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Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 29 août 2021

 

Abolissez Frontex.

 Mettez fin au régime frontalier de l’UE

 Dans une lettre du 9 juin 2021, un nouveau mouvement international pour l’abolition de l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, lance un appel aux gouvernements des Etats membres de l’UE, de la Commission et du  Conseil européens, du Conseil de l’UE, du Parlement européen et de l’agence Frontex. (Extraits).

« Depuis le début de l’année, plus de 740 personnes sont mortes en tentant de traverser la Méditerranée à la recherche d’un lieu sûr. Par son régime frontalier, l’UE les a contraintes à emprunter des routes migratoires dangereuses (…). Elle fait appel aux pays voisins pour les arrêter en chemin. Elle les a repoussées ou a refusé de les secourir, les laissant se noyer en mer (…). Vies perdues à cause de l’obsession de l’UE à renforcer les frontières au lieu de protéger les personnes. La stratégie de la forteresse Europe a tué plus de 40 555 personnes depuis 1993. Laissées pour mortes en Méditerranée, dans l’Atlantique et dans le désert, abattues aux frontières, suicidées dans les centre de détention, torturées et tuées après avoir été expulsées, l’UE a du sang sur les mains. Au centre de cette violence se trouve l’agence Frontex, la force de police des frontières de l’UE. (…) De nombreuses preuves ont révélé que les forces Frontex sont impliquées dans des refoulements illégaux et des violations des droits humains. Chaque mort à la frontière et chaque cas de violence est une stratégie de l’UE, par choix et par construction. Frontex a obtenu un budget de 5.6 milliards € jusqu’en 2027 et disposera d’ici-là de sa propre armée de 10 000 gardes-frontières… Entre-temps, l’Europe a construit plus de 1000 kms de murs et de clôtures à ses frontières… Ces politiques ne protègent pas les vies. Elles les mettent en danger. Elles alimentent la montée de l’extrême droite, renforcent le racisme et s’appuient sur des siècles de colonialisme, d’oppression et d’exploitation. …

Aujourd’hui, des militants et des organisations dans et hors de l’UE se mobilisent. Nous ne voulons plus voir des vies perdues en mer ou dans le désert, des vies gâchées en détention ou dans des camps de réfugiés inhumains. Nous croyons en la liberté de mouvement pour tous-tes. Nous exigeons que les organisations et les politiques, qui causent violence et mort, soient démantelées. En lieu et place, nous devons construire un système garantissant justice et sécurité pour tous-tes.  Nous vous demandons d’abolir Frontex et de mettre fin au régime frontalier de l’UE qu’elle représente ».

Sur https://agirpourlapaix.be/  

 

Nous avons vu sur Medipart «A l’air libre » (youtube)

Migrants : un scandale sans fin

 811 personnes sont mortes en Méditerranée centrale depuis le 1er janvier 2021, plus de 20 000 depuis 2015 et plus de 40 000 depuis 1993.En 2021, 10 000 interceptions ont été réalisées par l’agence européenne Frontex. L’association Front-Lex a engagé un recours inédit contre Frontex pour violation de droits humains, au nom de deux demandeurs d’asile qui ont été refoulés par les garde-côtes libyens, de nuit, abandonnés en pleine mer, ce qui, selon l’avocat de Front-Lex, doit être considéré comme une tentative d’assassinat. Le mode opératoire systématique est celui-ci : un drone transmet la position du bateau repéré aux garde-côtes libyens qui le refoulent en Libye. Frontex est l’exécutant de la politique migratoire européenne. C’est l’UE qui paie, forme les garde-côtes, fournit drones et bateaux… Cette politique vise à empêcher toute arrivée en Europe des personnes qui cherchent refuge. Omer Shaft, directeur juridique de Front-Lex, affirme que cette politique a des « conséquences génocidaires » envers les personnes demandeurs d’asile. L’UE conduit une politique délibérée contre les populations civiles, ciblées non pas du fait de « qui elles sont » mais « où elles sont ». Le procureur de la CPI, chaque année, transmet au Conseil de Sécurité de l’ONU, les faits qualifiés de crimes contre l’Humanité qui ont lieu en Libye : esclavage, tortures, viols… Sans qu’il y ait de condamnation. Mandjou, exilé ivoirien passé par la prison libyenne, confirme que la Libye vit de ce que l’UE lui donne : « elle n’a plus besoin de travailler ; elle a des prisons partout, les Africains sont considérés là-bas comme le « diamant noir », source d’enrichissement par les rançons qui sont exigées pour leur  mise en liberté. OM

Débat (du 9 juin 2021)  à voir et écouter sur médiapart - à l’air libre  (sur youtube) 

 

La Réunion. Déportation d’enfants


On n’en a pratiquement pas parlé et pourtant, nombre de petits-enfants des Réunionnais déportés, s’acharnent à retrouver leurs origines et celles de leurs grands-parents. C’était pendant les « Trente Glorieuses ».Cette histoire commence en 1963 pour se terminer en 1981. Elle avait commencé avec de grands trémolos. Il y avait à la fois un surplus de population à la Réunion, ces ex-colonisés « faisaient trop de mioches », tandis que les campagnes françaises se dépeuplaient. Au nom de la politique républicaine, le député Michel Debré (le rédacteur de la Constitution de 1958) organise une vaste tromperie. Le gouvernement crée le Bumidom (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’Outre-mer). La cible : les enfants. On promet aux parents qu’ils vont aller à l’école. En réalité, ils vont vivre de véritables cauchemars, eux, les victimes, traumatisées, d’un véritable trafic humain qui consiste à répartir ces déportés dans des fermes ou comme aide-ménagères  de familles « bien sous tous rapports ». Ils sont en fait traités comme des esclaves.

 Quant au gouvernement, il invoque la grandeur de la France et Debré se veut le sauveur de l’île. 60 départements furent concernés, en particulier, la Lozère, la Corrèze, la Creuse où il fallait des valets de ferme. Racisme et maltraitance se sont conjugués pour faire travailler ces petites esclaves de 5h du matin à 21h. Quant aux filles, elles furent d’abord placées chez des religieuses avant de devenir servantes à tout faire. Frères et sœurs furent séparés. Il leur fut interdit de parler créole. Beaucoup d’entre eux furent d’ailleurs placés en hôpital psychiatrique après avoir subi des violences et des viols.

 

L’accueil réservé fut à l’image de ce qui s’est passé à Guéret, où une association avait pour mission de les accueillir, en savates, en plein hiver ; entassés, ils dormaient par terre avant d’être placés en familles « d’accueil ». Bonne fille, la République, les déclara pupilles de la nation après avoir changé leurs prénoms, voire leurs noms. A la Réunion, où s’opérait un premier tri, l’Eglise miséricordieuse ne connaissait que la loi du secret.

 Cette politique fut suivie pendant 20 ans. Il fallut attendre 1968 et la dénonciation du Parti du Travail réunionnais pour que le programme républicain soit arrêté… en 1982.

 En 2014, « nos » « chers » députés de l’Assemblée nationale, reconnurent la responsabilité de la France mais il fallut néanmoins attendre 2016 pour qu’une commission soit créée afin d’examiner les conditions de l’exil forcé des enfants. Quant à l’accès aux dossiers administratifs, il est toujours quasiment impossible : égarés, ils sont même parfois inexistants. Qui plus est, la loi républicaine exige qu’un délai de 50 ans soit écoulé pour avoir accès aux dossiers et uniquement pour les intéressés, donc les mineurs transférés mais pas leurs enfants. Certains continuent de faire le siège du conseil départemental de la Réunion, sans guère de succès, et se heurtent à des démarches kafkaïennes.

 Bref, la République bourgeoise tant vantée a quelque chose de répugnant.

 Gérard Deneux, le 11.08.2021