Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


jeudi 16 octobre 2014

Hollande-Valls : la politique de l’offre au patronat

Le pacte dit de responsabilité consiste à offrir au patronat une réduction des cotisations patronales de 41 milliards d’euros. Il s’agit en fait d’un transfert de ressources publiques qui n’alimenteront plus les recettes de la sécurité sociale, compensé par une réduction des dépenses publiques de 50 milliards. Autrement dit, la politique budgétaire d’austérité allège le patronat de ces « charges » sociales et espère réduire, à terme, le déficit public et la dette de l’Etat par une relance de la croissance et de l’embauche.

Elle est fondée sur la croyance ou l’espoir d’un prétendu civisme du patronat. D’ailleurs, Hollande et Valls l’exhortent à devenir vertueux, les cadeaux devant entraîner au moins quelques contreparties en termes d’embauches et de réduction du chômage. C’est là, bien évidemment, une ineptie et un aveuglement grotesque. Ils rejoignent l’idée ou plutôt l’illusion que le patronat serait disposé à relancer l’investissement et l’accroissement de la production au vu de cette manne financière alimentant leur trésorerie afin de produire à meilleur coût : soit en partant à la reconquête du marché hexagonal, voire reconquérant des parts de marché à l’extérieur, soit en produisant moins cher, le coût du travail ayant été réduit pour ce faire, et dans le même mouvement, en embauchant !

Ce cercle de logique formelle est une aberration réelle et ce, pour plusieurs raisons. Elles tiennent pour l’essentiel à la méconnaissance apparente du caractère du capitalisme financiarisé et à sa crise. L’homme qui prétend être « l’ennemi de la finance » semble aveugle à sa réalité prédatrice.

En effet, les dividendes des actionnaires ont augmenté en un an de 30.3% en France, pays européen le plus prodigue pour les rentiers du capital. Quant à l’investissement productif, il régresse : 0.8% au 2e trimestre, 2.4% sur les quatre derniers trimestres. Qui peut ignorer que les PDG, placés à la tête des entreprises par les actionnaires, gavés de stock-options et autres prébendes, ne sont responsables que devant leurs actionnaires qui ne leur demandent qu’une chose : dégager des profits à court terme pour les redistribuer sous forme de dividendes. Comment peut-on croire qu’ils vont mordre la main qui les nourrit ? Cette cohérence prédatrice du capitalisme financiarisé n’admet d’ailleurs aucune faille parmi les entreprises du CAC 40. Les seuls risques sont les fusions-acquisitions-concentrations que font peser sur elles leurs concurrents internationaux. Pour y résister et pour garder leurs actionnaires volatiles, demeure l’adage suivant : les « dégraissages » et les licenciements d’aujourd’hui, accompagnés d’externalisations et délocalisations de la production, sont les profits de demain et les dividendes d’après-demain. Le patriotisme économique est pour elles une valeur archaïque à l’ère de la mondialisation, n’en déplaise au débarqué Montebourg !

Quant aux banques privées, largement internationalisées, disposant de filiales dans les paradis fiscaux, elles estiment, à juste titre de leur point de vue, que les taux rémunérateurs de leurs placements sur les marchés financiers sont bien plus juteux que les prêts risqués qu’elles pourraient accorder aux entreprises privées, tout particulièrement aux PME en manque de liquidités. Et ce n’est même pas la baisse du loyer de l’argent de la BCE, ramené à 0.5% par Mario Draghi, qui peut facilement les faire changer d’avis, ni même l’offre alléchante de 400 milliards à leur disposition à taux presque nul et à long terme. En effet, les bancocrates ne manquent pas de liquidités, ils demeurent surtout inquiets et frileux. Si les 255 banques européennes n’ont souscrit qu’à peine 85 milliards, c’est qu’elles sont essentiellement préoccupées par l’importance des créances pourries qu’elles détiennent ou, pour le dire à la manière de la novlangue euphémisée, elles ne sont pas sûres de la qualité de leurs actifs. Elles doutent par conséquent de leur capacité à résister à une nouvelle crise financière…

Pour l’heure, la stagnation de la machine économique, l’absence de « croissance » du capital productif, la préférence pour la rente, renvoient à ce que les économistes libéraux appellent pudiquement « surcapacité », « excès de l’offre » et « insuffisance de la demande ». Soit, en d’autres termes, la surproduction capitaliste, cause réelle de sa crise et de sa manifestation sous la forme de crack financier. Cette surproduction (relative face aux besoins réels) ne peut bien évidemment être résorbée par les 5 millions de chômeurs, les rémunérations peau de chagrin des précaires, le blocage des salaires et des pensions, ni la perte de revenus suscitée par la réduction des dépenses publiques (de santé, d’éducation) et le coût exorbitant des loyers.

On s’achemine donc vers la récession qu’aggravent les politiques d’austérité. Le débat sur l’inflation insuffisante reflète la peur de la baisse des prix qui s’articulerait avec la baisse drastique de la consommation et une mévente générale comme lors de la crise de 1929-1930.

Conscient de ces risques, Junker le nouveau président de la Commission Européenne, prétend lancer un grand plan de relance de l’investissement de 300 milliards d’euros. Pour Merkel et l’Allemagne en général, il ne s’agit pas de grands travaux publics assurés par les Etats comme le fit Roosevelt. Pas question que les Etats endettés s’endettent encore plus ; ce sont les entreprises privées qui doivent assumer. On a vu plus haut ce qu’il en est ! Pour Hollande, ne resterait que la voie espagnole ou portugaise, la diminution des salaires et l’augmentation des taux d’exploitation des travailleurs. Ne vante-t-on pas la croissance retrouvée de ces pays dont les salaires ont baissé de 20 à 25% sans pour autant que le taux de chômage en soit diminué ? Certes, à produire moins cher, ces pays trouvent des acquéreurs sur le marché européen. Et Gattaz est logique lorsqu’il demande que, toutes affaires cessantes, on en finisse avec les 35 heures, que l’on réduise les jours fériés, que l’on travaille le dimanche et que l’on supprime le SMIC.

Bref, l’on n’a pas fini de parler des offres à consentir au patronat…


GD, le 19.09.2014   
L’accaparement des terres africaines :
nouveau colonialisme

La terre arable est une marchandise en vente sur le marché international. Ce phénomène, véritable dépossession des peuples de leurs Biens, a pris des proportions assez méconnues, même s’il est dénoncé par divers organismes dont cet article s’inspire. Ce scandale d’accaparement de la terre arable s’amplifie dans de nombreux pays d’Afrique ou d’Asie ou encore en Amérique latine. Il est pratiqué par ceux qui saisissent là une « opportunité de développement » en suçant tels des vampires  néo-coloniaux le Bien commun des peuples indigènes et ce,  de manière irréversible écologiquement et socialement.

Qui achète la terre arable ?

La revue Diplomatie[1] a recensé « les prises de contrôle des terres cultivables » dans le monde ; celles-ci se pratiquent sous diverses formes  (ventes ou baux de moyenne ou longue durée, exploitation directe des terres, métayage ou toute autre forme de partage de la récolte, soit par des fonds ou compagnies privées, actifs dans les secteurs de la nourriture et des biocarburants, soit par les Etats.  La liste des investisseurs privés publiée ne précise ni les superficies acquises, ni les lieux. On y remarque simplement que le Royaume Uni héberge le plus grand nombre des ces investisseurs, probablement tous installés dans la City londonienne et l’on y trouve des banques étatsuniennes : Goldman Sachs, Morgan Stanley... Cette liste mélange des groupes financiers polyvalents comme les banques précitées et des fonds spécialement fondés pour acheter des terres en Afrique comme Jarch Capital. Il est, en conséquence difficile de mesurer l’ampleur exacte des achats de terre en Afrique. La transparence est beaucoup plus grande du côté des Etats et permet de voir que la terre africaine n’intéresse pas que la Chine.

Liste des pays africains où des Etats étrangers ont pris le contrôle des terres arables
Soudan : Arabie Saoudite, Qatar, Egypte, Jordanie,
Koweït, EAU, Abou Dhabi, Corée du Sud, Bahreïn
Madagascar : Corée du Sud, Inde
Kenya : Qatar
Mali : Arabie Saoudite, Lybie
Sénégal : Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis
République Démocratique du Congo : Chine
Mozambique : Chine
Tanzanie : Chine
Ouganda : Chine, Egypte
Zimbabwe : Chine
Zambie : Chine
Afrique du Sud : Lybie
Libéria : Lybie
Egypte : Bahreïn, Japon, Koweït, EAU
Cameroun : Chine

La terre d’Afrique la plus convoitée par  les milliardaires et méga-sociétés[2]

20 pays africains vendent ou louent des terres pour l’agriculture intensive à une échelle choquante dans ce qui pourrait bien être le plus grand changement de propriété depuis l’époque coloniale.
« Nous avons quitté la route principale à Awassa, avons négocié notre chemin avec gardes de sécurité et parcouru un mile à travers un terrain vide avant de trouver ce qui sera bientôt la plus grande serre d’Ethiopie. Le gestionnaire de la ferme nous montre des millions de tomates, poivrons et autres légumes cultivés en lignes. Des ingénieurs espagnols sont en train de construire la structure d’acier, des technologies néerlandaises minimisent l’utilisation des eaux de deux forages et 1 000 femmes récoltent et emballent 50 tonnes de nourriture par jour. Dans les 24 heures, la production sera conduite 200 miles plus loin à Addis-Abeba et expédiée par avion  pour des commerces et des restaurants de Dubaï et ailleurs au Moyen-Orient. L’Ethiopie est un des pays les plus affamés dans le monde avec plus de 13 millions de personnes nécessitant une aide alimentaire mais, paradoxalement, le gouvernement offre au moins 3 millions d’hectares de ses terres les plus fertiles aux pays riches et à certains des individus les plus riches du monde au détriment de ses propres populations. Les terres des serres Awassa sont louées pour 99 ans à un homme d’affaires milliardaire saoudien, d’origine éthiopienne, Cheikh Mohammed al-Amoudi, l’un des 50 hommes les plus riches au monde. Sa société Star d’Arabie prévoit de dépenser jusqu’à 2 milliards de dollars en acquisition et développement de centaines de milliers d’hectares en Ethiopie ». 

D’après un rapport de l’ONU, à Madagascar, une société indienne, Varun International a loué ces dernières années 465 000 hectares de terres pour y cultiver du riz destiné au marché indien. Au Mali, les autorités ont concédé 100 000 hectares aux Libyens, là encore pour la production de riz. Au Soudan, la Corée du Sud a acquis 690 000 hectares où sera planté du blé. « Depuis 2006, entre 15 et 20 millions d’hectares de terres agricoles ont fait l’objet de transactions ou de négociations » entre les pays en développement et des investisseurs étrangers, précise Olivier de Schutter, rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation. Cette surface correspond à la totalité des terres agricoles de la France et au cinquième de celles de l’UE. 

Au Soudan, le plus grand pays d’Afrique avec d’énormes réserves en eau (Haut bassin du Nil), le plus convoité, la Chine intervient dans l’économie pétrolière (recherche, exploitation, transport et raffinage). Cette opportunité de développement explique, pour partie, l’activité politique souterraine pour faire éclater ce pays à l’Ouest (Darfour) et au Sud. La Chine, si elle est souvent citée au titre des pays investisseurs n’est pas la seule, les monarchies pétrolières arabes occupent une place très importante mais ne sont jamais montrées du doigt, pas plus que la Corée du Sud qui a pourtant acquis la moitié des terres arables de la République malgache. La population malgache a appris le 19 novembre 2009 par la presse internationale la signature entre la filiale du géant sud-coréen Daewoo, Daewoo Logistics, et les autorités malgache d’un bail emphytéotique de location pour 99 ans de 1,300 million d’hectares de terres arables de Madagascar. La surface louée correspond à la moitié des surfaces cultivables du pays, sans contrepartie financière versée à l’Etat malgache, le « prix de location » consisterait à investir dans les infrastructures nécessaires à la réalisation du projet[3].  

Selon une enquête de l’Observer jusqu’à 50 millions d’hectares de terres ont été acquis ces dernières années ou sont en train d’être négociés par des gouvernements et des investisseurs fortunés recevant des subventions d’Etat[4]. La ruée vers les terres a été déclenchée par la pénurie alimentaire dans le monde entier qui a suivi les fortes hausses des prix du pétrole en 2008, une pénurie croissante d’eau et l’insistance de l’UE selon laquelle 10 % des carburants pour les transports doivent provenir de biocarburants d’ici 2015. Dans de nombreuses régions, les contrats ont conduit à des expulsions, à des troubles civils et à des plaintes contre « l’accaparement des terres ». En tête de la ruée se trouvent les agro-industries internationales, des banques d’investissement, des hedge funds, des négociants en matières premières, des fonds souverains ainsi que des fonds de pension britanniques, des fondations et des individus attirés par certains des terrains les moins chers du monde. L’Arabie Saoudite, avec d’autres Etats du Moyen-Orient comme le Qatar, le Koweït et Abou Dhabi, est soupçonnée d’être le plus gros acheteur. En 2008, le gouvernement saoudien, qui était l’un des plus  gros producteurs de blé du Moyen-Orient, a annoncé qu’il devait réduire sa production intérieure de céréales de 12 % pour conserver son eau. Il a affecté 5 milliards de dollars pour accorder des prêts à taux préférentiel aux entreprises saoudiennes qui voulaient investir dans des pays à fort potentiel agricole.  En se tournant vers l’Afrique pour développer ses cultures de base, l’Arabie saoudite n’est pas seulement en train d’acquérir des terres d’Afrique mais elle s’assure l’usage, par an,  de centaines de millions de litres d’une eau rare.   

La terre pour les cultures servant à la production de biocarburants est également recherchée. La Chine a signé un contrat avec la RDC pour cultiver 2.8 millions d’hectares d’huile de palme pour les biocarburants. « Les entreprises européennes de biocarburants ont acquis ou demandé environ 10 millions d’acres en Afrique. Cela a entraîné des déplacements de population, en l’absence de consultation et de compensation, et des promesses non tenues au sujet des salaires et des emplois » a déclaré Tim Rice, auteur d’un rapport d’Action Aid. Il précise que « le vol de la terre à biocarburants en Afrique conduit déjà au déplacement des agriculteurs et de la production alimentaire. Le nombre de personnes souffrant de la faim va augmenter. Les entreprises britanniques se sont assurée de grandes étendues de terre en Angola, en Ethiopie, au Mozambique, au Nigéria en Tanzanie pour faire pousser des fleurs et des légumes ». Les entreprises indiennes, soutenues par des prêts publics, ont acheté ou loué  des centaines de milliers d’acres en Ethiopie, au Kenya, à Madagascar, au Sénégal et au Mozambique, où elles cultivent du riz, canne à sucre, maïs et lentilles pour alimenter leur marché intérieur.

 La chasse aux terres arables est mondiale. Nouvelle forme de colonialisme.

En Amérique latine, les communautés subissent une nouvelle razzia sur leurs terres. Aujourd’hui les accaparateurs de terres sont des fonds de pension américains et européens, des banques, et de riches individus tel Georges Soros. Louis Dreyfus, l’une des plus grosses multinationales céréalières du monde, propose un fonds dans lequel American International Group (AIG, chef de file mondial de l’assurance et des services financiers) a investi au moins 65 millions de dollars. Un nombre croissant d’investisseurs et de gouvernements d’Asie et des pays du Golfe concentrent leurs efforts sur l’Amérique latine qu’ils considèrent comme un endroit suffisamment sûr pour y délocaliser leur production alimentaire. Le ministre brésilien du Développement, Miguel Jorge, a récemment déclaré « Des princes saoudiens que nous avons rencontrés l’an dernier … ont expliqué au président Lula qu’ils n’ont pas l’intention d’investir dans l’agriculture au Brésil pour vendre ici ; ce qu’ils veulent, ce sont des sources de production alimentaire. Ils ont besoin de nourriture. Ce serait ainsi beaucoup plus efficace qu’ils investissent dans l’agriculture brésilienne et que nous devenions les fournisseurs directs de ces pays » Le Brésil n’est pas seulement une cible pour les nouveaux accapareurs de terres, il est aussi accapareur. En effet des investisseurs brésiliens, soutenus par le gouvernement, achètent des terres dans un nombre croissant d’autres pays d’Amérique latine ou en Afrique pour y produire de la nourriture et des agro-carburants. En Guyane, le gouvernement brésilien finance la construction de routes, de ponts et autres infrastructures pour ouvrir la savane de Rupununi à des projets agricoles à grande échelle. La semencière multinationale Rice Tech a fait des démarches auprès du gouvernement guyanais pour obtenir quelque 2 000 hectares de terres dans la même région, où un écosystème fragile et riche en biodiversité  abrite plusieurs populations indigènes.  

Olivier de Schutter considère que « ce phénomène inquiétant s’inscrit dans un cadre plus large, d’une course de vitesse pour l’accaparement des ressources naturelles, qu’il s’agisse de terres arables, d’eau ou de minéraux». « Les pays riches lorgnent sur l’Afrique non seulement pour un confortable retour sur capital, mais aussi comme une police d’assurance. Pénuries alimentaires et émeutes dans 28 pays en 2008, baisse des approvisionnements en eau, changement climatique et croissance démographique galopante ont fait de la terre un placement attractif. L’Afrique a le plus de terres et, en comparaison avec d’autres continents, elles sont bon marché »[5].

Vandana Shiva, écologiste indienne, a déclaré récemment que « l’agriculture industrielle à grande échelle, non seulement chasse les gens de la terre, mais aussi nécessite produits chimiques, pesticides, herbicides, engrais, utilisation intensive de l’eau, transport à grande échelle, stockage et distribution qui, ensemble, transforment les paysages en énormes plantations de monoculture. Nous assistons à la dépossession sur une échelle massive. Cela signifie que moins de nourriture est disponible et que la population locale en aura moins. Il y aura plus de conflits et d’instabilité politique et les cultures seront déracinées. Les petits fermiers d’Afrique sont les bases de la sécurité alimentaire. La disponibilité de nourriture de la planète va décliner ».

Le développement durable tel que préconisé par la politique de l’UE en faveur des agro-carburants apparaît nettement comme une nouvelle politique impérialiste. L’Europe veut économiser le pétrole mais dans le même temps elle va probablement, si les gouvernements africains n’y mettent bon ordre, contribuer à la dégradation des sols africains et à la surconsommation des réserves en eau. Le « durable » ne l’est pas pour tout le monde !
Les enjeux de cette nouvelle vague d’accaparement à grande échelle sont considérables. Cette razzia porte atteinte à la souveraineté nationale. Tout pays qui vend ou loue de vastes surfaces de terres cultivables à un autre pays ou à une entreprise étrangère accélère son démantèlement : de plus en plus de services sont supprimés, privatisés, pour satisfaire les intérêts du monde des affaires. Simultanément est favorisée la dépossession territoriale de nombreuses populations et communautés. La main d’œuvre se trouve disloquée et la migration s’intensifie. Les investisseurs arrivent avec leurs tracteurs et leurs semences, voire même leurs ouvriers ; ils se servent de l’eau et extraient les fruits du sol du « pays hôte » pour les ramener dans leur propre pays ou les vendre sur les marchés mondiaux. Les pays-hôtes ne peuvent pas être considérés comme des « exportateurs ».

L’accaparement des terres favorise l’expansion d’un modèle d’agriculture industrielle extrêmement destructeur. L’Etat, au lieu de protéger ses populations, protège les investissements des entreprises et des gouvernements étrangers, en criminalisant et en réprimant les communautés qui défendent leur territoire. Les structures de l’Etat « hôte » servent les intérêts des nouveaux « patrons », non pas sous forme de tribut comme dans l’ancien système colonial, mais à travers le nouveau système commercial néolibéral, où lois et règles sont fixées par des accords de libre-échange et des traités d’investissement qui remplacent les constitutions nationales et même la législation internationale.  L’accaparement des terres fait partie d’un processus long qui va permettre aux entreprises de l’agrochimie, de la pharmacie, de l’alimentation et des transports de prendre le contrôle de l’agriculture. Les accapareurs veulent restreindre encore les biens communs. Ils n’ont même plus besoin d’envahir ; ils n’ont qu’à signer des accords commerciaux. Ils n’ont plus besoin d’assurer l’entretien d’esclaves : ils savent qu’ils peuvent compter sur une abondante main d’œuvre bon marché. Ce n’est plus à eux d’écraser les rébellions, les gouvernements-hôtes s’en chargent.

Soutenir les résistances

Les terres, les ressources naturelles et la biodiversité constituent les principales richesses des pays pauvres. Les règles du seul profit appliquées partout et sur tout ce qui peut être considéré comme une « marchandise » à vendre ou à acheter sont odieuses d’autant qu’elles ne laissent aux paysans et habitants pauvres des pays riches en ressources naturelles, que le choix entre mourir de faim ou émigrer. La froideur et le cynisme de ceux qui acceptent, voire encouragent par leurs décisions politiques ce dépouillement des Biens Communs (eau, terre) sont effrayants pour l’avenir de la planète et de ceux qui y vivent. Le modèle de développement européen « Europe 2020 », approuvé les 25 et 26 mars 2010 lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, repeint aux couleurs d’une croissance « verte, intelligente et inclusive » ne remet pas en cause le modèle  2000-2010 et reste la copie conforme de « Europe ‘s 2020 Strategy : Big Business as Usual » de l’ERT (Table ronde des industriels européens)[6]. Rien de rassurant !
       
Pour nous, militants d’un projet radical de transformation sociale, il y a urgence à définir ce que sont les Biens communs de l’Humanité pour les protéger, les rendre inaliénables, pour tous les pays « pauvres » et  « riches », à décider de leur appropriation sociale. Pendant ce temps, les prédateurs (autorisés) rôdent et s’accaparent sans bruit de ce qui leur rapporte de l’argent. Le Monde (30.03.2010) relatait que «  le sable marin devient un objet de trafic. Le boom de la construction immobilière incite à une contrebande du matériau qui sévit partout dans le monde. Au Cambodge (c’est un exemple) certains fournisseurs privés peuvent remplir illégalement un bateau d’une capacité de 15 000 tonnes en aspirant pendant 3 jours et 3 nuits le sable d’un estuaire ou du rivage d’une île ».    
  
Les communautés autonomes des pays « pillés » résistent, défendent leur territoire et leurs systèmes de gestion des terres communales. Les communautés indigènes d’Amérique latine savent que sans le contrôle de leurs propres terres, elles perdent le contrôle de la production alimentaire et que leur système agricole devient tout simplement une nouvelle forme de métayage. Un nombre croissant de communautés se mobilisent pour exiger la maîtrise de leurs terres pour y faire leurs propres cultures, en utilisant et en échangeant leurs semences indigènes et les savoir-faire locaux. Elles exigent d’avoir le contrôle de l’eau, des forêts, des sols, des villages et des chemins. Elles défendent leur accès aux Biens communs de l’Humanité.

Odile Mangeot, juillet 2010

Cet article a repris de larges extraits d’un texte « La terre arable, une marchandise en vente sur le marché international ! » de COMAGUER
Voir également le site de GRAIN - petite organisation internationale à but non lucratif qui soutient la lutte des paysans et des mouvements sociaux pour renforcer le contrôle des communautés sur des systèmes alimentaires fondés sur la biodiversité http://www.grain.org   
Le site de la Confédération paysanne  http://www.confederationpaysanne.fr



[1] revue publiée par le groupe AERION, fondé par le géopoliticien français Alexis Bautzmann, directeur du Centre d’analyse et de prévision des risques internationaux (CAPRI),membre de SIDE-EUROPE mouvement paneuropéen fondé par le Comte Coudenhove-Kalergi après la première guerre mondiale et de l’institut ASPEN France, think tank développé par Raymond Barre en 1983 dont l’objectif est « d’encourager l’ouverture sur le monde, la prise d’initiative et l’exercice des responsabilités au service du bien commun ». Aspen France est membre d’un réseau international créé aux Etats-Unis, présent en Allemagne, Italie, Roumanie, Inde et Japon. Madeleine Albright est membre de Aspen Etats-Unis. Les derniers présidents d’Aspen France ont été Yvon Bourges, Hervé Gaymard et Alain Terrenoire.
[2] D’après un article de John Vidal (11 mars 2010) dans The Guardian, sous la forme d’une enquête en Ethiopie, il rend compte des aspects principaux de la question
[3] Sources « Campagne contre l’accaparement des terres » de la Confédération paysanne – janvier 2009
[4] Données recueillies par GRAIN, Institut international pour l’environnement et le développement, l’international Land Coalition , Action Aid
[5] Devlin Kuyek, chercheur de GRAIN basé à Montréal
[6] constat du CEO – Corporate Europe Observatory, organisation de militants (dont Susan George) qui travaille sur l’influence du lobbying industriel sur les politiques européennes, soutenu par des ONG, notamment OXFAM, les Amis de la Terre et la Fondation pour une terre humaine

mercredi 1 octobre 2014

Révolte populaire à Ferguson. Trois manipulations médiatiques

Publié par Alencontre le 24 - septembre - 2014
Ferguson, le 12 août 2014
Ferguson, le 12 août 2014
Par Said Bouamama
Inégalités sociales massives, discriminations racistes insoutenables, harcèlement policier systématique et militarisation de la police… Les révoltes populaires en France, en Belgique ou aux Etats-Unis révèlent des points en commun. Les traitements médiatiques de ces révoltes sont également d’une similitude frappante avec les mêmes procédés de manipulation de l’information. Dès lors, la solidarité internationale avec les révoltés devient nécessaire.
Voir à ce sujet les sept articles publiés sur le site A l’Encontreonglet Amériques, Etats-Unis, en date: du 13 août 2014; du 16 août 2014; du 19 août 2014; du 20 août 2014; du 22 août 2014; du 24 août 2014; du 31 août 2014. (Rédaction A l’Encontre)
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Le samedi 9 août 2014, un jeune Noir de 18 ans, Michael Brown, est assassiné de six balles dans la ville de Ferguson au Missouri par un policier alors qu’il est désarmé et s’enfuit les mains en l’air. Pendant dix jours, la révolte populaire occupe la rue. Les habitants défilent jour et nuit en scandant des slogans significatifs comme «No Justice, No Peace» (Pas de justice, pas de paix). Des magasins et des bâtiments publics sont saccagés, le quartier général de la police est attaqué. La riposte policière est violente, l’état d’urgence et le couvre-feu sont décrétés. Les militaires de la garde nationale sont appelés en renfort pour réprimer les manifestations.
La reconstruction médiatique des événements
A écouter la presse française, ces révoltes seraient typiquement états-uniennes. Nous serions en présence des effets d’une ségrégation et de «tensions interraciales» qui seraient une spécificité des grandes villes états-uniennes. Cette première grille explicative permet d’éviter et de délégitimer par avance toute tentative de comparaison avec les révoltes touchant régulièrement les quartiers populaires français.
Une seconde grille explicative centre toute l’analyse sur le caractère émotif des actes des révoltés. Cette explication en apparence «compréhensible» vise en fait à dénier tout caractère politique à la révolte afin d’occulter à nouveau les causes réelles de la situation. Dépassés par l’émotion, les manifestants en seraient venus à des actes entièrement irrationnels. Enfin une troisième grille explicative impute à des manifestants extérieurs à la ville les destructions et les saccages. Nous serions en présence de manifestants pacifiques d’une part et de «voyous» venus de l’extérieur d’autre part.
Nous sommes en présence avec ces trois grilles explicatives de trois procédés de manipulations médiatiques fréquents dans le traitement des révoltes populaires en France: la mise en exceptionnalité, la dépolitisation et la division.
La mise en exceptionnalité permet d’invisibiliser les causes systémiques conduisant aux révoltes (inégalités sociales massives, discriminations racistes, contrôle policier systématique, etc.).
La dépolitisation vise à rendre impossible la solidarité avec les révoltés. Devant des actes «irrationnels», la solidarité n’apparaît pas comme une réponse. C’est aussi pour cela que nos médias préfèrent parler d’émeute plutôt que de «révolte» qui connote politiquement les faits.
La division permet enfin de justifier une répression violente.
Il suffit de se rappeler la couverture médiatique des révoltes de 2005 en France suite à l’assassinat de deux adolescents (400 quartiers populaires pendant 21 jours) pour se rendre compte que les mêmes procédés ont été massivement utilisés. S’il y a bien sûr des spécificités états-uniennes, celles-ci touchent plus la dimension quantitative (ampleur des ghettos et de la ségrégation, ampleur de la militarisation de l’armement de la police, etc.) que la dimension qualitative c’est-à-dire celle des causes réelles. Ces révoltes populaires en France, en Belgique ou aux Etats-Unis révèlent des inégalités sociales et des discriminations racistes insoutenables, un harcèlement policier fréquent et une militarisation de la police.
Un révélateur des inégalités sociales et des discriminations racistes
Deux chiffres éloquents tirés du magazine Fortune permettent de saisir immédiatement l’existence d’une base matérielle aux révoltes: un quart des habitants de la ville vivant sous le seuil de pauvreté; un taux de chômage des Afro-Etats-uniens du comté de Saint-Louis – dans lequel se situe la ville – comptant 26% de chômeurs, soit trois fois plus que pour les Blancs [1].
«Le niveau d’inégalité n’est pas la cause des problèmes de Ferguson. Mais il fait certainement partie des frustrations», souligne Larry Mishel, directeur de l’Institut de politique économique dans le même magazine.
Même si nous pensons que l’usage du terme «frustration» n’est pas pertinent (car il tend à «psychologiser» une question sociale), nous retrouvons dans cette affirmation une dualité présente dans chaque situation de révolte urbaine: un événement déclencheur révélant des causes sociales porteuses de colères.
La situation est-elle vraiment différente dans les quartiers populaires de France?
Voici deux chiffres que nous donne le rapport 2013 de l’observatoire des Zones Urbaines Sensibles publié par le secrétariat du Comité interministériel des villes en décembre dernier: un taux de chômage de 24,2% dans les ZUS et atteignant 45% pour les 16-25 ans; un taux de pauvreté à 60% du revenu médian [2] de 36,5% de la population.
Même si les modes de calcul des seuils de pauvreté sont différents, les chiffres sont suffisants pour démontrer l’inégalité massive qui touche les habitants des dites «Zones Urbaines Sensibles». Chez nous aussi existe une base matérielle à la colère et à la révolte.
a_ferguson_suis_je_le_prochainFerguson se caractérise également par une transformation rapide de la composition de sa population. Elle était peuplée à 99% par des Blancs en 1970 et compte aujourd’hui 67% de Noirs. Mais ici aussi l’explication est économique et sociale. L’émigration des plus pauvres et donc en particulier des Noirs vers les villes de banlieue est liée à la hausse des coûts du logement. «La tendance est nationale. Saint-Louis est typique. Les populations pauvres, principalement noires, quittent les grandes villes pour les banlieues, faute de moyens», souligne le professeur Todd Swanstrom de l’université de Saint-Louis Missouri [3].
Le même processus s’observe dans les grandes villes européennes en France comme en Belgique ou en Angleterre. La concentration spatiale de la pauvreté est, aux Etats-Unis comme en Europe, un résultat inévitable d’un marché du logement régulé par la seule loi du profit.
Enfin la population noire de Ferguson subit, comme sur l’ensemble du pays, des discriminations racistes systémiques et institutionnelles. Ici aussi quelques chiffres permettent de poser le constat: le revenu médian annuel des ménages noirs représente aujourd’hui 69% du revenu médian des ménages blancs américains; seuls 21% des Noirs américains âgés de 25 ans et plus sont diplômés du supérieur contre 34% des Blancs; l’écart d’espérance de vie entre ces deux populations est de 4 ans; 28% des Noirs vivent sous le seuil de pauvreté contre 10% des Blancs; Les Noirs sont deux fois plus au chômage que les Blancs (13,4% contre 6,7% en 2013), etc. [4]
La situation est-elle entièrement différente en France?
Une enquête du Bureau International du Travail en 2008 donne le résultat suivant en ce qui concerne l’emploi: «Collectivement, les employeurs testés ont très nettement discriminé les candidats minoritaires (d’origine maghrébine ou noire africaine) et seulement 11% des employeurs ont respecté tout au long du processus de recrutement une égalité de traitement entre les deux candidats […]. Près de 90% de la discrimination globale est enregistrée avant même que les employeurs ne se soient donné la peine de recevoir les deux candidats en entrevue.» [5]
D’autres chiffres auraient pu être fournis concernant l’accès au logement, les niveaux de formation, les qualifications, etc. Même si l’ampleur n’est pas la même qu’aux Etats-Unis, en Europe aussi les discriminations racistes sont massives, systémiques et institutionnelles. D’ailleurs les propos des jeunes révoltés en novembre 2005 mettaient en avant deux facteurs: les discriminations racistes et le comportement de la police.
Un révélateur du harcèlement policier
Les Noirs états-uniens constituent près de la moitié de la population carcérale alors qu’ils ne représentent que 13% de la population. Les policiers doivent remplir des indicateurs de performance se traduisant par des contrôles répétitifs et des fouilles fréquentes des jeunes Noirs. Les propos des policiers concernant la mort de Michael Brown suffisent pour démontrer l’existence d’un harcèlement policier. La version officielle des services de police précise que le «crime» commis par Michael Brown qui a attiré l’intervention d’un policier est d’avoir traversé en dehors du passage clouté. Un des résultats est le développement d’une incarcération de masse (2,2 millions de personnes incarcérées).
Le contrôle de police humiliant et l’incarcération font partie de l’expérience de la plupart des adolescents. Dans ce contexte, les morts comme à Ferguson de jeunes Noirs non armés sont fréquentes: Amadou Diallo en 1999,Sean Bell en 2006, Trayvon Martin en 2012, Eric Garner en 2014 pour ne citer que ceux qui ont le plus défrayé la chronique médiatique.
Il ne s’agit donc pas de «bavures» mais du résultat inéluctable d’une pratique policière constituée d’indicateurs de performance, de contrôles systématiques et réguliers, d’impunité de la police dans les cas d’homicide.
Sur cet aspect également, la différence avec les pays européens est quantitative. Elle ne peut cependant pas masquer la similitude des processus en œuvre. Une étude sur cinq sites parisiens (dans et autour de la Gare du Nord et de la station Châtelet-Les Halles) portant sur 500 contrôles de police révèle les constats suivants:
Les contrôles ne se déclenchent pas «sur ce que les gens font, mais sur ce qu’ils sont, ou paraissent être»,
«les Noirs courraient entre 3,3 et 11,5 fois plus de risques que les Blancs d’être contrôlés» sur les sites d’observation,
«Les Arabes ont été généralement plus de sept fois plus susceptibles que les Blancs d’être contrôlés.» [6]
A ces contrôles plus fréquents s’ajoutent les attitudes humiliantes que l’anthropologue Didier Fassin a étudiées en accompagnant un service de la Brigade Anti-Criminalité (BAC).
Voici ce qu’il en dit: «D’une manière générale, les provocations individuelles […] sont fréquentes, en voiture ou pendant les interpellations. Des mots blessants, des gestes brutaux, des bousculades, voire des insultes. Au point que c’est un des apprentissages qu’on reçoit quand on est adolescent dans les cités, les parents leur enjoignent: «Ne répondez pas aux provocations des policiers.» [7]
permis_de_tuer2_prdLes mêmes causes donnant les mêmes effets, les morts de Noirs et Arabes reviennent régulièrement dans l’actualité. L’ouvrage récent du Collectif Angles morts, Permis de tuer, Chronique de l’impunité policière, relate six de ces crimes et les luttes qu’ils ont suscitées avec le texte de présentation suivant: «En France, la peine de mort a été abolie en 1981, mais le permis de tuer existe toujours. Les violences policières et les crimes policiers rythment la vie des bidonvilles et des quartiers populaires depuis des dizaines d’années. Avec plus de dix morts connus par an, leur actualité demeure brûlante. Donner un chiffre exact s’avère difficile, mais nous savons que plusieurs centaines de morts ont été recensées au cours des trente dernières années.» [8]
Que ce soit au niveau des causes comme des conséquences, des similitudes apparaissent nettement entre les Etats-Unis et les pays européens. Ils dévoilent l’existence non pas de quelques «bavures» mais le résultat inéluctable du fonctionnement de l’appareil policier et des missions qu’on lui confie pour réguler les effets d’une société de plus en plus inégalitaire. Pour mener à bien ces missions, la police est désormais militarisée, c’est-à-dire dotée d’armes et d’équipements ressemblant de plus en plus à des armes de guerres. La militarisation de la police en réponse aux contestations n’est pas non plus une spécificité états-unienne. (Article publié sur le blog de Saïd Bouamama)
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[1] Stéphen Gandel, «The economic imbalance fueling Ferguson’s unrest», Fortune, 15 août 2014
[2] Le revenu médian sépare en deux parts égales l’ensemble de la population: ici, la moitié de la population touche moins, l’autre moitié touche davantage. En Europe est considéré comme pauvre celui dont le revenu n’atteint pas 60% de ce revenu médian.
[3] Ouest France, 21 août 2014.
[4] «Où en est l’égalité raciale aux Etats-Unis?», Observatoire des inégalités, 4 novembre 2013.
[5] E. Cediey et F. Foroni, La discrimination à raison de «l’origine» dans les embauches en France, Une enquête nationale par tests de discrimination selon la méthode du BIT, Organisation Internationale du Travail (OIT), Genève, 2007. Cette enquête compare les chances d’avoir une réponse positive pour deux candidats, l’un issu du groupe dit «majoritaire» (blanc et autochtone) et l’autre issu du groupe dit «minoritaire » (d’origine maghrébine ou noire africaine).
[6] Fabien Jobard et René Lévy, Police et minorités visibles: les contrôles d’identité à Paris, Open Society Institute, New York, 2009.
[7] Pourquoi la Bac a des manières «rudes et humiliantes», entretien avec Didier Fassin, Rue 89, 3 décembre 2011. Voir aussi le livre de Didier Fassin, La Force de l’ordre: une anthropologie de la police des quartiers, Ed. du Seuil, octobre 2011.
[8] Collectif Angles Morts, Permis de Tuer, Ed. Syllepse, septembre 2014.