USA, l’Algérie, la Chine qui a ouvert en 2010 la mine d’uranium à Azelit au Nord-Niger ; Total y est en concurrence avec Qatar Petroleum dans le bassin Taoudeni en Mauritanie qui, sous 1.5 million de km2, recèlerait pétrole et gaz. Ce désert est pour les multinationales un véritable eldorado, y compris futuriste dans les vastes déserts d’Algérie, de Mauritanie et du Mali.

La société de renseignements américaine Stratfor le recommandait en novembre 2009 : «L’Europe a besoin d’alternatives à l’énergie russe… le rapport de forces (qu’elle a) avec l’Afrique est positif. En d’autres mots, si le Mali emmerde les fermes solaires, l’Europe peut démolir le Mali ». «Ce projet exigerait le développement d’une infrastructure de sécurité compétente pour intervenir en profondeur contre les tribus berbères (sic) et les réfractaires d’Al Qaïda». Le projet a séduit l’allemand Siemens : des panneaux solaires répartis sur une surface de 900 km2 coûteraient 400 milliards d’euros. A cette fin, cette entreprise a créé la société Désertec. Saint Gobain s’y est associé en entraînant Alstom, AREVA, EDF, GDF Suez et a mis au point le consortium Medgrid en 2010. Désertec et Medgrid associés-concurrents sollicitent des financements publics dans le cadre du plan solaire européen. Des câbles sous la Méditerranée transportant de l’électricité en Europe, ce serait pour demain. Pour l’heure, en France, l’énergie nucléaire a encore de l’avenir via l’Afrique. 

En 2009, en pleine préparation du putsch qui allait porter à la tête de l’Etat du Niger, Mahamadou Issoufou, Areva a obtenu le contrat d’exploitation d’un gisement d’uranium exploité à ciel ouvert. Sa surface : 8 kms sur 2,5kms. La roche miraculeuse est à une profondeur maximale de 130 mètres. Depuis, ce sont des milliers de m3 de roches qui sont broyées, traitées avec des produits chimiques, lavées avec 12 à 13 millions de m3 d’eau par an. L’uranate produit est ensuite exporté en France. L’eau dans le désert ? Elle est prélevée dans une nappe phréatique très profonde et qu’importe si les puits traditionnels sont, pour certains d’entre eux, déjà asséchés, qu’importe si cette nappe n’est pas prête de se renouveler ! D’ailleurs, des précautions ont été prises : hormis aux ouvriers, la zone a été interdite au bétail comme aux populations sur un «périmètre sanitaire» (!) de 450 km2 autour du complexe industriel d’Imouraren, d’autant que l’aire de stockage des résidus radioactifs et la présence de bassins d’évaporation l’exigent. Politiquement, dans ce pays, à part «les bandes de terroristes», rien à craindre pour AREVA : Issoufou est un ancien dirigeant de la SOMAïR, une de ses deux filiales, l’eau du sous-sol en quantité démesurée, dit-on, est gratuite et les profits permettent d’entretenir la corruption de la caste dirigeante et de l’armée nigérienne. Quant à la police elle a l’habitude du racket auprès des populations. D’ailleurs, le 11 juin 2012, le Président Issoufou, reçu à l’Elysée par Hollande, a ravi ce dernier en lui annonçant l’accélération de la production d’uranium, une croissance de 15% de son pays lui ayant permis d’augmenter son budget de 30% de 2011 à 2012 grâce aux revenus du pétrole et de l’uranium. On ne sait s’il a évoqué la situation alimentaire critique de «ses» populations et la baisse du budget de la santé publique et encore moins la situation des travailleurs dans les mines. Sur place en effet c’est un système semi-esclavagiste qui fonctionne : AREVA «gère la population comme des prisonniers», «décide qui doit déguerpir, qui doit avoir de l’eau le matin ou le soir, qui va être soigné». Quant aux ouvriers, ils triment 12 heures sur 24 et les conditions de travail sont dramatiques. La grève déclenchée le 25 avril 2012, pour non respect de la réglementation du travail, n’a pas fait la une des médias, ni la marche de protestation à Arlit le 9 juin, ni la nouvelle grève qui, le 21 août 2012, a affecté la société de l’Aïr exploitée par SOMAïR. Pour les dirigeants de cette entreprise, les grévistes sont des «ennemis du développement» et il n’est pas question, ou si peu, d’améliorer les conditions de travail.

En février 2011, Raphaël Granvaud[2] écrivait : «Le quadrillage militaire du Sahel opéré depuis plusieurs années par les USA et la France ne fait que renforcer la crédibilité d’AQMI et son attrait auprès des populations tenues à l’écart des richesses (minières et pétrolifères) que cet arsenal militaire entend sécuriser. Tant que le terreau (de misère) sur lequel prospèrent les réseaux terroristes… n’aura pas disparu on pourra continuer à rouler des mécaniques et déplorer les morts». Mais dans la Françafrique qui se renouvelle pour que rien ne change, l’impérialisme français dispose «d’amis», de moyens militaires pour y défendre sa présence à cette porte d’entrée du Nord-Mali au Sahel afin de sécuriser l’accès à son pré carré de matières premières et éviter que nos rivaux ne nous prennent de vitesse.

«Nos» amis, «nos»  moyens et «nos» rivaux

Des «amis»,  bien qu’infréquentables et parfois difficilement contrôlables, la classe dominante française n’en manque pas dans son ancienne Afrique occidentale française (AOF) : Ouattara en Côte d’Ivoire fraîchement installé, Denis Sassou Nguesso au Congo Brazzaville, Bozizé en Centrafrique, Paul Biya au Cameroun, Bongo au Gabon et au Niger Issoufou, Compaoré au Burkina Faso lui qui a liquidé le leader indépendantiste Sankara. Il y a également, quoiqu’il sente le souffre, le Mauritanien Mohammed Ould Abdel Aziz, plus qu’irrité par les accusations de Noël Mamère, qui a osé, pensez- donc, affirmer ce que tous savaient, à savoir qu’il est le «parrain de la drogue» dans la région, la Guinée Bissau lui servant de base arrière. Enfin, il y a le guerrier dictateur Idriss Deby, lui à qui «nos» forces spéciales ont plusieurs fois sauvé la mise. Ses troupes aguerries sont en première ligne au Mali (déjà plus de 30 Tchadiens tués depuis le début de l’intervention). Certes, toutes ces marionnettes sont versatiles, elles ont tendance à se revendre au plus offrant mais, sur place depuis longtemps, les «conseillers militaires et autres espions» les surveillent et possèdent, au cas où, des hommes de rechange. Certes, la partie devient serrée depuis que «nos» alliés rivaux s’en mêlent.

Mais le gouvernement français, quel qu’il soit, dispose, sur place, «pré-positionnées» au Burkina Faso, au Niger, en Mauritanie et au Mali (le 1er RPIMA de Bayonne s’y est installé avant l’intervention), de forces spéciales d’intervention rapide et de troupes récemment évacuées d’Afghanistan. La base militaire de Djibouti, bien qu’éloignée du «théâtre des opérations» peut toujours servir, les transports aériens ça existe même si «nous» n’en disposons pas suffisamment.

Enfin, c’est indéniable, la «République française» de type bonapartiste possède un avantage certain sur toutes les autres. Décision d’entrer en guerre peut être prise en moins de 24 heures, sans passer par le Parlement, même s’il est composé d’un grand nombre de godillots bien disposés vis-à-vis des intérêts des grands groupes industriels et financiers. Quant à l’opinion publique, les médias s’en chargent en distillant la charge émotionnelle : sauvez les otages et les «ressortissants français » aux mains des  terroristes !

Quant aux pays de l’Union Européenne, ils sont, c’est selon, indifférents faute de moyens ou intéressés tout en étant compréhensifs… Ils vont laisser la France, qui connaît le terrain, aller au charbon pour mieux tirer les marrons du feu ensuite. C’est le cas de l’Allemagne notamment : sa classe dirigeante, Merkel en tête, attend de saisir les opportunités qui se présenteront pour mieux assurer son leadership dans l’Union. Et une guerre ne peut que conforter sa 3ème place de vendeur d’armes dans le monde !

A court terme, la coalition France-CEDEAO peut annihiler ou réduire les «bandes terroristes et djihadistes», cette bataille peut être gagnée avec la puissance de feu. Quant à la guerre, elle risque politiquement d’être perdue. A moyen terme, en effet, reste une inconnue de taille : les ethnies marginalisées, les peuples qui n’en peuvent plus de la misère, de la corruption de leurs élites népotiques, de la caste militaire qui les réprime et les rackette…

Gérard Deneux, le 5 mars 2013 

Prochain article «La décision chaotique d’entrer en guerre».

Les sources pour cet article sont  essentiellement extraites de
«Billets d’Afrique et d’ailleurs», revue mensuelle édité par Survie

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[1] Ce sera abordé dans le prochain article
[2] «Areva en Afrique. Une face cachée du nucléaire français» Raphaël Granvaud – édition Agone
Du même auteur, lire «Que fait l’armée française en Afrique ?» édition Agone (2009) 

L’ANI au goût amer
Hollande impuissant ou amnésique ?

Lancée par Ayrault en juillet 2012, la conférence sociale a accouché d’une contre-réforme du droit du travail : l’Accord National InterprofessionnelANI – signé le 11 janvier par le Medef, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. Les deux syndicats dits représentatifs qui l’ont refusé CGT et FO, appellent à une mobilisation contre cet accord le 5 mars, auquel s’associent FSU, Solidaires et CNT. Cet accord  a été transposé dans un projet de loi qui sera transmis à l’assemblée nationale après l’aval du  Conseil des ministres du 6 mars. La consigne du gouvernement Ayrault semble être : il faut faire vite et n’accepter aucun amendement à cet accord minoritaire, et éviter toute contestation qui hérisserait Bruxelles voyant là le refus de la France de poursuivre ses efforts de «redressement». Au long de cet article nous allons donc analyser le contenu de l’ANI, le resituer dans la politique européenne d’austérité révélant un Hollande impuissant ou amnésique, et, conclure par une annonce des coups à venir dans le «tournant de la rigueur» qui ne veut pas dire son nom.     


L’ANI au goût amer pour les salariés

Il s’agit, affirme le 1er ministre Ayrault, de créer «un modèle français de la politique de l’emploi… pour lutter notamment contre la peur de l’embauche pour les employeurs», «plus accueillant à la prise de risque et à l’innovation économique et sociale». Ces propos font froid dans le dos mais rassurent totalement Mme Parisot qui ne s’est jamais sentie autant écoutée, c’est mieux qu’avec Sarkozy ! Elle est d’ailleurs tellement assurée de son utilité dans le «dialogue constructif»  qui permet de «refuser les antagonismes et d’unir les réformateurs», qu’elle prépare un putsch au Medef qui l’autoriserait à se présenter à sa tête pour un 3ème mandat.

En fait, le scénario des contre-réformes est bien rôdé et se reproduit depuis des décennies : le Medef est en position de force et s’appuie sur un syndicalisme «réformiste», incarné par la CFDT (la même méthode a été employée en 2008 avec l’accord national de «modernisation du marché du travail» qui a créé la rupture conventionnelle du contrat de travail. Aujourd’hui encore, la renégate CFDT permet de faire avaliser un recul social inacceptable en matière de droit du travail, comprenant notamment des mesures facilitant les licenciements, limitant la protection des salariés et les moyens d’intervention de leurs représentants dans le cas des licenciements pour motif économique, retirant aux salariés leurs droits légitimes.

Le patronat est près d’obtenir une déréglementation d’ampleur du droit du travail, coût et flexibilité du travail étant les variables d’ajustement de la compétitivité des entreprises. L’accord compétitivité-emploi, Sarko en avait rêvé, Hollande veut le faire. Les ministres du travail et de l’économie, Sapin et Moscovici, dès le 11 janvier, se sont mobilisés pour appeler les parlementaires à «respecter» cet accord historique (!) lorsqu’il arrivera au débat au Parlement en avril/ mai.

Voici les exemples des articles les plus significatifs de cet accord que la gauche socialiste (!) défend.

C’est un accord de chantage à l’emploi. L’article 18 dit : «accord de maintien dans l’emploi».
Un accord d’entreprise peut prévoir (sur 2 ans) une augmentation du temps de travail et/ou une baisse des salaires en échange du maintien de l’emploi ... comme l’ont vécu à leurs dépens les Continental, Peugeot Motocycles ou Goodyear ! Le salarié qui refusera sera licencié pour motif économique, non contestable, car l’accord majoritaire lui confère une cause réelle et sérieuse. L’employeur se voit ainsi exonéré de l’ensemble des obligations légales et conventionnelles qui auraient résulté d’un licenciement collectif pour motif économique. La loi Fillon de 2004 permettait déjà aux accords d’entreprises de déroger aux accords de branches par des dispositions moins favorables, mais le salarié pouvait encore refuser les modifications de son contrat. En bref, les salariés acceptent de baisser leurs salaires, de travailler plus pendant deux ans et l’entreprise peut les licencier juste après ! Elle peut même supprimer les emplois sans attendre l’échéance des deux ans dès lors que la situation économique de l’entreprise se dégrade.  C’est la fin du principe de faveur qui interdit qu’un accord d’entreprise soit moins favorable aux salariés que la loi ou les accords de niveau supérieur. Et pourtant…en février 2012, Hollande en campagne électorale avait promis aux salariés de Gandrange que ce type d’accord «ne verrait pas le jour» ! Inutile de préciser que nulle part n’est prévue la diminution de la rémunération des actionnaires de manière équivalente aux salaires !

C’est un accord de flexibilisation forcée. L’article 15 dit «mobilité interne» ! Qu’en termes euphémisés de novlangue l’on veut nous amadouer ! C’est la deuxième mesure la plus dangereuse de cet accord : il suffira à l’employeur de signer un accord minoritaire (validé par des syndicats représentant 30% des suffrages) pour lui permettre d’envoyer un salarié à l’autre bout de la France, voire à l’étranger, sur un poste totalement différent du sien. En cas de refus du salarié, il sera licencié pour motif personnel. L’employeur pourra ainsi dissimuler derrière un refus de mobilité, des licenciements en masse. Les salariés ne pourront plus bénéficier des garanties propres aux licenciements économiques collectifs, le contrôle du juge sur le fondement du licenciement ne pourra plus s’exercer.
Cet article est contraire aux textes internationaux (Organisation Internationale du Travail, convention européenne des Droits de l’Homme) qui disposent : «toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial».
L’article 7 prévoit la « mobilité volontaire sécurisée ». Ce droit à une période de mobilité volontaire dans une autre entreprise sera possible dans les entreprises de + 300 salariés. Le salarié peut revenir dans son entreprise d’origine avant la fin de la période prévue. S’il ne souhaite pas revenir, le contrat de travail est rompu et est assimilé à une démission, ce qui dégage l’entreprise des obligations légales et conventionnelles attachées au licenciement économique.

C’est un accord pour faciliter les licenciements collectifs (art. 20, 21, 23). Aujourd’hui, lorsque l’employeur licencie au moins 10 salariés sur une période de 30 jours (entreprise de 50 salariés et +), il doit appliquer les dispositions relatives au licenciement économique et mettre en œuvre un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Demain, un accord d’entreprise, signé par une ou plusieurs organisations syndicales (ayant recueilli au moins 50% des suffrages exprimés aux élections professionnelles précédentes) pourra prévoir des dispositions moins favorables que celles prévues au code du travail, l’employeur pourra imposer la confidentialité des documents fournis en comité d’entreprise.  Si les délégués sont récalcitrants, il suffira à l’employeur de fournir un document unilatéral, qui devra être  homologué par la direction du travail, dans un délai de 21 jours. Sachant que les effectifs des Direccte[1] (ex-directions régionales du travail) ont subi des coupes drastiques et n’ont plus les moyens de contrôle réels, les patrons vont pouvoir licencier «sans entraves».

Cet accord est une attaque en règle contre le CDI (art. 4, 22). Il crée  le CDII – contrat de travail intermittent à durée indéterminée – un emploi alternant les périodes travaillées et non travaillées (dans les entreprises de moins de 50 salariés). A priori alléchant car il est «à durée indéterminée», mais il est encore plus précaire que le CDD car il ne garantit aucune durée minimale de travail sur l’année. Pourquoi ne pas utiliser le CDD saisonnier existant ? Car ce dernier permet de percevoir les allocations chômage quand le salarié ne travaille pas, ce qui ne sera pas le cas avec le CDII. Bingo !!!


L’ANI facilite les licenciements, précarise les CDI et fait croire à des avancées :

En matière de temps partiel (art. 11), il n’est pas question d’en prévoir la limitation, il fixe la durée minimale de temps de travail à 24 H par semaine (contre 20h auparavant)… mais le texte prévoit la possibilité d’y déroger ! Cette mesure sert surtout à conforter les dispositifs d’annualisation en légalisant des pratiques précédemment condamnées par les juges. Un accord de branche déterminera les dérogations possibles à la durée minimum hebdomadaire, le nombre et la durée des périodes d’interruption d’activité, la rémunération des heures complémentaires… dont le taux est différent des heures supplémentaires. Là encore, l’accord est en  contradiction avec la charte des droits fondamentaux de l’UE et la Convention Européenne des Droits de l’Homme qui posent le principe de la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle directement invocable devant les juridictions.    

La conciliation prud’homale sera facilitée (art. 25)… mais le texte  prévoit une règle d’indemnisation forfaitaire nettement moins favorable que les indemnités auxquelles pourrait prétendre un salarié licencié, suite à jugement prud’homal. Il s’agit de revenir sur la jurisprudence protectrice des droits des salariés. De plus, les délais sont encore raccourcis en matière de prescription : passés de 30 ans à 5 ans en 2008, ils sont portés à 24 mois. Tous les 3 ans, l’employeur est amnistié de ces manquements si le salarié n’a pas saisi le juge (les victimes de l’amiante apprécieront !). On sait que les salariés en emploi ne saisissent jamais le juge contre leur actuel employeur. Ces délais restreints sont contraires à la CESDH (Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales) qui protège le droit d’accès au juge. Il faut rappeler que le droit du travail doit protéger la partie la plus faible, celle soumise au lien de subordination.

La couverture complémentaire des frais de santé sera généralisée (art. 1) mais après négociation par branche professionnelle. A défaut d’accord le 1er janvier 2016, les entreprises doivent faire «bénéficier» leurs salariés d’un panier de soins minimum, cette couverture étant financée par moitié entre salariés et employeurs. L’entreprise est libre de retenir l’organisme de son choix. Cadeau juteux aux assurances à but lucratif  peu présentes dans les accords de branches ? Aucune garantie contre des contrats au rabais, puisque ne sont pas exigées des mesures relatives aux salariés les plus pauvres, à une prise en charge minimale équivalent à la CMU complémentaire !

Les droits rechargeables à l’assurance chômage (art. 13). Cela consiste à garder le reliquat des allocations chômage non utilisées et à l’ajouter aux futures allocations en cas de nouvelle perte d’emploi. Les prochaines négociations UNEDIC devront transposer ces directives, à coût constant : cela signifiera une baisse de l’ensemble des droits des chômeurs.

Les CDD seront taxés (art. 4 et 22) mais…. L’accord préconise l’augmentation des cotisations patronales d’assurance chômage : 7% pour un CDD de moins d’un mois, 5.5% si le CDD est de 1 à 3 mois, 0 s’il est conclu pour remplacer un salarié absent et 0 pour les agences d’intérim ! La précarité intérimaire va donc se développer. Au final, c’est le quart des contrats courts qui sera taxé, soit 110 millions d’euros à la charge du patronat. Mais ce dispositif se traduira par un solde positif de 40 millions pour les patrons puisque les exonérations pour le CDI jeunes (de moins de 26 ans) sont estimées à 150 millions de cotisations (autant de recettes perdues pour l’assurance-chômage)    

Bilan : moins de protections pour les salariés, plus de facilités pour les employeurs pour licencier, plus de précarité. Il fallait s’en douter car cet accord ne vient pas par hasard. Il est la conséquence des engagements de Hollande et consorts qui ont admis leur impuissance à l’intérieur d’un système qu’ils ont fabriqué à coups de traités européens successifs.  Pour nous rafraîchir la mémoire, un petit rappel s’impose pour débusquer quelques-unes des promesses électorales mensongères figurant dans : «Le changement c’est maintenant. Mes 60 engagements pour la France» de Hollande.

Hollande, impuissant ou amnésique ?

 «Je proposerai à nos partenaires un pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance pour sortir de la crise et de la spirale d’austérité qui l’aggrave. Je renégocierai le traité européen en privilégiant la croissance et l’emploi, et en réorientant le rôle de la BCE dans cette direction». Qu’a-t-il fait ? Il fait adopter le TSCG et scellé le choix de l’Europe de l’austérité et de la récession. L’indépendance de la BCE est sacralisée, agrippée à «un euro un peu trop fort» reconnaît très timidement Moscovici «mais on n’y peut pas grand-chose» ! Hollande affirme vouloir rétablir les comptes de l’Etat pour atteindre un déficit à 3% fin 2013 (!), sur le dos des salariés : réduction des dépenses publiques et des fonctionnaires, impôts supplémentaires…

«J’interdirai aux banques françaises d’exercer dans les paradis fiscaux. Je supprimerai les stock options, j’encadrerai les bonus…Je garantirai l’épargne populaire…». Qu’a-t-il fait ? Chute du revenu du livret A à 1.75%, 20 milliards de crédits d’impôts pour la compétitivité des entreprises, par l’allègement de cotisations patronales - mesures qui ont fait la preuve depuis trente  ans de leur inefficacité pour l’emploi - et ce, sans aucune condition ! La réforme dite  de «séparation et régulation des activités bancaires»  du 19 février ? Un engagement qui ne prévoit que le cantonnement, dans des filiales dédiées, des activités à risques, tout en préservant le modèle de «banque universelle». Les banques, par leurs filiales, peuvent continuer à spéculer avec l’argent des déposants.

«Je lutterai contre la précarité qui frappe avant tout les jeunes, les femmes et les salariés les moins qualifiés… J’augmenterai les cotisations chômage sur les entreprises qui abusent des emplois précaires…». Qu’a-t-il fait ? Il crée de nouveaux emplois précaires : 100 000 emplois d’avenir pour les jeunes sans avenir, des contrats de génération et autres contrats «aidés» au rabais : l’Etat, donc les contribuables, paieront !

«Je favoriserai la production et l’emploien orientant les aides publiques et les allègements fiscaux vers les entreprises qui investiront sur notre territoire… J’instaurerai pour les entreprises qui délocalisent un remboursement des aides publiques reçues…». Qu’a-t-il fait ? A Florange, Arcelor/Mittal décide de fermer les deux hauts fourneaux. Il refuse de nationaliser, fût-ce temporairement, l’aciérie de Florange. Il préfère croire dans le groupe Mittal qui promet d’investir 180 millions en 5 ans, en oubliant que celui-ci n’a pas tenu sa promesse de 2008 d’investir 330 millions dont les salariés n’ont jamais vu la couleur ! 

«Pour dissuader les licenciements boursiers, nous renchérirons le coût des licenciements collectifs pour les entreprise qui versent des dividendes ou rachètent leurs actions… Je mettrai en place la sécurisation des parcours professionnels, pour que chaque salarié puisse se maintenir dans l’entreprise ou l’emploi et accéder à la formation professionnelles».  Interdire les licenciements boursiers ? La CFDT, par la voix de Laurent Berger affirme «qu’il ne sait pas ce que c’est qu’un licenciement boursier», appuyant en cela le gouvernement qui  a estimé qu’il n’est pas nécessaire de consacrer un texte sur ce thème ! On comprend pourquoi la CFDT a signé l’accord du 11 janvier ! Les 1 173 salariés de Goodyear à Amiens-Nord, eux, savent ce que c’est quand le groupe Goodyear annonce la fermeture de son usine d’Amiens-nord et vise un bénéfice record de 1.6 milliard de dollars en 2013 ! Pendant ce temps là, Hollande, son 1er ministre et son ministre du travail, approuvent l’ANI !

L’accord ne fait pas loi, certes, mais qui fait la loi ?

Quel pouvoir a le Parlement face aux directives de la commission européenne, aux injonctions des institutions financières (BCE, FMI), celles qui figurent au Traité budgétaire européen et prévoient des sanctions financières si les Etats ne se plient pas à la règle d’or[2] ? Certes, le TSCG s’applique à géométrie variable, la France va dépasser les 3% de déficit public fin 2013 : mais les «maîtres du monde» sont indulgents et accordent un délai pour l’atteindre ; par contre,  au mauvais élève Hollande, ils imposent des mesures drastiques d’économies à appliquer  (l’ANI en est une, il est question d’autres régressions sur les retraites…).

Alors, serions-nous dans une 6ème République sans le savoir ? La démocratie par le peuple et pour le peuple semble un concept bien désuet ! En effet, l’on voit apparaître, avec un pouvoir renforcé, des institutions relayant la «nécessaire austérité» pour réduire les déficits publics.

La Cour des comptes ne se contente plus des missions qui sont définies dans la Constitution (article 47-2), consistant à contrôler l’action du gouvernement, ainsi que l’exécution des lois de finances et l’application des lois de financement de la sécurité sociale, à évaluer les politiques publiques et à contribuer à l’information du citoyen. Les lois organiques votées fin 2012 dans la foulée de la ratification du traité budgétaire européen (TSCG) lui ont confié en outre la certification des comptes de l’Etat et de ceux du régime général de la sécurité sociale. Rien de plus. Pourtant, il a suffi que la Cour des comptes juge fantaisistes les prévisions de croissance pour que Hollande annonce une révision de ses objectifs, et les mesures d’économies qu’elle suggère ont de grandes chances d’être reprises, comme l’a été la hausse de la TVA, refusée pour 2013 mais déjà votée pour 2014. Ce qui fait dire à un député UMP, ironique «Décidément, je crois qu’on aurait dû mettre Didier Migaud (le 1er  président de la Cour des comptes, ancien député socialiste) à la place de Jean-Marc Ayrault»[3].

Migaud, dans son dernier rapport, préconise un effort structurel «sans précédent» qui représente 38 milliards d’euros de hausse d’impôts et d’économies en 2013 en précisant les nouvelles économies jugées «indispensables» à réaliser pour l’avenir. Certains s’alarment dans les rangs du PS, tout comme le Collectif pour un audit citoyen de la dette publique, soulignant que la Cour des comptes n’a aucune légitimité pour se prononcer sur les politiques macroéconomiques du gouvernement. Mais… ce n’est pas la seule institution anti-démocratique : pour se conformer à la règle d’or du TSCG, le PS va confier (le 1er mars prochain) à une structure non élue, le Haut Conseil des Finances publiques, l’ajustement des prévisions de croissance et de déficit françaises en fonction des résultats 2012 ainsi que la trajectoire de redressement «assortie, si nécessaire, de mesures correctrices» a précisé Moscovici. Le HCFP sera présidé par le 1er  Président de la Cour des comptes, «grand prêtre de l’austérité».

Et pour nous faire avaler que l’austérité et la rigueur sont la seule feuille de route possible, Hollande s’est appuyé sur le rapport Gallois (cet homme de gauche ( ?), ce «grand industriel et grand serviteur de l’Etat, homme de dialogue et de conviction»)  sur la compétitivité française, qui estime que l’accord sur la sécurisation de l’emploi (ANI) va dans la bonne direction, mais …  cela ne suffit pas ; le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, grince des dents et juge que ces efforts doivent être amplifiés, pour aller plus loin : réformer le système de retraite, ou le marché du travail, il annonce un délai au 30 avril pour que les pays, en déficit excessif, détaillent leurs programmes de «réformes» et leurs efforts d’ajustement budgétaire.

Prochain épisode d’accord sur notre dos : une nouvelle contre-réforme sur les retraites. Le Medef a déjà fixé la ligne : la durée de cotisation pourrait passer en 2020 à 43 annuités et à l’horizon 2040, l’âge légal de  la retraite pourrait être relevé à 67 ans. Pour lutter contre la France qui s’appauvrit et contre les déficits des caisses de retraite, d’assurance maladie, d’assurance chômage… «il  faut passer par une union des réformateurs et un dialogue constructif» affirme Mme Parisot. Nous étions bloqués depuis des décennies dans une philosophe de l’antagonisme. Nous en sommes sortis grâce au paritarisme, à la volonté de tisser un dialogue  constructif entre partenaires, à son approche plus respectueuse et génératrice de compromis inédits. L’accord du 11 janvier est fondateur parce qu’il est transpartisan». Et elle prévoit sans un doute, et nous en sommes, malheureusement certains qu’ «il sera voté par des députés socialistes comme UMP» et même «Michel Rocard parle de cet accord comme d’un nouvel art de faire ». C’est Mme Parisot qui le dit !

Sommes-nous encore en démocratie parlementaire? Nous vous laissons répondre à cette question.

Alors, que faire ?

Les nouvelles contre-réformes, nous les connaissons, elles sont déjà annoncées par la Cour des comptes, le Medef, le conseiller européen aux affaires économiques, elles vont être confirmées, dans un délai proche, par le Haut Conseil des Finances Publiques et tous les porte-voix de Hollande, lui préservant son avenir en ne le faisant pas apparaître en pleine lumière pour des mesures impopulaires. Il y a toujours des échéances électorales en vue ! Il vient de s’entourer, pour ce faire, d’un spécialiste en média-mensonges : Claude Sérillon, ancien présentateur du 20 H, vient d’être nommé «conseiller à la présidence» avec la mission de «montrer la cohérence de la politique menée».

Ces contre-réformes, il nous faut immédiatement les dénoncer, sans attendre que les mesures soient précisées. Il faut prendre l’offensive et non rester sur la défensive chaque fois qu’une tuile nous tombe sur la tête. La seule crainte des socialistes au pouvoir est encore la réaction du peuple, des salariés, des chômeurs et de ceux qui, associations, syndicats et partis de la «gauche réelle» ont volonté de s’opposer, et surtout, de mobiliser. Laisserons-nous faire ? Comment briser les chaînes de ce système infernal qui produit  chômage de masse, pauvreté, précarité ? Il est nécessaire qu’aucune illusion ne soit entretenue. Nous sommes un certain nombre à participer aux mouvements de «gauche réelle», engagés dans les assemblées citoyennes ou dans des collectifs d’annulation de la dette publique, ou autres collectifs spécifiques. Nous constatons que ceux-ci sont timides, peu fournis en militants, à la traîne ; notre rôle de «révolutionnaires» est, dans un premier temps de faire s’exprimer la colère publiquement et collectivement, sinon, elle s’exprime par la haine de l’autre, la délation, le racisme, le mépris de soi et le suicide.. ou encore par l’égoïsme «moi, je m’débrouille , tant pis pour les autres».
Puisque  nous sommes persuadés que le changement ne viendra pas des institutions (partis ou syndicats) qui à chaque fois réussissent à faire une majorité (l’ANI en est le dernier avatar) pour trahir ceux qui les ont élus pour les représenter et, même si quelques-uns au Parlement s’opposent à l’ANI et le font savoir, cela ne suffira pas. Parmi les parlementaires, on entend déjà ceux qui disent : nous intenterons une action au Conseil d’Etat pour épingler un accord qui ignore les droits internationaux du travail ou encore «le Conseil Constitutionnel va épingler les mesures dans cet accord qui sont contraires à la loi». Mais qu’est-ce qu’une démocratie qui ne peut s’opposer aux mesures illégales ou illégitimes pour son  peuple que par le pouvoir judiciaire ? D’ailleurs, faut-il rappeler que même si certaines décisions du Conseil Constitutionnel font du bruit, et notamment la toute dernière censure de la taxation à 75% sur les hauts revenus, une large partie des décisions (60%) ne porte que sur la procédure et non sur le fond.

Construire une force réelle contre le rouleau compresseur de l’Europe des marchés, relayée par les gouvernements successifs en France, est une tâche ardue et entravée par les peurs que la gauche libérale sait utiliser contre nous : vous favorisez la montée de l’extrême droite, il y a  la crise mondiale, la dette que nous devons absolument payer au risque d’être bannis par les instances européennes.

Il nous faut faire sortir de la tête de la majorité des gens que seul est possible ce modèle économique et politique qui n’a comme bible que la croissance et ses bienfaits. Comment ? Par des débats, des films, des rencontres et des alliances entre des groupes isolés qui partagent les mêmes ides, même si des divergences existent.       

A ceux qui pensent que dans la construction d’une nouvelle force politique réelle de transformation sociale, construite par le bas et non par le haut,  il vaut mieux dire ce qui unit plutôt que ce qui divise, nous répondons qu’il faut dire les deux, c’est la seule façon de vivre en démocratie.

Odile Mangeot, le 3 mars 2013

Sources
Articles parus dans Politis, le Monde et Fakir
Informations de SUD Solidaires et CGT  

Extrait d’un article de François Ruffin
 «Alliance de crasses» dans le Fakir n n° 59  (février-avril 2013)

«…Quand je passe chez lui (un ancien militant de la CFDT à Longwy, il cite souvent cette phrase, avec une fureur lassée : «Il faut retirer les hauts fourneaux de la tête des sidérurgistes lorrains ». C’est une maxime de Jacques Chérèque, un «ouvrier devenu ministre»… et sa carrière fulgurante renseigne sur l’éternelle prime aux renégats…Permanent de la CFDT, il participe, en 1973, à «l’affaire Lip», pendant laquelle les ouvriers occupent leur usine et prennent en charge la production. «l’autogestion est le thème à la mode» commente-t-il. Mais à la fin des seventies, la «mode» bouge et Jacques Chérèque avec : dans sa région, contre une CGT combative, il se fait le chantre du «réalisme», de la «restructuration», «des solutions de remplacement». Et là, en 1984, coup de théâtre… (mais en est-ce vraiment un ? : le voilà préfet délégué pour le redéploiement industriel en Lorraine, nommé par Laurent Fabius. Les grands esprits se rencontrent. Quatre ans plus tard, sous Rocard, il est promu secrétaire d’Etat à l’aménagement du territoire et à la reconversion industrielle. Avec les résultats qu’on sait pour la «reconversion industrielle». En revanche, côté «reconversion personnelle», tout se passe bien : il sera élu conseiller général et conseiller régional, socialiste, ça va de soi. Son fils François a pris la relève. Aussitôt signé «l’accord sur l’emploi», Chérèque junior entre au service du gouvernement, intègre l’inspection générale des affaires sociales, hérite d’une mission sur la pauvreté. Juste rétribution, pour services rendus à ses alliés socialistes. Une belle leçon pour les travailleurs : «Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis, je m’en charge». 

Louis Gallois
Directeur général de l’industrie en 1981, sous Chevènement ; PDG de Snecma en 1989 puis de l’Aérospatiale en 1992. Appelé par Juppé en 1996 à la présidence de la SNCF, puis grâce à Chirac, co-président d’EADS en 2006 et PDG de la branche civile Airbus. En 2008, il est le 14ème patron le mieux payé de France (2.5 millions d’euros). En 2012, il déclare gagner 2 600 000€ et se prononce en faveur de la limitation des hauts revenus par l’autodiscipline et la fiscalité. La même année, il est nommé commissaire général à l’investissement par Ayrault. Celui-ci lui demande un  rapport sur « Propositions pour reconstruire notre compétitivité ». Il y préconise des mesures qui sont, presque toutes reprises par le gouvernement (allègement des cotisations patronales pour diminuer le «coût» du travail, hausse de la TVA, poursuite des recherches en matière de techniques d’exploitation du gaz de schiste, etc..).  

… un grand serviteur de l’Etat !!!

Source : wikipedia 












[1] Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi
[2] Cf article sur le TSCG dans le n° 235 d’ACC (juillet 2012). L’édito de ce numéro titrait «C’est bien parti. Pour que la gauche de droite fasse mieux que la droite classique» …  9 mois plus tard …   
[3] Ces informations sur la Cour des comptes sont issues de Politis (21 février 2013)